Laetitia, sa vie de maman avec des enfants rapprochés

Laetitia a quitté la Suisse en quête de mieux-être et voyagé en Asie pendant 2 ans. Une aventure qui a littéralement changé sa vie. En Thaïlande, elle rencontre Bell aujourd’hui son mari et le père de ses deux enfants Lanna 2,5 ans et Siam 16 mois. Laetitia nous parle, en toute transparence, de ses grossesses, de ses accouchements et de sa vie de maman avec des enfants rapprochés (17 mois d’écart). Une nouvelle configuration familiale qui requiert courage, organisation, patience et surtout lâcher-prise.

Laetitia et ses enfants assis sur le canapé du salon.

Laetitia, peux-tu te présenter en quelques mots ?

J’ai 38 ans. Je suis née et j’ai grandi à Genève. Après avoir étudié la psychologie, j’ai travaillé 8 ans dans le domaine des RH. Après plusieurs expériences qui n’ont pas abouti et un besoin de changement de vie (je terminais une relations amoureuse de 13 ans), j’ai décidé de tout plaquer et partir 3 mois en Inde. Ce voyage a littéralement changé ma vie et marqué le début de ma reconversion professionnelle mais, ma quête de mieux-être étant loin d’être finie, je suis repartie pour l’Indonésie, la Birmanie, le Cambodge, le Laos et la Thaïlande où j’ai rencontré Bell qui est aujourd’hui mon mari et le père de mes enfants. Ces différents périples (soit 2 ans au total) m’ont confirmé que j’étais bien faite pour accompagner les autres mais en utilisant mes mains et mon coeur. Je me suis donc formée à différentes thérapies holistiques comme la réflexologie, le reiki ou encore l’aromathérapie et j’ai ouvert mon cabinet.

Dans quels pays as-tu vécu tes grossesses et où as-tu accouché ?

Pour Lanna, en Thaïlande mais nous sommes rentrés en Suisse quelques semaines avant l’accouchement. Pour Siam en Suisse du début à la fin.

Comment s’est passée ta grossesse en Thaïlande ?

Plutôt bien entre le soleil, la nature, la nourriture et une belle famille aux petits soins. Et puis, ce n’est pas un mythe, le stress n’existe pas en Thaïlande ce qui était un vrai bonheur au quotidien. Mais j’ai malgré tout décidé de rentrer accoucher en Suisse car les différences culturelles concernant la maternité n’étaient pas évidentes à gérer pour moi.

Et comment se sont passés tes accouchements ?

Très mal pour Lanna mais heureusement beaucoup mieux pour Siam. Pour Lanna, on était rentrés exprès de Thaïlande en se disant que ce serait plus safe d’accoucher en Suisse mais au final, ça a été une catastrophe. J’ai eu des contractions très fortes et rapprochées vers 17h ce jour-là. Nous sommes arrivés à 20h aux HUG, Lanna est arrivée à 11h45 le lendemain… Il n’y avait pas de place en salle d’accouchement et la prise en charge pour la péridurale a été interminable. De plus, ils ont attendu trop longtemps avant de la sortir, alors qu’ils pensaient déjà à une césarienne depuis presque le début. De mon côté, je sentais que ça n’allait pas mais personne ne m’écoutait, c’était affreux. C’est comme si j’étais spectatrice de mon accouchement. Ils ont réagi quand ils ont compris que je faisais une septicémie et que mon pronostic vital était en jeu. Je pense vraiment que mon corps a parlé pour moi à ce moment là. Du coup, césarienne d’urgence puis pré-éclampsie, la totale ! Je suis restée près de 2 semaines à la maternité. Je n’étais vraiment pas prête pour ça. Pour Siam, j’appréhendais tellement l’accouchement que l’on a programmé une nouvelle césarienne.

Tes enfants ont (seulement) 17 mois de différence, comment te sens-tu aujourd’hui ?

Je suis épuisée. Lanna a toujours été très sensible et a pleuré non-stop de sa naissance à ses 5 mois. Je pense que l’accouchement a été autant traumatisant pour elle que pour moi. Quand elle a eu 8 mois, je suis tombée enceinte de Siam. Cette 2e grossesse n’était absolument pas prévue.

Quelle a été ta première réaction ? Et celle du papa ?

J’en ai pleuré. Je commençais à peine à récupérer. Je me demandais comment j’allais faire pour gérer une nouvelle grossesse et Lanna qui commençait à peine à marcher, comment j’allais faire pour accueillir un nouveau bébé alors que Lanna était encore si petite ! Pour Bell aussi, ça a été un coup dur, mais c’était plus facile à accepter pour lui. Pour être honnête, les premiers jours ont été vraiment difficiles moralement, mais l’instinct et l’amour maternel pour ce futur petit être ont très vite pris le dessus.

Enfants jouant dans leur chambre avec leur maman.

Est-ce que Lanna a compris qu’elle allait avoir un petit frère ?

Elle a compris qu’il se passait quelque chose. Je lui avais acheté une poupée pour lui expliquer sans pour autant utiliser des mots de bébé. Je suis restée 5 jours à la maternité à la naissance de son petit frère et j’ai le sentiment qu’elle a vécu ça comme un abandon. De retour à la maison, elle n’avait pas compris que le bébé allait rester avec nous. Très vite, elle a essayé de le taper. J’étais désemparée. Du coup, Bell s’est énormément occupé de Lanna et moi de Siam ce qui fait qu’elle a créé un lien très fusionnel avec son père. Elle me rejetait, c’était très difficile pour moi. Je culpabilisais beaucoup. J’avais l’impression d’avoir eu Siam et perdu Lanna. J’ai continué malgré tout à lui donner énormément d’attention et d’amour et à jouer avec elle avec Siam tout le temps en portage.

Maintenant que Siam a 16 mois, est-ce que ça a changé ?

C’est mieux mais Lanna a clairement une préférence pour son papa. Quand on est que toutes les deux ça va bien mais dès que Bell est là, elle n’a de yeux que pour lui. J’ai dû apprendre à accepter qu’elle ne vienne vers moi que quand elle le décide. Elle me dit parfois : “toi tu es la maman de Siam”.

Est-ce qu’elle continue à taper son frère ?

Beaucoup moins mais oui encore. Pour Lanna, son petit frère représente la personne qui lui a “volé” sa maman. Autant, elle veut tout faire avec lui, lui faire des câlins et le protéger autant, elle le voit comme un danger. Très vite, j’ai compris qu’on aurait besoin d’une aide extérieure. Il y a un service spécial aux HUG qui s’appelle “Unité de guidance infantile”. Ils nous ont attribué une psychologue pour enfant que l’on va voir tous les 4 régulièrement. De notre côté, à la maison, on essaie de tout faire pour les rassurer, leur expliquer et leur donner autant d’amour à l’un qu’à l’autre. On espère qu’en grandissant ça ira mieux.

Comment se passent les nuits chez vous ?

Il n’y en a pas (sourire) ou quand il y en a elles sont très courtes. Autant Lanna que Siam se réveillent beaucoup la nuit du coup on dort les 4 ensemble. J’étais trop exténuée pour me battre à essayer de les faire dormir chacun dans leur lit. Je me rassure en me disant que Bell a dormi avec sa mère jusqu’à ses 15 ans (rire). C’est tout à fait commun en Thaïlande. Il n’est pas devenu perturbé ou déséquilibré pour autant. Parfois, je ne comprends pas pourquoi on s’acharne autant à ce que les enfants dorment seuls dès leur naissance. Cette situation n’est sûrement pas idéale aux yeux des autres ni de la société mais pour nous, elle est bien comme ça.

Bell et toi êtes tous les deux indépendants. Est-ce un avantage au quotidien ? Comment vous organisez-vous ?

C’est un choix de vie qui pour nous est clairement un avantage. Je ne me voyais pas mettre mes enfants à la crèche à 100% (de toute manière on n’a pas de place). On préfère avoir un niveau de vie plus bas, gagner moins mais être un maximum avec eux. Du coup, c’est nous qui les gardons en nous relayant. Le dimanche est notre seul jour tous les 4. Lanna commencera le jardin d’enfants en septembre (3h/jour) afin d’avoir un peu plus de contact social. Idéalement, ce serait bien qu’à la rentrée suivante, ils aillent tous les deux à la crèche si d’ici-là, il y a de la place.

Quels types d’activités fais-tu avec les enfants ?

On va le plus possible jouer dehors. Le plus grand inconvénient des enfants rapprochés est qu’ils n’ont pas le même rythme ! C’est difficile de leur faire faire la sieste en même temps, ils ne peuvent pas jouer aux mêmes jeux même si Siam aimerait tout faire comme sa grande soeur. Bref, c’est challenging (sourire).

Dans tout ça, arrives-tu à prendre un peu de temps pour toi ?

Du temps pour moi euhhh… ça veut dire quoi (sourire) ? Quand tu essaies de prendre un bain et que toutes les 2 minutes l’un des trois vient dans la salle de bain pour X ou Y raison, tu finis par prendre une douche et te dire que c’est mieux comme ça (rires).

Enfants sautant sur leur lit.

Avec du recul, que penses-tu d’avoir des enfants rapprochés ? Si c’était à refaire ?

On ne va pas se mentir, c’est très difficile. Après, tout dépend de la situation de chacun. Si tu as de l’aide de ta famille, une place en crèche et les moyens, ça va. Nous, ce n’est pas le cas mais pour rien au monde je n’aimerais une autre vie. Je l’aime même si je suis parfois au bout du rouleau physiquement (sourire).

Si tu devais définir la maternité en un mot ?

Un cataclysme dans le bon et le mauvais côté. Tu peux te préparer autant que tu veux à devenir mère, tu ne le seras jamais vraiment.

Qu’est-ce qu’elle t’a apporté ?

J’ai pu tester mes limites. La maternité a fait ressortir tant mes plus belles parts de lumières que mes plus grandes zones d’ombres. Mais je suis si fière de me dire “j’ai créé et donné la vie”.

Quelles valeurs souhaites-tu transmettre à tes enfants ?

La liberté, la tolérance et la bienveillance.

Laetita, que peut-on te souhaiter de meilleur aujourd’hui pour demain ?

Honnêtement, que ma vie continue comme elle l’a toujours été, remplie de belles aventures, mais avec un peu plus de stabilité tant matérielle que émotionnelle.

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