Césarienne : comment bien la vivre ?

L’accouchement est un moment unique dans la vie d’une femme, et parmi les différentes façons d’accueillir un enfant, la césarienne reste entourée de nombreuses idées reçues. Souvent perçue à tort comme un choix de confort, elle est en réalité une intervention essentielle, principalement pratiquée pour assurer la sécurité de la mère et du bébé. Dans cet article, la Dre Alexia Willame, gynécologue-obstétricienne à la Clinique Générale-Beaulieu, répond à nos questions pour aider les Mothers (-to be) à mieux vivre cette expérience. Elle explique les différentes formes de césariennes, les raisons médicales qui les motivent, et comment se préparer pour aborder ce moment sereinement. Il est essentiel de se rappeler que la césarienne peut tout à fait être vécue de manière positive.

En préparation en amont de l’accouchement & protocole :
Une césarienne programmée est planifiée à l’avance, souvent pour des raisons médicales, ce qui permet de préparer la mère physiquement et mentalement. Tout est organisé pour que l’intervention se déroule de manière sereine.

Une césarienne en cours de travail (césarienne d’urgence) en revanche, est réalisée en réponse à une situation imprévue (travail qui n’avance pas, par exemple), souvent avec peu de temps pour s’y préparer. Pour cette raison, il est essentiel de l’évoquer dans la discussion avec son gynécologue-obstétricien et lors des cours de préparation à la naissance.

Psychologiquement :
Une césarienne programmée est en général bien vécue par la mère, qui sait à l’avance ce qui va se passer. Elle a eu le temps de se préparer mentalement et de poser des questions à son équipe médicale.

Une césarienne en cours de travail peut être vécue moins sereinement en raison de l’urgence médicale et du sentiment de perte de contrôle. Elle peut entraîner une détresse émotionnelle plus importante, mais la confiance en l’équipe soignante aide et favorise un meilleur vécu.

Physiquement :
La césarienne programmée est réalisée dans des conditions optimales, ce qui peut réduire le risque de complications.

Dans une césarienne en cours de travail, l’état d’urgence peut nécessiter des interventions plus rapides et parfois engendrer des complications, ce qui peut influencer la récupération physique.

Récupération & rééducation :
La récupération après une césarienne programmée est optimale car le corps n’a pas subi l’effort du travail avant l’intervention. Après une césarienne en cours de travail, la récupération peut nécessiter plus de temps, car la mère est déjà passée par une partie du travail d’accouchement avant l’opération. Dans les deux cas, une bonne gestion de la douleur post-opératoire, des soins appropriés de la cicatrice, ainsi qu’une rééducation périnéale et abdominale sont essentiels pour une récupération optimale. Les consultations avec des physiothérapeutes, des kinésithérapeutes spécialisés ou des sages-femmes peuvent être bénéfiques. Une attention particulière à l’impact psychologique de l’urgence et du geste chirurgical doit être portée dans le post-partum, avec un soutien adapté si nécessaire (rediscussion avec l’obstétricien et l’équipe, éventuelle proposition de soutien psychologique ou de séances d’hypnose).

À noter qu’avant une césarienne (et même un accouchement voie basse), il est recommandé une préparation physique, comme des exercices de renforcement musculaire doux ou du yoga prénatal, qui peuvent aider à améliorer la récupération après une césarienne. Cela peut inclure des exercices ciblés sur les muscles abdominaux et pelviens.

Une césarienne programmée est planifiée à l’avance en raison de certaines conditions médicales qui peuvent rendre l’accouchement par voie basse risqué pour la mère ou le bébé. Voici les principales indications médicales pour une césarienne programmée :

  • Placenta prævia : Le placenta est situé trop bas dans l’utérus, couvrant partiellement ou totalement le col de l’utérus, ce qui empêche un accouchement par voie basse.
  • Position du fœtus : Si le bébé est en position transverse (couché sur le côté) ou en présentation du siège (fesses en bas), surtout si la version par manœuvres externes a échoué ou est contre-indiquée.
  • Grossesse multiple : Dans le cas de jumeaux, triplés ou plus, une césarienne peut être indiquée, surtout si le premier bébé n’est pas en position tête en bas.
  • Antécédent de césarienne(s) : Si une femme a déjà eu une ou plusieurs césariennes, en fonction du type de cicatrice utérine et des conditions de la grossesse actuelle, une nouvelle césarienne peut être indiquée pour éviter le risque de rupture utérine.
  • Macrosomie fœtale : Lorsque le bébé est très gros (généralement plus de 4,5 kg), il peut y avoir un risque accru de complications lors d’un accouchement par voie basse, comme une dystocie des épaules.
  • Malformations fœtales : Certaines malformations congénitales, comme l’hydrocéphalie ou le spina bifida, peuvent nécessiter une césarienne pour éviter des complications pendant l’accouchement.
  • Infection maternelle : Si la mère est porteuse de certaines infections actives au moment de l’accouchement, comme le VIH ou l’herpès génital avec lésions actives, une césarienne peut être recommandée pour réduire le risque de transmission au bébé.
  • Hypertension artérielle sévère ou prééclampsie : Une césarienne peut être planifiée si la santé de la mère est menacée par une prééclampsie sévère ou une hypertension artérielle non contrôlée, ou si le bébé montre des signes de souffrance.
  • Autres pathologies maternelles : Certaines conditions médicales maternelles comme des cardiopathies graves, des maladies respiratoires sévères, ou des affections neurologiques peuvent rendre un accouchement par voie basse dangereux.
  • Anomalies du bassin maternel : Un bassin trop étroit ou de forme anormale peut rendre un accouchement par voie basse difficile voire impossible.

Ces indications sont évaluées par le gynécologue-obstétricien en fonction des spécificités de chaque grossesse, avec l’objectif de minimiser les risques pour la mère et l’enfant.

Un antécédent d’une, ou surtout plusieurs césariennes, peut augmenter les risques lors des grossesses futures, notamment le risque d’anomalie de localisation ou d’insertion du placenta ou de rupture utérine. C’est pourquoi un suivi médical attentif est proposé pour les grossesses suivantes.

Oui, il est possible d’accoucher par voie basse après une césarienne (on parle alors de « VBA2C » ou « AVAC »). Les conditions incluent notamment une cicatrice utérine bien située et d’épaisseur suffisante, une grossesse sans complication, et un intervalle idéal de 18 mois entre les deux accouchements. L’indication de la première césarienne doit également être prise en compte dans la discussion. Pour se préparer, il est conseillé de bien discuter avec son obstétricien, de se renseigner sur les risques et avantages, et d’opter pour un accompagnement médical dans un environnement où une césarienne peut être réalisée rapidement si nécessaire.

Il est important de s’informer sur le processus d’une césarienne, même si l’on souhaite accoucher par voie basse. Cela inclut de discuter avec son médecin obstétricien ou sa sage-femme, de poser des questions, de comprendre pourquoi une césarienne peut être nécessaire, et d’avoir un plan de naissance flexible. Apprendre des techniques de relaxation et de gestion du stress peut aussi être bénéfique pour faire face à une situation imprévue.

Une césarienne participative, ou « césarienne douce », est une procédure où l’on tente de rendre l’expérience aussi proche que possible d’un accouchement vaginal. Elle peut inclure une anesthésie plus légère, une ambiance personnalisée (lumière, musique, par exemple) en salle d’opération, la possibilité pour la mère de voir son bébé naître en abaissant le champ opératoire, et un contact peau à peau immédiat. Dans certaines conditions, on peut proposer au papa de couper le cordon ombilical.

Peut-on la pratiquer lors d’une césarienne programmée et celle en cours de travail ?
Cette approche est plus couramment pratiquée lors de césariennes programmées, où il est plus facile de mettre en place les conditions optimales. Cependant, certaines des techniques de la césarienne douce peuvent être adaptées à une situation d’urgence si le contexte le permet.

Peut-on la pratiquer à la Clinique Générale-Beaulieu ?
Cela dépend de la situation médicale et de votre gynécologue-obstétricien. Il est recommandé de discuter de cette possibilité avec l’équipe médicale à l’avance.

Le partenaire joue un rôle crucial pendant une césarienne, en particulier d’urgence. Il peut être un soutien émotionnel, aider à maintenir la connexion avec le bébé immédiatement après la naissance (peau à peau avec le 2e parent et participer activement aux décisions concernant le bébé pendant que la mère se remet de l’intervention.

Il est essentiel de se rappeler que la césarienne est une intervention qui sauve des vies, à la fois pour la mère et pour le bébé. Bien que ce ne soit peut-être pas l’accouchement que vous aviez envisagé, l’expérience peut être vécue comme positive. Discutez ouvertement de vos craintes avec votre médecin, informez-vous et gardez en tête que le plus important est votre santé et celle de votre bébé.

Enfin, il est possible que certaines mères s’inquiètent du délai du lien avec leur bébé suite à une césarienne. Le lien est tout aussi fort et immédiat, surtout avec des pratiques comme le peau à peau dès que possible, et l’allaitement.

Il est important de reconnaître que la césarienne, particulièrement d’urgence, peut être vécue comme un traumatisme. Certaines mères peuvent ressentir un sentiment de deuil de l’accouchement qu’elles avaient imaginé. Il est normal de ressentir une certaine tristesse, déception, ou même de la colère après une césarienne en cours de travail. Ces sentiments n’enlèvent rien à votre valeur en tant que mère. N’hésitez pas à parler de votre expérience et de vos émotions à votre médecin, à des professionnels ou à des groupes de soutien. Un soutien psychologique post-partum est parfois nécessaire pour surmonter ces sentiments. Les équipes sont là pour vous aider dans cette situation.

Mais rappelez-vous, vous avez fait ce qu’il fallait pour assurer la sécurité de votre bébé, et cela mérite d’être reconnu et célébré.

Nous espérons que cet article écrit par la Dre Alexia Willame, en collaboration avec la Dre Carol Jungo Nançoz, vous a apporté des réponses et un peu plus de sérénité quant à l’éventualité d’une césarienne. N’oubliez pas que chaque parcours de maternité est unique. Chez MotherStories, nous sommes toujours là pour vous accompagner, à chaque étape de votre maternité, et pour toute question ou inquiétude, votre gynécologue ou sage-femme reste votre meilleur allié. N’hésitez pas à rejoindre nos groupes WhatsApp dédiés et à consulter notre réseau de thérapeutes en ligne pour trouver du soutien.

Dre Alexia Willame, gynécologue obstétricienne, Clinique Générale-Beaulieu

Dre Alexia Willame
FMH en Gynécologie et Obstétrique

Chemin Beau-Soleil 22
1206 Genève
T. +41 (0) 22 781 53 80
cabinet.willame@hin.ch
alexiawillame.ch