Fausse couche

Nous sommes convaincues qu’il est nécessaire de briser la loi du silence entourant la maternité et déterminées à lever des tabous qui ne devraient pas en être. En témoignant, vous offrez un soutien et du réconfort à toutes les femmes traversant une épreuve similaire sans oser en parler. Merci pour elles, merci à vous.


Témoignage anonyme

“ J’ai une adorable petite fille de 2 ans et un compagnon génial. Un travail qui me plait, une jolie maison. J’ai beaucoup de chance. Nous souhaitions avoir deux enfants, et je suis retombée enceinte l’été dernier. Comme pour ma fille, c’était facile pour nous (presque trop?). Pendant nos premiers jours de vacances dans le sud, je perçois des douleurs inhabituelles mais je ne m’inquiète pas trop. J’en suis à 7SA et doit voir ma gynécologue pour un premier contrôle après les vacances d’été. Le lendemain matin, j’ai des petites pertes de sang (?). L’angoisse monte. Nous sommes logés chez la famille de mon compagnon avec la petite, que faire ? Direction les urgences. Où je reste la journée; où je perds le bébé et m’en rend compte moi-même en allant aux toilettes de l’étage.

Mon compagnon et ma fille sont là dans la salle d’attente, jouent et s’occupent du mieux qu’ils peuvent et me soutiennent. Oui, mais voilà, je suis seule dans cette zone d’attente d’hôpital. Je suis en lévitation car même si j’ai compris, je ne me l’avoue pas. En fin de journée, après tests sanguins, attente, et consultation avec un obstétricien, l’interne m’annonce que j’ai bien perdu mon bébé, que ce n’est pas grave, que ça arrive souvent et que la nature « sélectionne » les embryons viables. Et là, moi qui ne pleure que rarement et que devant mes proches, je me suis effondrée. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Non, c’est grave, c’était mon bébé, pas juste des cellules en train de s’assembler. Je me sens si mal, si seule. Je termine les formalités administratives tel un robot et sort rejoindre mon compagnon et ma fille dehors. Sous un soleil de plomb, en maillot de bain sous ma robe de plage (c’était le programme de la journée), je réalise ce qui vient de se passer. Et passe les deux semaines suivantes dans un état sombre et gris ne pouvant (en plus) pas me baigner. Ce qui m’a fait avancer ? Mon chéri, ma petite puce et ma gynécologue qui m’a écoutée et consolée à distance. Nous avons terminé comme on pouvait nos vacances, en en parlant finalement à la famille chez qui nous étions logés (comment expliquer que nous déclinons les invitations familiales des jours suivants sinon ?).

En rentrant à la maison 2 semaines après cet épisode malheureux, je me dis que j’ai déjà une chance incroyable d’avoir une petite fille en pleine santé. Je réalise que tout ne se passe pas toujours bien. Et j’attends impatiemment de retrouver mon cycle… Qui met une éternité à revenir. Le temps aidant, et mes amies proches retrouvées, je peux partager cette expérience qui arrive effectivement à une femme sur 3 ou 4 mais dont on parle si peu. Pour moi, c’était « pour les autres ». Nous n’en avons pas parlé à nos parents avant de longs mois. Le temps d’éponger la tristesse qui restait en trame de fond.

Mon cycle reprend enfin, au bout de … 45 jours ! Et surprise, je retombe enceinte dans la foulée. Je suis dans un état de stress total, j’angoisse de revivre la même expérience. A chaque passage au petit coin, je me pose 1000 questions. Le temps passe, mon compagnon est d’un soutien incroyable. Ma fille aussi, à sa manière avec ses moins de deux ans. Et la grossesse fonctionne, est confirmée et se déroule à merveille. Quel bonheur ! Un nouveau bébé ne peut pas en remplacer un autre et pour moi, j’aurais vécu 3 grossesses au cours de ma vie. Nous allons avoir notre deuxième enfant le mois prochain. J’ai vécu cette grossesse avec beaucoup d’angoisse au 1er trimestre, me suis un peu détendue au 2ème trimestre, et suis enfin sereine au 3ème semestre. Le bébé est viable et en pleine santé. Finalement, j’ai eu de la chance, nous avons de la chance et une jolie petite famille.

Je ne peux pas oublier cet épisode malheureux qui m’a rendue plus terre à terre, moins naïve, et probablement plus consciente de la chance que j’ai d’avoir bientôt deux beaux enfants en pleine santé. En réécrivant ce qui nous est arrivé l’été dernier, j’ai bien sûr versé quelques larmes (les hormones n’aidant pas ;)) mais je pense qu’il faut en parler. Bonne chance à toutes dans vos cheminements et chemins de vie.”


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