Le burn-out parental ou quand le bonheur d’être mère conduit à l’épuisement

Devenir maman, c’est un bonheur immense ! Mais la plupart du temps, la réalité ne correspond pas aux espoirs que l’on a nourris pendant la grossesse : un bébé mignon et toujours souriant, des gazouillis charmants et de petits pyjamas trop craquants et toujours tout propres… On a une vision idéalisée et tronquée de la maternité, qui est souvent très éloignée de ce qu’on découvre après avoir accouché : nuits entrecoupées durant de nombreux mois/années, coliques aussi interminables qu’épuisantes, cacas explosifs et lessives qui rythment les journées, pleurs incessants parfois incompréhensibles et inconsolables…On peut avoir le sentiment que l’amour maternel ne suffit pas toujours à faire face. Quand on attend des jumeaux ou des triplés, on se prépare davantage à « en baver » les premiers mois après la naissance, mais là aussi, bien souvent la réalité dépasse la fiction. Et malheureusement, le risque d’épuisement parental, quel que soit le nombre d’enfants, ne se limite pas à la première année après l’accouchement.

Comment se protéger du burn-out parental ?
Dans cet article, je vous propose de faire un petit tour d’horizon sur les fragilités qu’induit le contexte social actuel, puis de faire le point sur les signaux qui doivent vous alerter, et les principaux facteurs de risques. Tout cela se base sur mon expérience de consultante spécialisée en parentalité gémellaire, mais également sur mon expérience personnelle de Maman de jumeaux qui a flirté avec l’épuisement professionnel, puis parental durant plusieurs années.

Le poids du contexte sociétal dans le burn-out parental
Certaines études pointent du doigt le contexte sociétal actuel, accusé d’augmenter le risque de burn-out parental par rapport aux générations précédentes. Et malgré ses bienfaits, il faut reconnaître que l’éducation positive fait partie de ce contexte négatif, quand elle nous mène à nier nos besoins et nos émotions. Nous ne sommes pas des super-héros capables d’enchaîner nuits blanches et journées bien remplies sans jamais craquer… Il est normal d’avoir besoin de repos, et normal également de ressentir de la fatigue, du découragement, voire de la colère et même du désespoir lorsque nous ne trouvons pas l’aide, le soutien ou le relais dont nous aurions besoin.

Rappelons tout de même qu’avant, ce n’était pas mieux en termes de souffrance : les parents ne faisaient pas face à la même pression du parent parfait, mais les enfants étaient couramment punis, isolés, enfermés, humiliés, giflés, fessés, frappés… bref, soumis à toutes sortes de petites et de grandes violences, sans (trop de) mauvaise conscience de la part des adultes ! Il n’y a donc pas lieu de regretter le « bon vieux temps », mais de se rendre compte que les parents d’aujourd’hui, les mères en particulier, peuvent être plus vulnérables face au risque de burn-out parental. Cela tient autant à l’isolement social dans lequel elles peuvent se trouver qu’aux attentes face à la maternité.

Bref : l’écart entre nos attentes et la réalité, la solitude des jeunes mères, la pression sociale de la mère parfaitement positive en toutes circonstances, la charge mentale, la double journée de travail, les réseaux sociaux, la culture du paraître, le culte de la performance et l’habitude du « tout, tout de suite » sont autant d’éléments dont nous pouvons prendre conscience pour faire un pas de côté et ainsi, nous éloigner du spectre du burn-out parental.

Les signes d’alerte du burn-out parental
Le premier symptôme du burn-out parental, c’est l’épuisement physique, émotionnel et/ou mental – sur une certaine durée. L’élément de la durée me semble important car quelle jeune maman ne s’est jamais sentie épuisée après plusieurs nuits hachées ? L’épuisement est un signal d’alerte qu’il faut pouvoir quantifier : depuis combien de temps n’avez-vous pas dormi, au moins une nuit, pendant minimum 4 heures de suite ? Si la réponse se compte en mois, attention ! Cet épuisement peut en effet vous conduire au deuxième symptôme du burn-out : la distanciation affective. A ce stade, on ne se sent plus aussi proche, touchée ou concernée par nos enfants que d’habitude. On « fait le service minimum », on est en mode « pilote automatique » et leurs bobos, leurs pleurs comme leurs rires nous parviennent un peu comme des bruits étouffés, comme si on était dans de la ouate – ou à une distance (psychique) inhabituellement grande.

Cette distanciation joue un rôle protecteur pour l’organisme de la personne qui le vit. Nul besoin de culpabiliser si vous le ressentez, car ce n’est pas sous le contrôle de votre volonté. En revanche, il est très utile de s’en rendre compte. Examiner les ressentis ou les pensées qui vous traversent lorsque vous êtes avec vos enfants (par exemple en tenant un journal émotionnel) peut vous permettre de détecter ce signal d’alerte du burn-out parental et ainsi, de réagir.

Les facteurs de risque du burn-out parental : les « stresseurs »
Il est évident que le contexte socio-économique personnel (situation financière, environnement et soutien social…) joue un rôle dans le risque de tomber dans le burn-out parental. Ce sont des « stresseurs situationnels », qui devraient être pris en considération au niveau politique. Il est en effet relativement difficile d’agir sur ces stresseurs de façon individuelle ou directe.

En attendant que les politiques familiales et éducatives prennent mieux en compte les besoins des jeunes familles, nous pouvons agir au niveau personnel, où l’on retrouve trois sortes de stresseurs qui sont autant de facteurs de risques du burn-out parental :

  1. Les stresseurs personnels: les éléments liés à notre personnalité de parent, en particulier le perfectionnisme, la sensibilité au stress et la difficulté à gérer les émotions négatives.
  2. Les stresseurs provenant de la relation avec l’enfant: le caractère de l’enfant, mais aussi la manière dont on se comporte avec son enfant peut augmenter le stress. Les cris, les menaces, les punitions sévères vont amener les enfants à encore plus mal se comporter, tout comme une éducation incohérente (un jour c’est oui, un jour c’est non) peut également le déstabiliser et perturber son comportement, ce qui va d’autant plus stresser le parent… c’est un cercle vicieux dont on n’arrive plus à sortir tout seul !
  3. Les stresseurs liés au couple: les désaccords sur l’éducation, les disputes, les absences répétées de l’un des conjoints sont des facteurs de stress qui, sur la durée, peuvent contribuer à l’installation d’un état d’épuisement parental.

Conclusion: faites votre propre bilan face au risque de burn-out parental
Epuisement durable, distanciation affective, stresseurs personnels, relationnels et conjugaux : si les ingrédients du burn-out parental sont connus, le dosage est propre à chacune. Chaque situation est unique et nous n’avons pas toutes les mêmes ressources pour y faire face. Néanmoins, il est très utile de se « surveiller » pour savoir où on en est, et éviter de sombrer davantage. Je vous recommande donc d’évaluer régulièrement votre situation personnelle en notant où vous en êtes pour chacun des éléments ci-dessus sur une échelle de 1 (le minimum) à 5 (le maximum). Cela vous permettra de faire un bilan de votre situation pour savoir si vous avez besoin de ressources supplémentaires – exactement comme vous inspecteriez le contenu de votre frigo avant d’aller faire vos courses !

Isabelle Gattlen
Consultante spécialisée en parentalité gémellaire
www.multiples-et-compagnie.com

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