Fêter l’heureux événement… des autres.

Comme annoncé le mois dernier, voici un nouvel article signé Jacqueline Comte pour MotherStories sur le désir d’enfant. Découvrez l’ensemble de son travail sur son site Espace Fertile.

Bonne lecture

Fêter l’heureux événement…des autres.

Si ça fait un bout de temps que bébé se fait attendre, vous connaissez certainement ce sentiment d’impuissance d’être coincée dans une file d’attente dans laquelle tout le monde semble vous passer devant. La collègue, la meilleure amie, la voisine et la belle-soeur tombent enceintes les unes après les autres avant vous. Leurs ventres s’arrondissent et semblent vous pointer du doigt en se moquant de votre incapacité à faire ce qu’elles ont toutes pu faire si facilement.

Combien de fois j’ai été amenée à afficher un sourire au moment de l’annonce de la grossesse d’un couple proche, alors que je m’effondrais intérieurement. Mais à la place de suivre la première impulsion de fondre en l’arme et de quitter les lieux, je restais assise et faisais bonne figure en attendant de pouvoir rentrer pleurer. De toute façon, je pense que l’entourage n’aurait pas compris un tel comportement. En fin de compte, c’était une belle nouvelle et ça se fête ! Mais pour moi elle avait l’effet d’un tsunami. Après chacune de ces annonces, il me fallait plusieurs jours pour me reconstruire, me relever et pour me remotiver à croire qu’un jour ça serait mon tour.

J’étais coincée dans un cauchemar, sans pouvoir en sortir. Je voyais les ventres ronds défiler devant moi, les bébés naître, grandir et même devenir grand frère ou grande soeur. Plus le temps avançait, plus je me sentais incapable et plus j’avais honte.

Cette dévalorisation se voyait amplifiée par le fait que j’étais habitée par une multitude de sentiments comme la colère, la tristesse, l’injustice, la frustration, le désespoir, et je vais le dire, le grand méchant mot : la jalousie. Ces sentiments n’étaient pas vraiment dirigés contre les couples et les femmes se trouvant dans cette heureuse situation, mais plutôt contre la vie en général. Je me sentais comme une pestiférée, oubliée par l’existence, toujours et encore coincée dans ce mauvais rêve sans fin. Même si je voulais faire autrement, je ne pouvais pas échapper à ces émotions ce qui me faisait culpabiliser pardessus tout le reste. Beaucoup plus tard dans le processus, j’ai compris que c’était normal de ressentir tout ce que je ressentais, et j’ai pu l’accepter. Quel bienfait !

Mais dans notre détresse du manque d’enfant, nous oublions souvent l’autre partie. Celle qui a juste décidé que c’était le moment opportun pour elle de fonder une famille. Elle ne l’a pas fait dans l’idée de vous faire du mal en vous passant devant. Si c’est une personne très proche et qu’elle est au courant de votre situation, imaginez à quel point ça doit être difficile pour elle aussi qui doit vous annoncer la bonne nouvelle.

Dans une relation d’amitié ou familiale, l’infertilité peut créer beaucoup de tensions, de malentendus et finalement participer à l’éloignement des deux parties. La communication est la seule chose qui puisse réussir à tisser un pont par-dessus le fossé créé par ces circonstances malheureuses. Essayez de parler de votre état et de partager ce que vous ressentez. De cette manière vous donnez une chance à l’autre partie de mieux comprendre votre situation. Enfin libérée du poids de vos émotions, vous auriez peut-être même envie de participer à la joie générée par cette nouvelle grossesse.

Par contre, n’hésitez pas à vous protéger. Si vous ne vous voyez pas affronter son ventre rond lors de la prochaine fête d’anniversaire, ou si vous ne vous sentez pas à la hauteur d’aller voir le nouveau-né à la maternité, n’y allez pas. Si les choses sont dites et claires, ça ne devrait pas poser de problèmes et si vraiment quelqu’un ne comprend pas, laissez tomber. On le sait, seules les personnes qui ont traversé le même chemin peuvent réellement se rendre compte de votre situation.

Et qui sait, un jour c’est vous qui allez annoncer la naissance de votre bébé et une chose est sûre, vous allez le faire avec une sensibilité toute particulière. Je vous le souhaite tant !

Jacqueline Comte
www.espacefertile.com