Dépression post-partum

Nous sommes convaincues qu’il est nécessaire de briser la loi du silence entourant la maternité et déterminées à lever des tabous qui ne devraient pas en être. En témoignant, vous offrez un soutien et du réconfort à toutes les femmes traversant une épreuve similaire sans oser en parler. Merci pour elles, merci à vous.

 

Témoignage anonyme

« J’ai eu la chance d’avoir une belle grossesse, bébé en grande forme, maman active jusqu’à 10 jours avant l’accouchement, mais avec le recul je me rends compte que 10 jours off ne sont clairement pas suffisants. Un accouchement parfait et un bonheur incommensurable, comme vous l’avez toutes connu… Bébé a 3 jours et maman se fait « frapper » par le baby blues, on m’en avait parlé, mais on ne m’avait pas prévenue de la violence de cette chute hormonale. Je me douchais quand d’un coup j’ai commencé à pleurer, pleurer et pleurer sans pouvoir m’arrêter. Les sages-femmes m’ont expliqué le baby blues, mon obstétricien également mais j’étais à mille lieues d’imaginer que c’était si fort (enfin en ce qui me concerne). Et comme une chose ne vient jamais seule, les jugements et la pression extérieurs ont commencé a pointé le bout de leur nez… « Mais tu n’as pas le droit de pleurer ! » ; « Reprends toi stp ce ne sont QUE les hormones » ; « Tu te rends compte que tu vis les plus beaux jours de ta vie et que tu es dans cet état ! » etc etc etc.

Je ne me souviens plus de tout ce qu’on a pu me dire, mais je me souviens d’un sentiment de culpabilité et de non-écoute surtout, aucun soutien, aucune main posée sur mon épaule pour me rassurer. J’étais une maman maintenant, il fallait que je sois forte et je n’avais pas le droit de me sentir comme ça. Ces sentiments sont fortement restés ancrés. Arrive le jour où nous rentrons a la maison, bébé, maman et baby blues bien sûr… Papa vient nous chercher. Il était présent, sans être présent… Ceci n’a pas non plus aidé à aller mieux, bref la réalité commence. Jour après jour, j’étais en admiration pour mon bébé, ma raison de vivre, mais le baby blues était toujours là. Ma sage-femme commence alors à me parler de dépression post-partum même si je n’ai jamais délaissé mon bébé. Les problèmes de couple prenaient le dessus, un papa de plus en plus absent et une maman de plus en plus seule, à devoir tout gérer jour et nuit. Après avoir repris le travail, mon médecin m’a arrêtée, burn-out maternel. Mes résultats sanguins étaient vraiment mauvais, j’étais épuisée, vidée au sens propre et figuré. Il m’aura fallu presque 4 ans de bas, très bas (maison, ex-couple et travail) pour que j’accepte d’aller voir quelqu’un. Le jour de mon anniversaire, je ne pensais qu’à une chose, disparaître. Je ne voulais plus faire partie de ce monde et je pensais être un exemple lamentable pour mon bébé. Je me disais que de toute façon son père trouverait mieux. Ma meilleure amie m’a forcée à aller voir un psychiatre et commencer une thérapie. C’était difficile pour moi de l’accepter mais là je ne pouvais plus faire face sans aide. Il fallait que je sorte de ce mode automatique nuisible à ma santé physique et mentale.

Malgré l’omniprésence des sentiments d’échecs et de honte, je me suis résignée et ai pris rendez-vous. Une petite voix me disait quand même que mon bébé m’avait choisi en tant que maman et que si je ne le faisais pas pour moi il fallait au moins que je me soigne pour lui. Premier rendez-vous et premiers tests, le verdict tombe: dépression grave et besoin d’suivi thérapeutique d’au moins 3 ans avec des antidépresseurs sur 6 mois. Tout ce que j’avais alors refusé jusque-là. J’ai finalement commencé le traitement et jamais je n’aurais pensé dire cela, mais depuis, je revis. Je suis redevenue moi et j’ai envie de vivre !

Ne vous laissez pas submerger par les jugements, les critiques, la non-présence du papa et le quotidien à la maison car avant tout cela et même avant votre bébé, il y a vous. Femme, amie, amante, maman, collègue & Cie. Et que si, vous ne prenez pas soin de vous, personne ne le fera à votre place. Ne vous surestimez pas, mais surtout ne vous sous-estimez pas ! Personne, mieux que vous, ne peut savoir ce que vous ressentez. Avec du recul, je pense sincèrement que certaines décisions importantes auraient dû être prises plus tôt, mais quand on a la tête dans le guidon, on fonce, sans s’arrêter. Je ne sais toujours pas si j’ai eu une dépression post-partum à ce jour, mais un gros baby blues qui s’est transformé en dépression ça c’est sûr. Il m’aura fallu 4 ans pour accepter et me faire aider ! Courage à toutes les mamans qui traversent cela, vous n’êtes pas les seules et vous n’êtes pas seules ! Acceptez de l’aide, vraiment. »

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