Comment gérer l’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille ?

Les enfants se suivent mais ne se ressemblent pas ! Quand on a survécu à la venue d’un premier enfant, on se dit que – fort de cette expérience – on est prêt pour la venue d’un nouvel enfant qui scellera définitivement notre statut : au premier enfant on devient parent, au second on devient une vraie famille et au troisième, on devient une famille nombreuse ! L’arrivée des cadets amène son lot de nouveaux défis qu’il va falloir gérer (mais bien entendu au final ce ne sera que du bonheur…).

Deux frères qui jouent sur un lit

On sait ce que l’on quitte mais on ne sait pas ce que l’on retrouve
Il est important de se rappeler que l’expérience du premier enfant est et restera unique : d’abord parce que c’est une phase de découverte et d’apprentissage extrêmement intense. Si l’on continue d’apprendre avec les enfants suivants, on est cependant moins naïf et innocent. On est à fois plus rassuré car on sait où l’on va mais aussi plus anxieux car on a plus conscience des risques et on anticipe plus les phases compliquées, etc. C’est la fin de l’innocence et cela va beaucoup influencer notre manière d’aborder cette nouvelle grossesse de manière consciente ou inconsciente. A chaque nouvel enfant, tout est redéfini en réalité. Parfois on se sent prêt car on a trouvé un équilibre avec l’aîné, que tout roule. Cependant l’arrivée d’un nouvel enfant va chambouler le schéma familial : on n’aura plus jamais un premier enfant, ni un deuxième, etc. Chacune de ces nouvelles naissances doit être abordée en se disant qu’elle est unique et que cela va nécessiter de redistribuer les cartes quoi qu’il arrive.

Le coeur des mamans se multiplie mais les journées ont toujours 24h et on n’a toujours que 2 bras.
Ah, le premier enfant… ! Il a toute notre attention. Quand on n’en peut, on passe le relais au papa. La nuit, on se lève à tour de rôle. On voyage, on le trimballe un peu partout avec son sac à langer. Il a un besoin et on est toujours disponible. Au resto, si ça ne va pas, on le prend dans les bras. Et puis il y a le deuxième enfant. On commence à faire des équipes : la team des aînés et la team bébé. « Toi tu prépares à manger pendant que je donne les bains ». « J’ai pris les couches et les lingettes pour le petit, t’as pensé à la casquette de la grande ». « Tout le monde a son doudou ? ». « Le bébé a envie de téter mais je dois récupérer son frère à l’école dans 15 minutes ! ». « Oui ma chérie, je vais chercher ton doudou quand j’aurai fini de donner à manger à ton frère »… Avoir un enfant, c’est comme apprendre à rattraper une balle; en avoir plusieurs, c’est apprendre à jongler ! C’est de cette manière qu’on apprend à gérer les priorités et à relativiser : un des enfants n’a pas pris de bain ? Tant pis ! On va devoir décaler l’heure du repas ? C’est comme ça ! Cela ne signifie pas qu’il faut relâcher sur tous les fronts, mais simplement choisir ses batailles.

La jalousie : mythe ou réalité ?
Beaucoup de parents pensent qu’il faut préparer le ou les aînés à l’arrivée du nouveau bébé. C’est important d’en parler effectivement et d’impliquer les aînés dans cette nouvelle aventure familiale mais généralement, ce n’est pas à la naissance que les jalousies se font ressentir. Un bébé c’est mignon mais ça ne prend pas trop de place et ça ne fait pas grand chose d’extraordinaire. Il y a aussi la fierté d’être le grand, de savoir faire des choses dont l’autre ignore tout ! Et puis un jour ce bébé se met à marcher, à piquer des jouets, à parler et plus il se développe, plus les parents s’extasient. Et c’est là que ça commence généralement. Il est donc important de vraiment faire attention à ces signes et de ne pas se dire que tout roule car votre aîné(e) a fait un bisou au bébé le jour de son arrivée. Le parallèle de la nouvelle épouse est très parlant pour comprendre ce que l’enfant ressent : si un jour votre conjoint débarque en disant qu’il a trouvé une nouvelle compagne (mais que cela ne change rien, il vous aime toujours autant), comment vous sentiriez-vous ? Au début, ça irait parce que fondamentalement, vous ne la trouvez pas très jolie et qu’elle ne sait pas faire grand chose. Et puis un jour votre conjoint vous dit « Wow t’as vu de quoi elle est capable ? Elle est trop belle non ? ». Alors certes, vous la trouvez sympa, drôle et même mignonne mais ça vous rend dingue d’entendre ça, non ? Certains enfants ne vont pas exprimer cela de manière aussi intense que d’autres, mais il faut simplement comprendre que c’est une situation complexe à gérer pour eux.

Concrètement, comment on fait quand ils se disputent et se montrent jaloux ?
Si vous pensez ne pas être capable d’être la seconde compagne de votre conjoint, cela peut sembler compliqué de demander à un enfant de partager ses parents. Il est d’abord important de changer l’objectif : on ne va pas pouvoir les obliger à s’entendre mais on va s’efforcer de faire en sorte que la situation soit vivable (et appréciable) pour tout le monde.

Alors comment faire ?

  • On évite de nier le ressenti de l’enfant : s’il exprime qu’il le déteste, on ne dit pas « Mais non voyons tu l’aimes ! » ; s’il dit être en colère parce que son frère lui a piqué un jouet, on ne dit pas « Mais tu peux bien lui prêter ! ». Simplement reconnaître le ressenti, c’est déjà l’apaiser : « Ok, je comprends tout à fait que ça te mette en colère ».
  • On fixe des limites claires : « tu peux être jaloux, en colère, triste mais tu ne dois pas taper ».
  • On ne prend pas parti : c’est la règle de base. On a tendance d’ailleurs en prendre parti en fonction de notre propre place dans la fratrie. « Il est petit laisse-le » si on a été le cadet ou « il est l’aîné, il sait ce qu’il fait » si on a soi-même été le plus grand. Évitez donc de juger, essayez simplement de laisser chacun s’exprimer.
  • On leur apprend à voir ce qu’ils ont plutôt que ce que l’autre a eu : les enfants sont les rois de la comparaison ! Ils savent compter les frites, les légumes, les bisous… TOUT ! Subtilement on leur apprend à voir ce qu’ils ont eu plutôt que ce qu’ils n’ont pas eu : quand ils commencent à comparer, n’essayez pas de rationaliser et passez subtilement à autre chose en parlant de sujets qui valorisent celui qui s’est plaint. « Alors il parait qu’aujourd’hui tu as fait une super performance en athlétisme à l’école ? ». Et paf, il a déjà oublié que son frère a eu 8 frites et lui 7. En particulier, à partir de 3 enfants, cela devient très compliqué d’équilibrer la balance, donc passer à autre chose est salvateur.
  • On leur donne des outils pour résoudre les disputes : quand ils deviennent plus grands, on essaye de leur donner des outils pour gérer les conflits eux-mêmes. D’abord chacun doit pouvoir exprimer son ressenti « Je suis en colère que tu aies pris mon train » et dire ce qu’il aurait voulu « Je te le prête mais demande-moi avant ». Dans 80% des cas, le dialogue va permettre de trouver une solution. Quand c’est plus compliqué on peut mettre en place des outils comme la roue des choix ou appliquer une sorte d’ultimatum où ils sont sur un pied d’égalité : « Vous sortirez de la chambre quand vous aurez trouvé une solution qui convienne à tout le monde ». Très vite ils vont apprendre à tirer avantage de leurs différences plutôt que de se focaliser sur la comparaison.

Enfin il faut savoir que les choses évoluent et les relations dans l’enfance ne garantissent pas une relation harmonieuse et complice à l’âge adulte (et inversement). L’arrivée de chaque nouvel enfant est un apprentissage pour tous les membres de la famille : le plus important est donc de considérer chaque naissance comme unique et surtout de garder la communication ouverte où chacun peut exprimer son ressenti pour mieux trouver sa place.

Diane Lapaque 123 KiD

Diane Lapaque
Maman d’Esteban, Maël et Noé
Co-fondatrice et Directrice d’1,2,3 kiD
Instagram : @123kid.club