Chez MotherStories, nous parlons surtout de la grossesse et des premiers mois avec bébé. Aujourd’hui, nous avons l’occasion d’aborder l’étape d’après grâce à Hélène, une maman de 3 garçons âgés de 9, 11 et 13 ans. Comment élever une fratrie avec un mari qui a souvent été absent une partie de l’année pour son travail et plusieurs déménagements à l’autre bout du monde (France, Nouvelle-Zélande, Suisse) ? Quelle organisation mettre en place pour que tout roule “à peu près” et gérer, à la fois, travail, éducation, activités extra-scolaires, entretien de la maison et prises de bec fraternelles ? Hélène partage avec nous son quotidien de famille nombreuse et son expérience en toute transparence et humilité.
Hélène peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 41 ans. Je suis la maman de trois garçons que j’appelle affectueusement numéro un, numéro deux et numéro trois. Je suis une professionnelle de l’organisation, activité que j’ai exercé en entreprise et à présent auprès de particuliers comme Home Organiser. Je suis aussi l’autrice du blog Ma Famille Organisée dans lequel je parle organisation familiale avec humour et bonne humeur.
Nous habitons à La Neuveville dans le canton de Berne depuis le mois d’Août 2021 après 7 ans passés en Nouvelle-Zélande. Les enfants avaient 2, 4 et 6 ans à notre arrivée à Wellington et nous venions directement de leur Bretagne natale. Depuis que nous sommes parents, nous avons changé 4 fois de maison et 2 fois de pays. Je ne veux plus voir un carton de Lego avant un moment !
Comment as-tu vécu la maternité ?
De ma première grossesse jusqu’aux 6 ans de mon ainé, nous étions dans la même région que ma famille et ils ont toujours été là si besoin mais au quotidien nous n’avions pas d’aide logistique. Quand ils n’étaient pas avec leur maman de jour où à l’école, ils étaient avec moi. Nous étions aussi les premiers de nos amis à avoir des enfants, du coup, nous n’avions pas grand monde avec qui parler parentalité ou avec qui partager nos doutes.
A partir de 2014, nous nous sommes retrouvés seuls au bout du monde ce qui n’a pas toujours été évident en tant que parents. Heureusement, au fil des années là-bas, j’ai pu me faire de merveilleuses amies qui m’ont aidé à devenir une meilleure maman que je n’aurais été sans elles.
Quel aspect de ton expérience de la maternité as-tu envie de partager avec la communauté MotherStories ?
Ces 13 dernières années m’ont appris qu’il fallait toujours savoir s’adapter aux changements qui surviennent dans nos vies qu’ils soient délibérés (une expatriation, une reprise d’études ou l’arrivée d’un 3e enfant) ou subis ( une nounou qui vous lâche, votre propriétaire qui vend la maison ou un pépin de santé).
Je voudrais aussi rassurer les mamans qui, comme moi à l’époque, trouvent que la petite enfance s’apparente parfois à être prise dans le tambour d’une machine à laver en mode essorage, qu’avec les années beaucoup de choses deviennent plus faciles à gérer. Alors oui, avec de grands enfants, les problèmes ont tendance à devenir plus complexes, mais personnellement, je suis beaucoup plus épanouie en tant que maman depuis qu’ils sont plus grands.
3 garçons… Aurais-tu aimé avoir une fille ?
Je n’ai jamais eu de préférence. Si j’avais eu une fille, j’aurais aimé lui transmettre la force de l’empowerment des femmes dans la société d’aujourd’hui. A la place, je sensibiliserai et éduquerai mes garçons pour qu’ils deviennent de parfaits gentlemen.
3 enfants, est-ce le nombre idéal ?
Pour nous oui. On s’est toujours dit que 3 ça nous correspondrait bien car ça bougerait beaucoup et on ne s’est pas trompés (rires) ! Je me considère chanceuse d’avoir eu le nombre d’enfants désirés sans difficultés et sans problèmes de santé. Nombre de parents n’ont pas ce luxe.
Tu as vécu les 6 premières années de vie de tes enfants comme une maman solo car ton mari était absent très souvent pour le travail. Comment as-tu fait ?
Mon mari travaillait sur des tournages la moitié de l’année jusqu’à notre départ en Nouvelle-Zélande. J’ai dû gérer le quotidien avec 1, puis 2 puis 3 bébés toute seule tout en travaillant à temps plein. Ce qui m’a sauvée, c’est la mise en place d’une organisation militaire et une super maman de jour sur qui compter.
Les enfants se levaient, mangeaient, se lavaient et se couchaient à heure fixe tous les jours, sans exception, même en vacances. A chaque sortie de la maternité, j’essayais de synchroniser le plus rapidement possible les heures de siestes et de coucher pour pouvoir faire tourner la maison pendant qu’ils dormaient.
Certes, j’étais seule pour gérer les enfants et la maison, mais je ne me suis jamais comparée à une maman solo car j’ai toujours pu compter sur mon mari le soir au téléphone pour lui faire part de mes doutes, pour qu’il me rassure et me conseille.
Par contre, quand il était là, je me reposais entièrement sur lui pour tout. Il s’est toujours impliqué dans l’éducation des enfants. Il ne m’a jamais “aidée”, il était un parent à part entière.
Qu’est ce qui est le plus difficile à gérer quand on est parents de 3 garçons ?
Les disputes. Il y a moins de 2 ans d’écart entre chaque enfant et ils ont les mêmes centres d’intérêt alors forcément ça créé des chamailleries mais mon frère à trois filles aussi rapprochées et c’est la même chose chez lui ! Le plus difficile à gérer finalement ce sont les réflexions et les préjugés des gens qui pensent que parce que tu as trois garçons c’est forcément la foire et qu’ils ne lèvent pas le petit doigt pour aider.
En pratique, comment les gérer ?
En grandissant, les disputes sont devenues de plus en plus physiques surtout quand les 2 grands ont eu 5 et 7 ans. On nous avait donné le conseil de les autoriser à se taper en fixant des règles (pas le visage ni en dessous de la ceinture) sans intervenir. Comme nous avions l’impression d’avoir tout essayé, on a tenté. J’avoue que je n’étais pas à l’aise, mais miracle, ça a marché ! Quand on leur a dit que nous n’interviendrions plus s’ils se tapaient, ils ont été totalement déstabilisés. Ils ont compris que ce n’était plus de cette façon qu’ils attireraient notre attention. Aujourd’hui, les disputes sont principalement verbales, heureusement.
Et émotionnellement ?
Au début je m’interposais toujours. J’endossais le rôle de médiateur mais, petit à petit, j’ai appris à les laisser faire et à me détacher de leurs problèmes même si c’est difficile ! Après une grosse dispute, je leur demande d’en parler entre eux pour savoir si et comment ils auraient pu éviter l’éviter. Ils détestent l’exercice mais, grâce à cette technique, ils ont appris à mieux réagir et gérer leur frustration.
Au final, se disputer entre frères et sœurs, ça fait partie de la vie ! Pour apprendre, ils doivent expérimenter.
Quelles valeurs souhaitez-vous leur transmettre ?
Nous essayons de leur inculquer l’empathie, l’ouverture d’esprit, l’entraide, l’affirmation de soi et la persévérance. Ils sont très proches les uns des autres, notre famille est très soudée et encore plus depuis notre expatriation en Nouvelle-Zélande. Nous avons tendance à tout faire à cinq, le ménage comme les loisirs.
Quel genre de parents êtes-vous ?
Nous avons des règles strictes à la maison pour tout ce qui est participation à la vie de famille, la gestion de la maison, des repas, des écrans, les devoirs ce genre de choses. En contrepartie, nous passons énormément de temps avec eux à parler, à jouer et à partager leurs centres d’intérêts.
Je ne sais pas si nous sommes cool, mais en tout cas nous laissons toujours nos enfants s’exprimer et donner leur avis sur la manière dont nous vivons ensemble. Nous avons même des réunions de famille régulières comme dans les sitcoms américains des années 90 (rires) ! Ils savent qu’ils peuvent parler de TOUT avec nous, sans jugement et ils ne s’en privent pas (rires).
Quels conseils donnerais-tu à d’autres parents qui ont une grande tribu ?
Premier conseil : simplifiez-vous la vie au maximum et, dès que possible, laissez vos enfants faire que ce soit pour la gestion de leurs émotions, pour ramasser leur linge sale ou ranger les courses. Avec plusieurs enfants, on n’a pas le choix !
Deuxième conseil : ne vous oubliez pas dans votre vie de maman. Une famille nombreuse demande du travail certes mais pour moi la maternité ne doit être ni un sacrifice, ni une démonstration de force permanente. Si mon mari et moi allons bien, les enfants iront bien même si tout ce qui est mentionné dans le guide du parent parfait n’a pas été respecté.
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