Mon enfant est-il atypique ?

Tous les enfants sont différents. On le sait bien ! Il suffit d’en avoir deux, pour s’en rendre compte ! Elevés de la même manière, par les mêmes parents, dans le même
environnement, suivant les mêmes principes éducatifs et pourtant… nos enfants ont chacun leurs traits de caractère et leur tempérament. Ils se développent à leur rythme et se présentent au monde chacun à la leur manière. Mais à quel moment ces différences doivent nous inquiéter en tant que parent(s) ? A quel moment les spécificités de notre enfant ne sont plus de simples traits de caractère mais entrent dans le champ des neuro-atypies, i.e. relèvent d’un fonctionnement cérébral particulier ? Pour mieux comprendre ce sujet complexe, nous avons fait appel à l’expertise de Fabienne Thionnet-Chevrier, psychopédagogue
à Genève et membre du réseau de thérapeutes MotherStories.

Nous parlons de plus en plus « d’atypie(s) » ou de « neuroatypie » que ce soit dans le milieu scolaire, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Trop même, selon certains, laissant penser que tous les enfants seraient atypiques ! Ce n’est évidemment pas le cas ! Chaque enfant est singulier mais pas forcément neuro-atypique ! En tant que psychopédagogue, je suis heureuse que ce sujet longtemps méconnu et ignoré soit enfin mis sur le devant de la scène, tant il est important pour les parents, les enseignants, le corps médical et bien évidemment les personnes concernées, enfants et adultes, de connaître et reconnaître leurs spécificités pour bien vivre leur différence !

Les neuro-atypies

Sous l’appellation « neuro-atypie » ou « atypie », on entend communément les fonctionnements neurodéveloppementaux suivants :

  • Le haut potentiel intellectuel (HP) ;
  • Les troubles de l’attention, avec ou sans hyperactivité (et/ou impulsivité) (TDAH) ;
  • L’hypersensibilité ;
  • Les troubles DYS (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie,
  • dysgraphie) ;
  • Le trouble de l’autisme (TSA). Ce trouble ne sera pas traité dans le présent article.

Les atypies susmentionnées présentent les caractéristiques suivantes :

Ces atypies présentent de multiples facettes, d’une intensité variable, qui s’expriment différemment chez chaque sujet, selon l’âge et les mesures adaptatives mises en place. Il est ainsi peu aisé de tirer des portraits-types. Cela est d’autant plus vrai qu’un même individu peut cumuler différentes atypies. Il n’est en effet pas rare de rencontrer par exemple des enfants/adultes multi-DYS, HP & TDAH, DYS & TDAH, etc. Chaque individu est donc unique et singulier, avec ou sans atypie !

Identification du trouble et diagnostic

Chez l’enfant, les troubles précités sont le plus souvent identifiés par les parents, l’entourage ou les enseignants.

La première étape est de consulter son pédiatre. Puis, selon l’âge, un pédopsychiatre/ neuropsychologue pour effectuer un bilan.

En tant que mère, il est toujours très important d’écouter ses intuitions et ses ressentis lorsque le comportement de son enfant nous interpelle ou nous inquiète. Une mère ne se trompe jamais ! Elle sait ! Ainsi, lorsqu’une maman franchit la porte de mon cabinet, je l’écoute toujours et nous travaillons ensemble pour trouver des réponses et des solutions à ses inquiétudes.

Si un enseignant, un pédiatre, un conjoint balaie du revers de la main vos soupçons, consultez un autre spécialiste pour trouver des réponses à vos questionnements !

Le bilan est particulièrement indiqué lorsque l’enfant lui-même se plaint de sa différence. Notamment lorsqu’il vous répète : « Pourquoi les autres ne sont pas comme moi ? Pourquoi je ne suis pas comme les autres ? Pourquoi on ne m’accepte pas tel que je suis ? J’ai l’impression d’être différent des autres, de venir d’une autre planète. Je me sens extraterrestre. Je ne comprends pas ce qu’on attend de moi (les autres, la maîtresse, etc.).

Ou peut-être se plaint-il systématiquement des remarques des autres : « on me dit que je suis trop ci… (hypersensible, turbulent, désordonné, bruyant…), pas assez ça (organisé, discret, calme, attentif,…), pas comme les autres…»… Ou peut-être encore souffre-t-il exagérément de l’injustice dont il fait l’objet ?

Ces plaintes et ces questionnements sont de plus en plus fréquents chez l’enfant lorsqu’il grandit et devraient vous alerter et vous encourager à consulter.

L’enfant ne souffre pas directement de son atypie mais du regard des autres sur sa manière de fonctionner et des attentes à son égard auxquelles il ne parvient pas à se conformer. Les enfants atypiques naissent avec cette neuro-divergence mais ne sont rarement diagnostiqués avant l’âge de 6 ans. Les bilans neuropsychologiques sont en effet rarement proposés avant cet âge.

Néanmoins le diagnostic peut parfois être posé plus tôt, notamment lorsque l’atypie est très présente ou a déjà été diagnostiquée chez d’autres membres de la famille.

Ces atypies sont généralement héréditaires. Il est en effet fréquent de retrouver les mêmes atypies au sein de la fratrie ou chez l’un ou les deux parents.

Il n’est d’ailleurs pas rare que le parent découvre sa propre atypie lorsque le diagnostic est posé chez l’enfant. Attention, cette découverte peut être vécue comme un tsunami chez l’adulte qui a parfois vécu jusqu’ici tant d’années sans pouvoir mettre des mots sur sa singularité et ses difficultés, ni être reconnu dans sa différence.

J’ai même rencontré des parents pour qui il était plus facile de tout ignorer et vivre dans le déni. Je me souviens en particulier de la maman d’Edouard, un adolescent de 16 ans, diagnostiqué haut potentiel. Le diagnostic était tombé cinq ans plus tôt, lorsqu’Edouard n’avait que 11 ans mais sa mère n’avait jamais rien voulu savoir, ni sur le diagnostic, ni sur les spécificités de cette atypie, qui la concernait elle aussi ! C’était trop douloureux de réaliser si tardivement qui elle était vraiment. Elle préférait continuer à vivre comme si l’atypie n’existait pas. Je suis finalement parvenue à lui conseiller la lecture de différents ouvrages pour lui permettre d’aider son fils dans son quotidien, dans ses apprentissages et dans sa vie sociale.

Je ne peux dès lors qu’inviter les parents concernés à faire de même !

Mieux comprendre le trouble ou l’atypie, c’est aussi mieux se comprendre et mieux comprendre son enfant pour être en mesure de l’accompagner. C’est une chance, un cadeau.

C’est aussi permettre à l’enfant d’exprimer ses talents, de faire les bons choix compte de son potentiel et de trouver sa voie, peut-être pas forcément celle qu’on envisageait pour lui !

Encourager la curiosité, la créativité et les passions de votre enfant est essentiel pour le soutenir dans son développement.

Indices d’atypie(s)

Voici les quelques signes qui pourraient vous alerter chez votre enfant et vous donner quelques pistes :

Curiosité intense

  • L’enfant pose des questions sur tout ce qui l’entoure.
  • Il explore le monde avec enthousiasme et fascination.

Créativité débordante

  • L’enfant exprime son imagination à travers l’art, les histoires et les jeux.
  • Il trouve des solutions innovantes aux problèmes.

Apprentissage rapide

  • L’enfant absorbe de nouvelles informations avec facilité.
  • Il montre une compréhension avancée pour son âge.

Sensibilité émotionnelle

  • L’enfant ressent profondément ses propres émotions ainsi que celles des autres.
  • Il est empathique et compatissant.

Perfectionnisme

  • L’enfant a tendance à viser l’excellence dans tout ce qu’il entreprend.
  • Il peut être très critique envers lui-même.

Intérêts spécifiques

  • L’enfant se plonge dans des sujets qui le passionnent, souvent de manière intense (les legos, les dinosaures, la mythologie,…).
  • Il peut avoir une expertise précoce dans certains domaines complexes (l’astronomie, les échecs,…).

Ouvrage conseillé : L’Enfant surdoué, Jeanne Siaud-Facchin, Éditions Odile Jacob

Difficulté de concentration

  • L’enfant a du mal à rester attentif pendant de longues périodes, plus spécifiquement lorsqu’il s’agit d’activités qu’il n’aime pas.

Impulsivité

  • Il agit souvent sans réfléchir, interrompant les autres ou prenant des décisions impulsives sans considérer les conséquences.

Hyperactivité

  • Il bouge fréquemment, même dans des situations où cela n’est pas approprié, comme en classe ou lors des repas.

Problèmes d’organisation

  • Il a du mal à suivre les consignes, à terminer les tâches ou à ranger ses affaires.
  • Il procrastine souvent (à l’adolescence).

Difficultés dans les interactions sociales

  • Il peut avoir du mal à attendre son tour, à partager ou à jouer calmement avec les autres enfants.

Inattention aux détails

  • Il peut manquer de patience pour des activités nécessitant de la concentration, comme la lecture, les puzzles ou les jeux de société.

Oublis fréquents

  • Il peut souvent perdre ses affaires, oublier ses devoirs ou les instructions données en classe.

Mauvaise gestion du temps

  • Il peut avoir du mal à comprendre le concept du temps et à planifier ses activités en conséquence.

Ouvrage conseillé : TDA/H – La boîte à outils – Stratégies et techniques pour gérer le TDA/H, Ariane Hébert, Éditions de Mortagne

Réactivité émotionnelle intense

  • L’enfant réagit de manière disproportionnée aux situations émotionnelles, comme pleurer facilement ou se sentir accablé par des émotions intenses.

Sensibilité aux stimuli sensoriels

  • Il est perturbé par des bruits forts, des lumières vives, des textures inhabituelles ou des étiquettes dans les vêtements.

Empathie prononcée

  • Il ressent profondément les émotions des autres et peut être bouleversé par la tristesse ou la détresse des autres.

Réaction intense aux changements

  • Il a du mal à s’adapter aux changements d’emploi du temps, aux nouvelles situations ou aux transitions.

Besoin de solitude

  • Il peut rechercher fréquemment des moments de calme et de solitude pour se ressourcer et se sentir mieux.

Réaction aux critiques ou aux situations de conflit

  • Il peut être très affecté par les critiques ou les conflits, se retirant ou se mettant à pleurer facilement.

Sensibilité aux textures ou aux goûts alimentaires

  • Il peut être très pointilleux sur la texture des aliments ou sur la manière dont ses vêtements se sentent sur sa peau.

Réaction intense aux situations nouvelles ou stressantes

  • Il peut être submergé par de nouvelles expériences ou des situations stressantes et avoir du mal à les gérer.
  • Ils ont du mal avec les transitions (p. ex. arrêter un jeu pour passer à table ou aller se doucher).

Ouvrage conseillé : Mon enfant hérisson : Accompagner votre enfant hypersensible et aidez-le à exploiter son potentiel, Stéphanie Couturier, Edition Marabout

Se référer au tableau plus haut qui définit les caractéristiques des différents troubles DYS.

Ouvrage conseillé : L’enfant Dys décrypté, Annie Piau, Éditions Mango

Je me permets d’ajouter un point commun à tous ces profils : leur aversion totale pour l’injustice ! Qu’elle concerne les autres (frère/sœur (vis-à-vis d’un parent), camarades de classe (vis-à-vis d’une maîtresse), amis, etc.) ou eux-mêmes, l’injustice les met dans une colère noire ! Aussi, une promesse est une promesse ! Attention donc à ne pas trop promettre à ces justiciers d’une grande loyauté pour ne pas les décevoir !

La présence non pas d’un seul mais de plusieurs indices est évidemment nécessaire pour envosager et conclure à la présence d’une atypie.

Je précise aussi ici que certaines atypies sont souvent associées. C’est le cas du haut potentiel et de l’hypersensibilité. Un enfant peut également présenter plusieurs atypies qui biaiseront de fait le diagnostic ou renforceront certains traits de caractères chez l’enfant. Ce sera notamment le cas de l’enfant HP dont les très bonnes capacités intellectuelles tendraient à masquer son trouble de l’attention (TDAH) ou à décupler son ingéniosité et sa créativité !

N’oubliez pas que chaque enfant est unique, et ces caractéristiques peuvent se manifester différemment chez chacun d’eux. Un diagnostic fin effectué par un professionnel est donc primordial pour identifier toutes les facettes de la personnalité de l’enfant atypique.

Le suivi de l’enfant atypique

Si vous reconnaissez votre enfant dans l’une ou plusieurs des catégories décrites ci-dessus, surtout pas de panique ! Ne vous alarmez pas !

S’il vit bien son atypie, nul besoin d’entreprendre des démarches.

A l’inverse, comme indiqué plus haut, si vous ou votre enfant en souffre, faites-vous accompagner.

Aujourd’hui de nombreuses solutions, stratégies et approches thérapeutiques existent pour améliorer le quotidien des enfants et adultes atypiques. Il est donc impératif de se saisir de la problématique, avec confiance car un enfant atypique non soutenu par son entourage peut développer d’autres difficultés à terme (procrastination, isolement, détérioration de la confiance en soi et en l’autre, altération de l’estime de soi, crises d’angoisses, dépression, burn-out, etc.). Il en est de même pour les parents.

Je recommande ainsi de consulter, dans l’ordre :

  1. Pédiatre (première discussion) ;
  2. Pédopsychiatre/ neuro/psychologue (établissement du diagnostic) ;
  3. Psychopédagogue/psychologue des apprentissages (suivi thérapeutique)

Un large éventail d’alternatives thérapeutiques existe, selon les besoins :

  • L’EFT – emotional freedom technique (technique de libération émotionnelle, de libération des traumas et de renforcement des ressources intérieures) ;
  • Les réflexes archaïques (rééducation des réflexes primaires permettant d’atténuer le trouble) ;
  • La méthode Barkley (programme d’habiletés parentales dispensé en groupe à l’attention des parents d’enfant(s) TDAH) ;
  • L’écoute active (cercles de paroles de mamans d’enfants atypiques).

Mais encore toutes les techniques qui apportent calme, sérénité et apaisement à l’enfant (et aux parents !) :

  • la réflexologie,
  • la cranio-thérapie,
  • la sophrologie,
  • la cohérence cardiaque,
  • la relaxation,
  • et bien d’autres…

Conclusion

Il est important de rappeler que les atypies apportent leur lot de difficultés mais que des solutions existent pour aider nos petits atypiques ! De plus, tous ces enfants ont bien évidemment également d’immenses talents et qualités ! En tant que parent, raccrochezvous à cela dans les moments difficiles car…

Un enfant DYS est résilient, persévérant, créatif,…

Un enfant TDAH est curieux, audacieux, loyal,..

Un enfant hypersensible est attentionné, observateur, intuitif,…

Un enfant HP est passionné, déterminé, juste,…

Rappelons-nous enfin qu’un trouble ne définit pas une personne !! Pour preuve, je me permets de citer Noah Lyles, le récent champion olympique du 100m des Jeux de Paris 2024 qui a délivré sur les réseaux sociaux un message plein d’espoir à la suite de sa victoire aux JO de Paris :

« Je souffre d’asthme, d’allergies, de troubles de l’attention, de dyslexie, d’anxiété et de dépression. Mais je veux vous dire que ce que vous avez (troubles), ne définit pas ce que vous pouvez devenir ! ».

En effet, tout est possible !

MotherStories : Il est normal de se sentir parfois démunie ou de ne pas avoir immédiatement identifié les besoins spécifiques de son enfant. L’essentiel est d’en parler, de chercher du soutien auprès de vos proches, d’autres parents, et de professionnels. Ensemble, nous pouvons partager nos expériences et nous entraider. N’hésitez pas à rejoindre nos groupes WhatsApp dédiés et à consulter notre réseau de thérapeutes en ligne. Vous n’êtes pas seule, et chaque action que vous entreprenez compte pour le bien-être de votre enfant.

Fabienne THIONNET-CHEVRIER
Psychopédagogue – Thérapeute enfants & adolescents – Praticienne en EFT

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