Trois enfants, mille émotions, une logistique de haut vol et une maman au cœur grand ouvert. Ce mois-ci, on part à la rencontre de Nadia. Une femme ancrée, chaleureuse, qui nous partage son quotidien de mère de famille nombreuse avec sincérité, humour et justesse. Elle nous raconte sa maternité sans filtre, depuis un accouchement d’urgence évacué par les pompiers jusqu’aux défis très concrets du quotidien avec trois enfants.
Cette story a été soutenue par Petit Marché, l’app suisse de seconde main pour les familles, qui facilite les échanges d’objets du quotidien avec simplicité, confiance et impact positif.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Nadia, j’ai 42 ans. Je suis mariée avec Marcello et on a trois enfants : Matilde, 12 ans, Leonardo, 8 ans, et Serena, 6 ans. Ils sont tous nés au printemps, une jolie coïncidence de la vie. Je travaille à 50% dans une ONG qui s’appelle UrbaMonde, dans la com’, et je suis aussi consultante freelance. Bref, je jongle.
Tu évoques une entrée en matière assez rock’n’roll dans la maternité… Comment s’est passé ton premier accouchement ?
Le mot est bien choisi : rock’n’roll. On a longtemps parlé d’un accouchement « tragico-comique ». Avec douze ans de recul, j’arrive à en sourire. Mais sur le moment… j’ai vraiment frôlé la mort.
Tout est allé très vite, tellement vite que j’ai accouché chez moi, sans avoir eu le temps d’arriver à la maison de naissance. La sage-femme est arrivée juste à temps. L’accouchement s’est bien passé, mais le placenta ne s’est pas détaché complètement. J’ai commencé à perdre énormément de sang. Les pompiers ont dû m’évacuer en nacelle, depuis le 8e étage. J’étais faible, sonnée, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait.
Je me souviens très vaguement du moment où j’ai vu ma fille pour la première fois. J’étais entre deux mondes, entre deux douleurs, dans un trou noir. Et pendant plusieurs jours, mon compagnon a dû tout gérer seul, pendant que je récupérais lentement à l’hôpital.
Comment cette expérience a-t-elle influencé la suite ?
Elle a tout coloré. J’ai mis des années à comprendre que ce que j’avais vécu était un traumatisme. Et que cette fatigue extrême, cette fragilité, ce n’était pas « dans ma tête ». Grâce à une sage-femme, j’ai pu consulter une unité spécialisée à l’hôpital. Mettre des mots. Apprendre ce qui s’était vraiment passé. Me libérer de la culpabilité.
Les premières années avec ma fille ont été belles, mais très dures. J’étais souvent malade, très fatiguée, avec un sentiment de surcharge permanente. Il m’a fallu du temps pour retrouver un équilibre, et surtout, pour ne pas me sentir seule là-dedans.
Et puis il y a eu cette reconnaissance immense pour les sages-femmes. Elles m’ont sauvé la vie. C’est un métier que j’ai découvert dans sa puissance et sa beauté. Je leur voue une admiration profonde.
Et les grossesses suivantes ?
Quatre ans plus tard, Leonardo est arrivé. En avance d’un mois, le jour de la Fête des Mères. Un sacré cadeau surprise !
Cette fois, tout s’est passé à l’hôpital. J’ai eu la chance d’être accompagnée par un homme sage-femme, merveilleux. L’accouchement s’est bien déroulé, mais les mois qui ont suivi ont été intenses. Il dormait très peu, mangeait mal, et a mis longtemps à marcher. On a dû être patients, et très à l’écoute de son rythme. Moi, j’étais déjà fatiguée par les années précédentes, donc le cap a été difficile à passer.
Et puis, quelques mois plus tard : surprise ! Une troisième grossesse. Moins attendue, mais très bienvenue. J’ai perdu mon travail à la fin du congé maternité, un vrai coup dur. C’est hélas une réalité que vivent encore beaucoup de mamans. Mais malgré ce contexte tendu, la naissance de Serena a été magique. Douce, calme, lumineuse. Comme une respiration. Elle a été le rayon de soleil qui nous manquait.
Tu as donné un nom à chacun de tes accouchements : magique, surprise, calme. Que racontent-ils ?
Magique, pour ce premier moment, malgré tout. Cette bulle chez nous, cette intensité. Surprise, pour Leonardo, arrivé sans prévenir. Et calme, pour Serena, la seule à avoir respecté le timing… et dont la naissance a été d’une douceur qu’on attendait depuis longtemps.
À quoi ressemble une journée type chez vous ?
Aujourd’hui, c’est plus fluide. Les trois sont à l’école, aux mêmes horaires. On a instauré quelques rituels qui changent tout : on s’habille avant de petit-déjeuner (ça évite les disputes), et la grande emmène les trois à l’école. Moi, je travaille souvent à la maison.
Le soir, c’est plus sportif : entre les émotions, les devoirs, les activités, le repas à préparer… il faut garder le cap. Mais on tient à dîner tous ensemble, coûte que coûte. C’est notre moment. Et puis vient le rituel du coucher, les lectures, les câlins. Parfois c’est chaotique. Parfois c’est magique.
Quels sont les plus grands défis du quotidien ? Et les petites fiertés ?
Les défis, ce sont d’abord les sollicitations permanentes. J’ai parfois l’impression que mon prénom est devenu une sirène d’alarme : « Maman, Maman, MAMAN ! », du matin au soir. Ensuite, la logistique, qui est digne d’un centre de commande : gérer les trajets, les sacs, les rendez-vous, les courses, sans rien oublier. Et enfin, la gestion des émotions. Les leurs, souvent très fortes. Les miennes, parfois à fleur de peau. Et celles de notre couple, parce qu’on reste deux adultes là-dedans, avec nos propres charges.
Mais il y a les fiertés, aussi. Ces matins où tout s’enchaîne sans heurt. Ces soirs où un câlin suffit à désamorcer une crise. Et puis, ces voyages que je fais seule avec les trois. Quand on arrive à destination, ensemble, sans avoir perdu une chaussette ni la tête, je me dis : « OK, tu gères. »
Comment trouves-tu un équilibre entre vie perso, couple et enfants ?
C’est un défi permanent. Mais travailler à temps partiel me permet de mieux gérer. Et j’ai choisi un travail qui a du sens pour moi. Avec mon mari, on essaie de garder des moments à deux. Même si c’est juste un déjeuner. Mais c’est difficile, avec des agendas bien remplis, cela n’arrive que très rarement. Avec les enfants, je fais en sorte de créer des moments individuels. Ils sont tous différents. Et ils ont besoin d’être vus, chacun pour ce qu’ils sont.
Des rituels ou astuces qui vous facilitent la vie ?
Oui, plusieurs !
- Préparer les habits la veille.
- Donner deux choix (et éviter les débats infinis).
- Un rituel du soir clair, apaisant.
- Des tableaux collaboratifs : qui fait quoi, qui range quoi. Faits ensemble, ça marche mieux.
Pratiques-tu la seconde main ou le « recyclage » familial entre frères et sœurs ?
Absolument. Je suis une grande fan de la seconde main et du recyclage familial. Dès la naissance de ma fille aînée, on m’a prêté des habits, du matériel, et j’ai vite pris le pli de redonner à d’autres, de faire circuler, de transmettre. Aujourd’hui encore, ma dernière porte les habits soigneusement conservés de sa grande sœur, et on fonctionne beaucoup par échanges entre amies — ce qui crée d’ailleurs une belle solidarité entre mamans.
C’est un geste écologique, bien sûr, mais pas seulement. C’est aussi économique, et ça m’évite ce sentiment de consommation absurde pour des objets ou des vêtements utilisés quelques mois à peine. J’ai étudié dans le domaine de l’environnement, alors c’est une fibre très ancrée chez moi. Je fais de mon mieux, je répare ce que je peux (même les chaussettes !), je limite les achats neufs, j’essaie de transmettre des réflexes simples à mes enfants.
Mais je ne suis pas extrême : depuis qu’ils sont là, j’ai aussi revu certaines exigences. Il faut être efficace. On a une voiture, parce qu’elle nous est indispensable. Mais on a aussi un vélo cargo qui a changé notre manière de bouger. Et un compost, bien sûr. C’est tout un équilibre. J’essaie juste de faire ce que je peux, à ma mesure.

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