Aujourd’hui, nous partageons l’histoire de Barbara. Un parcours sincère et touchant, qui retrace les doutes, les espoirs et les étapes d’un chemin vers la maternité. De l’attente à l’insémination, jusqu’à une grossesse naturelle inattendue, Barbara nous livre son expérience avec beaucoup de justesse. À travers ses mots, elle rappelle à tous les couples confrontés à l’infertilité qu’ils ne sont pas seuls. Parce que chaque parcours est unique, et qu’il n’y a pas une seule manière de devenir parent.
Cette story a été soutenue par le CPMA, le Centre de Procréation Médicalement Assistée de Lausanne, qui accompagne les couples sur le chemin de la fertilité avec expertise et bienveillance.

Barbara, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Barbara, j’ai 38 ans et je vis à Morges. Je suis Suissesse, consultante en stratégie digitale et créatrice de contenu, peut-être me connaissez-vous sous le nom de Mademoiselle B. Je suis mariée à Vincent depuis 2018, cela fait maintenant plus de onze ans que nous sommes ensemble. L’an dernier, nous avons accueilli notre fille Mila. Elle a aujourd’hui dix mois et elle a changé notre monde.
À quel moment avez-vous ressenti que vous étiez prêts à fonder une famille, et comment se sont passés les premiers mois d’essais ?
Avoir un enfant faisait partie de nos projets de vie depuis toujours. Mais comme beaucoup d’entrepreneurs, nos journées étaient déjà bien remplies. On voulait attendre le bon moment, celui où on se sentirait prêts, financièrement et émotionnellement.
En 2020, on a décidé de quitter Genève pour s’installer à Morges, dans un appartement plus grand, plus adapté à une vie de famille. On était prêts. On s’est lancés dans cette aventure avec beaucoup d’envie. Mais les mois passaient… et rien. On s’attendait à ce que ça fonctionne rapidement, naturellement. Comme beaucoup, on pensait que ce serait simple. Au début, on ne s’inquiétait pas trop, on restait confiants, on continuait d’essayer.
Quand avez-vous commencé à vous poser des questions sur la fertilité, et quelles premières démarches avez-vous envisagées ?
À la fin de l’année 2020, après plusieurs mois d’essais sans résultat, on a commencé à se questionner. On en a parlé autour de nous, à des couples qui avaient eu des enfants, et on a réalisé qu’ils avaient eux aussi mis du temps.
Certains avaient attendu plus d’un an avant que cela fonctionne. Cette réalité-là, on ne l’entend pas souvent. Ça nous a rassurés, mais dans le doute, j’ai quand même voulu tenter quelque chose. On m’a recommandé un acupuncteur spécialisé dans la fertilité. J’ai commencé les séances, avec l’idée que si cela ne donnait rien, on irait plus loin dans les investigations.
Quels examens médicaux avez-vous passés, et qu’est-ce que vous avez appris à ce moment-là ?
Début 2021, j’ai pris rendez-vous avec mon gynécologue pour faire des examens plus poussés. L’idée, c’était de vérifier s’il y avait un blocage, une incompatibilité ou une cause physique à cette attente. J’ai passé une batterie de tests – perméabilité des trompes, bilans hormonaux – et Vincent a fait un spermogramme. Résultat : tout allait bien. Aucun souci détecté, tout était « au vert ».
Comment avez-vous vécu l’annonce d’une infertilité inexpliquée, sans cause médicale identifiée ?
C’était à la fois très rassurant… et déroutant. Rassurant, parce qu’on se disait qu’on avait toutes les chances de notre côté. Mais en même temps, on se sentait complètement démunis. Quand il n’y a pas de « problème », il n’y a pas non plus de solution à appliquer. On se retrouvait un peu seuls, dans ce flou où on ne sait pas vraiment ce qu’on peut faire de plus. Alors on a décidé de continuer comme on savait faire, avec l’espoir que ça finisse par fonctionner.
Qu’est-ce qui vous a conduit à entamer un parcours PMA, et pourquoi vous êtes-vous orienté vers l’insémination ?
Après une nouvelle année d’essais naturels sans succès, on a décidé de consulter un spécialiste en fertilité. Il nous a expliqué le parcours PMA et les différentes options, dont l’insémination intra-utérine. C’était une approche qui nous semblait douce, adaptée à notre situation : on n’avait pas de problème identifié, mais il fallait peut-être ce petit coup de pouce médical. Alors on s’est lancés. Avec prudence mais aussi avec beaucoup d’espoir.
Peux-tu nous raconter comment tu as vécu les inséminations, physiquement et émotionnellement ?
On a reçu un protocole à suivre et, comme je suis quelqu’un de très orientée objectifs, je me suis tout de suite mise dans une dynamique très positive. Pour moi, c’était un pas concret vers la réalisation de notre projet. À la première insémination, on y croyait vraiment. On se disait que puisque tout allait bien, ça allait fonctionner du premier coup. Mais ça n’a pas été le cas.
La deuxième fois, on a tout mis en place : stimulation hormonale, protocole complet… Et malgré tout, ça n’a rien donné non plus. C’est un parcours qui demande beaucoup : sur le plan physique, émotionnel, logistique aussi. Il faut caler les rendez-vous, adapter son planning, et ça enlève une part de spontanéité à ce qu’on vit. Après ces deux tentatives, j’étais fatiguée. J’avais besoin d’un peu d’air.
Comment as-tu géré les échecs successifs et l’impact qu’ils ont eu sur ton quotidien et ton moral ?
C’était lourd. Et surtout, c’était devenu mécanique. Je me sentais comme un agenda ambulant : entre les injections, les contrôles, les prises de sang… Je ne vivais plus dans le moment présent. J’étais uniquement dans l’anticipation, dans l’espoir que « ce mois-ci soit le bon ».
Alors avant d’envisager une troisième et dernière insémination, j’ai proposé à Vincent qu’on fasse une pause. On a décidé de profiter du printemps et de l’été, de respirer un peu, de retrouver notre couple en dehors de ce projet qui prenait toute la place. On a mis le projet en pause, mais pas notre amour.
Après ces tentatives, tu as ressenti le besoin de faire une pause. Comment as-tu vécu ce lâcher-prise ?
Cette pause, c’était exactement ce dont j’avais besoin. Après deux ans à scruter mon corps, à surveiller mon cycle, à adapter mon mode de vie… j’étais vidée. J’avais besoin de me retrouver en tant que femme, pas seulement en tant que future maman potentielle. On s’est offert un été léger. On a voyagé un peu, on a ri. On a arrêté de compter les jours, de chercher des signes. Et, sans le savoir, on a ouvert la porte à autre chose.
Peux-tu nous raconter ce moment si particulier où tu as découvert que tu étais enceinte naturellement ?
On envisageait de faire la troisième insémination à l’automne. Fin août, j’ai commencé à jeter un œil à mon cycle, à mes dates d’ovulation… Mais j’avais arrêté de faire systématiquement des tests de grossesse, parce qu’à chaque fois, la déception était trop grande. Je préférais attendre que le retard soit vraiment significatif.
Et puis un jour, juste avant un week-end à la montagne, j’ai eu quelques jours de retard. Je ne voulais pas partir sans être fixée, alors j’ai fait un test. C’était tôt le matin, je n’étais même pas bien réveillée… et je n’attendais rien. Quand j’ai retourné le test, je ne comprenais pas ce que je voyais. Il m’a fallu reprendre la notice pour être sûre. Et là, j’ai réalisé… c’était positif.
Avec du recul, penses-tu que certains éléments ont aidé ton corps à concevoir ce bébé ?
Je suis convaincue que le lâcher-prise a joué un rôle clé. Cet été-là, j’ai aussi changé de médecin généraliste et découvert que j’avais une carence sévère en fer. J’ai fait une perfusion, qui, je pense, a vraiment boosté mon organisme. J’avais aussi commencé des massages de fertilité, dans l’idée de préparer mon corps à une troisième insémination. Alors je crois que tout s’est aligné. Mon corps, mon esprit… j’étais enfin prête à accueillir ce bébé.
Quel regard portes-tu aujourd’hui sur tout ce parcours, avec ses hauts, ses bas et son issue inattendue ?
Je me sens privilégiée. Parce que même si l’attente a duré trois ans et demi, on a été épargnés par des épreuves plus lourdes. Ce parcours m’a énormément appris : sur moi, sur mon corps, sur notre couple. On en ressort encore plus unis. Et le fait d’avoir attendu rend ce cadeau encore plus précieux. Mila est arrivée comme une surprise… mais au fond, elle est arrivée au moment juste pour nous.
Est-ce que l’envie d’un deuxième enfant est là ? Et si oui, comment l’imaginez-vous ?
On y pense, oui. Mais pour l’instant, on profite pleinement de notre fille. C’est un chamboulement énorme, encore plus quand on est tous les deux à notre compte. On sait aussi que l’horloge tourne, mais on ne veut pas relancer la machine trop vite.Et si un deuxième enfant arrive, ce sera naturellement. Je ne pense pas qu’on retournera vers un parcours médicalisé. On se sent déjà très chanceux d’avoir Mila. Et si la vie nous offre un autre cadeau, on l’accueillera avec bonheur.
Quel message aimerais-tu transmettre aux couples qui vivent, souvent en silence, un parcours similaire ?
Ce que j’aimerais dire à tous ces couples qui traversent cette tempête invisible, c’est : vous n’êtes pas seuls. Même si l’attente est silencieuse, même si l’entourage ne comprend pas toujours, même si chaque mois pèse un peu plus que le précédent… vous n’êtes pas seuls.
Notre parcours m’a appris que la vulnérabilité est une force. Qu’on a le droit de douter, de pleurer, de faire une pause… mais aussi de continuer à y croire. Parce qu’il y a un courage immense dans l’espoir.
Prenez soin de vous, de votre couple. Entourez-vous de douceur. Parlez, surtout. À un proche, à un thérapeute, à quelqu’un. Il n’y a pas de honte à vivre un parcours différent. Il n’y a que des chemins uniques. Et si un jour, vous avez juste besoin de respirer ou d’oublier un moment… c’est parfaitement OK. Parce qu’il n’y a pas de bonne façon de vivre ce parcours. Il n’y a que la vôtre.

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