Contraception : comment choisir la bonne ?

That’s the question ! La contraception est un thème vaste et parfois vague. La plupart des femmes testeront différentes méthodes au cours de leur vie selon leurs besoins et exigences mais aussi leurs attentes vis-à-vis de la fiabilité, l’utilisation et la durée de contraception désirée. Celle qui convient parfaitement à votre amie/sœur/collègue ne sera pas forcément adaptée pour vous d’où l’importance de vous informer et de vous faire conseiller par un-e professionnel-le afin de trouver la contraception qui vous conviendra et avec laquelle vous serez en confiance.

Vue de différentes méthodes de contraception
Photo de Reproductive Health Supplies Coalition sur Unsplash

Actuellement, la tendance à la contraception « classique » par pilule est en baisse. L’OFSP a publié dernièrement des chiffres qui renforcent ce constat. Selon cette publication, en 2017, 78% des femmes de 15 à 49 ans utilisaient un moyen de contraception. La contraception concerne donc une grande majorité d’entre nous. C’est un choix important !  

En Suisse, les moyens de contraception les plus communs sont le préservatif (42%) et la pilule (31%). En troisième place viennent le dispositif intra-utérin (DIU) hormonal chez les femmes (12%) et la stérilisation chez les hommes (15%).

Parcourons maintenant ensemble les différents types de contraception :

Contraception hormonale

Malgré une méfiance de plus en plus forte face aux hormones, elle est tout de même fréquemment utilisée. Une contraception hormonale peut être choisie pour son influence sur le cycle (régularisation du cycle menstruel ou induire une absence de règles) ou pour ses effets secondaires « désirables » (diminution des douleurs menstruelles, diminution de l’acné).

Il y a deux catégories de contraception hormonale : combinée (avec œstrogène et progestatif) ou progestative seule. La prise d’une contraception hormonale augmente discrètement le risque de cancer de sein, et d’autant plus en fonction de la durée du traitement. Au contraire de cancer du sein, les risques de cancer de l’ovaire et de l’utérus sont diminués sous contraception hormonale.

Contraception hormonale combinée
Elle inhibe l’ovulation, empêche l’implantation et épaissit la glaire cervicale ce qui empêche la progression des spermatozoïdes en direction de l’utérus. Il n’existe pas de contraception à longue durée d’action avec une action combinée. La prise est en principe cyclique, avec une pause d’une semaine par mois lors de laquelle des saignements surviennent. 

Les hormones sont transportées par la circulation sanguine. Les règles sont souvent moins douloureuses et moins abondantes que lors du cycle naturel. Les symptômes prémenstruels sont atténués. Les effets indésirables potentiels sont des nausées, prise de poids, troubles de l’humeur, maux de tête. Il existe de nombreuses préparations différentes dans les pilules combinées, dont certaines ont des effets qui peuvent être désirables (p.ex. effet anti-androgène si présence d’acné). Par contre, il existe un risque accru de thrombose (formation de caillot dans un vaisseau sanguin) avec toutes les préparations combinées. Ce risque doit être discuté avant la prescription avec chaque patiente en prenant en compte ses facteurs de risque (âge, tabagisme, antécédents, connue pour migraine ?). Cette méthode sera donc contre-indiquée dans certaines situations.

La contraception progestative
Elle inhibe la prolifération de la muqueuse utérine et empêche les spermatozoïdes de progresser en épaississant la glaire cervicale. C’est une méthode proposée aux femmes qui ne désirent pas ou ne peuvent pas utiliser une contraception contenant des œstrogènes (p.ex. endométriose). Elle induira chez la plupart des femmes des règles très peu abondantes ou une absence totale, mais peut aussi être responsable saignements irréguliers surtout dans les premiers mois d’utilisation. Les symptômes prémenstruels sont atténués. Il n’y a pas de risque de thrombose comme pour les contraceptifs combinés. 

Les effets indésirables potentiels sont des problèmes de peau, prise de poids, troubles de l’humeur, une diminution de la libido et apparition de kystes ovariens bénins pour le DIU avec progestatif. Les injections de progestatif peuvent conduire à une diminution de la densité osseuse (ostéoporose) si utilisées sur le long terme. 

Le DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) est placé lors d’un examen gynécologique dans l’utérus. Par le passé le stérilet était réservé aux femmes ayant déjà eu des enfants, mais ce n’est plus du tout le cas avec de nombreuses jeunes femmes qui sont ravies par cette solution qui agit sur une longue période !

Contraception non hormonale

De plus en plus de femmes souhaitent une contraception sans hormones. Parfois, après la prise de pilule ou autre contraception hormonale pendant des années, le souhait est de redécouvrir son corps sans l’influence de médicaments et de ressentir ses changements cycliques (le positif comme le négatif).

Il y a actuellement un véritable mouvement en faveur du cycle féminin au naturel, p.ex. le site Kiffe ton Cycle ou le livre Period Power by Maisie Hill.

Il existe diverses options (préservatif, DIU en cuivre) pour une contraception sans hormones dont la symptothermie qui associe la mesure de la température, observation de la glaire cervicale et signes entourant les jours d’ovulation.

L’efficacité de cette méthode demande une observation minutieuse et quotidienne, une rigueur importante. L’apprentissage de cette méthode peut prendre 3-6 mois et nécessite l’observation des consignes d’abstinence ou de protection supplémentaire (p. ex préservatif) pendant les périodes fertiles. 

Attention, cette méthode est difficilement praticable au cours de l’adolescence, le post-partum, en périménopause ou en cas d’irrégularité des cycles. C’est une méthode très intéressante pour les femmes cherchant une méthode non-hormonale et qui permet d’en connaître plus sur son corps et son cycle naturel. 

En permettant une bonne connaissance des périodes fécondes, ces méthodes peuvent aussi être utiles pour favoriser une grossesse si votre projet change.Il existe des applications qui peuvent vous aider dans cette démarche et vous faciliter les calculs de jours « fertiles » ou « sans risque ». 

Certaines App sont prévues comme aide à la fertilité, et soutiennent la démarche des méthodes FAB (fertility awareness-based methods) en facilitant la récolte de données utilisées par exemple pour la méthode de symptothermie (p.ex. Sympto, LilyPro, Lady Cycle) ou en utilisant des algorithmes (p.ex. Natural Cycle, Dot) qui décrivent une fiabilité de 93-95% (équivalente à la pilule). Il existe aussi d’autres méthodes qui sont moins fiables (85%) basées sur le calcul/calendrier, retrait avant éjaculation…) 

Contraception définitive

La stérilisation féminine est une solution définitive et chirurgicale. Elle peut être faite en cours de césarienne programmée, ou lors du séjour après un accouchement par voie basse. Dans ce cas, elle pourra être effectuée dans les 48h après l’accouchement par une incision sous le nombril de quelques cm. Le gynécologue pourra éventuellement profiter de la présence d’une péridurale pour faire l’intervention, ou alors une rachianesthésie sera effectuée. Si la stérilisation est faite en dehors de la période post-partum, elle se fera par laparoscopie sous anesthésie générale. L’intervention se fait en ambulatoire.

Dans tous les cas, il est important de discuter de la méthode de stérilisation qui sera utilisée avec votre gynécologue (mise en place de clips sur les trompes, coagulation et section des trompes, ou ablation complète des trompes). Le coût d’une telle intervention est non négligeable et un devis sera fait en avance pour votre accord.

Situations particulières

En post-partum
Les informations et conseils sont fréquents dans les maternités, mais ce n’est peut-être pas la période où l’on est la plus réceptive. Le message clé est que si vous ne désirez pas retomber enceinte rapidement, vous devez réfléchir à votre contraception et en période post-partum toutes les options ne sont pas possibles ! L’allaitement ne protège pas forcément d’une nouvelle grossesse. Il peut être contraceptif pendant les 8 premières semaines après l’accouchement uniquement si les conditions suivantes sont remplies :

  • Allaitement intensif avec au minimum 6 tétées par 24 heures, dont au moins une la nuit 
  • Allaitement maternel exclusif, sans complément de biberons (lait ou tisane) 
  • Pas de retour de couches

Les méthodes non-hormonales ne sont pas contre-indiquées (préservatif, DIU cuivre) par contre la méthode de calcul est difficile pendant cette période car il y a souvent une absence de règles et il est donc difficile de prédire l’ovulation.

Évitez une contraception combinée pendant les 6 semaines post-partum car il y a un risque de thrombose (formation de caillot dans un vaisseau) plus important.

Une contraception progestative est possible. Il est souvent conseillé de la commencer dès 3 semaines après la naissance pour ne pas interférer avec la mise en place de l’allaitement. La pilule progestative pourra être prescrite à votre sortie de la maternité, ou un DIU pourra être posé lors de votre contrôle post-partum (4-6 semaines après l’accouchement).

Allaitement
Il existe des craintes par rapport à la prise de contraceptifs hormonaux pendant l’allaitement. Il est vrai que la baisse de progestérone naturelle après l’accouchement favorise la montée de lait et la mise en place de l’allaitement. Passé ce moment de montée de lait, plusieurs études démontrent que la contraception progestative n’interfère pas avec le succès de l’allaitement (durée de l’allaitement, besoin de compléter, prise de poids du bébé). Les données concernant la contraception combinée (pilule oestro-progestative, anneau, patch) sont plus partagées, avec certaines études qui décrivent un effet négatif sur la durée de l’allaitement et de la quantité de lait produite.

On vous avait prévenu, la contraception est un sujet complexe ! Les options qui s’offrent à vous sont multiples (tant mieux) mais il faudra parfois plusieurs essais avant de trouver la méthode qui vous convient vraiment tant sur le plan physique que psychique. Que ce soit grâce à cet article, l’expertise d’un-e professionnel-le, les expériences d’autres femmes via la communauté MotherStories, informez-vous. Et puis surtout, si la méthode de contraception choisie ne vous convient pas, changez ! Il faut parfois un peu de temps avant de trouver la bonne.

Dr Yin Yin Dony-So

Dr Ying Ying Dony-So
Médecin spécialiste FMH gynécologue obstétricienne
info@espacegyneco.ch
www.drdonyso.com