Mercedes est maman de deux enfants de treize et onze ans lorsque la famille accueille Chayan, âgé d’un an et deux mois et originaire de Thaïlande. Pour elle et son mari, l’adoption était un projet de famille commun, une souhait de cœur : celui d’offrir une vie meilleure à un enfant sur Terre. A travers le récit de leur parcours familial, elle témoigne de la profondeur d’un tel choix et exprime sa vision de l’amour inconditionnel pour ses trois enfants.
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Mercedes, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Mercedes, j’ai 54 ans et suis Genevoise. Je suis mariée à Claudio. Nous vivons à Coppet, et avons trois enfants : Victoria (29 ans), Vincent (26 ans), et Chayan (17 ans). Je travaille dans une banque privée de la place genevoise.
Vous avez adopté Chayan en ayant deux enfants biologiques, pourquoi avoir voulu adopter ?
Avec mon mari, nous avions ce désir d’adopter car nous avions, chacun, en nous le volonté de rendre la vie meilleure à un être. Nos enfants ont eu la chance d’être en bonne santé, d’aller à l’école, de vivre confortablement. Nous avons voyagé avec eux, et en voyageant, on se rend compte de la souffrance et de la pauvreté dans le monde. Cela nous a motivé à adopter, et notre décision a été très simple et naturelle.
Comment s’est déroulé le processus d’adoption en Suisse ?
Le processus d’adoption est assez long, mais il n’est pas compliqué. Nous sommes passés par l’autorité centrale cantonale genevoise en matière d’adoption (ACC Ge) rattachée au DIP avec une réunion d’information générale qui détaille aux futurs parents intéressés les conditions d’adoption en Suisse, les engagements de la Suisse auprès de certains pays, les quotas d’adoption, etc…
Si l’on est intéressé, il y a ensuite un dossier à remplir avec plusieurs documents administratifs qui font état de notre situation et de notre vie privée (attestations employeur, de banque, de logement…). Cela permet à l’ACC Ge de donner au pays de l’enfant adopté un maximum d’informations et garanties sur les parents adoptifs. En 2008, la Suisse avait des accords en Asie, avec la Thaïlande et le Vietnam notamment, en Afrique, en Amérique du Sud, ou encore en Europe.
Vient ensuite le choix du pays d’adoption. Pour nous, cela a été compliqué car nous voulions avant tout adopter un enfant quel qu’il soit, sans choisir un pays en particulier. Mais cet aspect administratif est nécessaire. Vous pouvez également choisir d’adopter un enfant seul, fille ou garçon, ou une fratrie.
Nous avons ainsi dû formuler des choix, comme la Thaïlande, et nous avons coché les cases fille et garçon, et celle de la fratrie.
Pourquoi avoir choisi la Thaïlande ?
Parce que nous devions faire un choix. Michel, le meilleur ami d’enfance de mon mari, est suisse et vit en Thaïlande où il s’y est marié et a deux enfants. Il est enseignant à l’université de Khon Kaen. Nous avons donc choisi la Thaïlande pour ce lien mais nous aurions pu choisir le Vietnam, la Colombie, ou un pays d’Afrique.
Comment vos enfants biologiques ont-ils réagi à cette décision ? Quel âge avaient-ils ?
Victoria et Vincent avaient neuf et sept ans quand nous avons lancé la procédure d’adoption. A cet âge là, ils ne comprennaient pas vraiment pourquoi leur maman ne voulait pas avoir un enfant naturellement. Mais tout au long de la procédure, nous leur avons expliqué notre intention. Et c’est véritablement quand Chayan est arrivé dans notre foyer, en novembre 2008, qu’ils ont réalisé et pris conscience de tout l’amour que portait notre projet d’adoption. En grandissant, ils ont encore mieux compris. Et aujourd’hui, ils en sont fiers.
Quels ont été les défis émotionnels et psychologiques liés à l’adoption pour chacun de vous au sein de la famille et pour Chayan ?
Je ne parlerais pas de défis émotionnels. L’étape qui a été la plus marquante, je dirais, a été notre passage chez le psychologue. Cela fait partie du processus de l’ACC Ge afin de vérifier notre état émotionnel et psychologique. Nous avons tous les quatre été interviewés séparément. Les enfants étaient petits, ils ont dû répondre à des questions piquantes comme « accepterais-tu d’avoir un petit frère ? ». A Vincent, « est-ce que tu accepterais de laisser ta place de petit dernier à un autre enfant ? ». Des questions plutôt inattendues pour un enfant. Pour nous, adultes, je me souviens avoir eu la question « madame, aimerez-vous votre fils adoptif, comme vous aimez vos propres enfants ? ». Pour moi, cela était évident, poser la question n’avait pas de sens, parce que si l’on est dans cette démarche, c’est que notre amour pour l’enfant adopté est tout aussi inconditionnel que celui pour nos enfants. Pour mon mari, cela a été facile aussi. Nous n’avons donc pas vécu cela comme un défi psychologique, mais comme une étape psychologique dont nous nous souvenons tous les quatre.
Comment s’est passée l’arrivée de Chayan dans votre famille ? Quel âge avait-il ? Comment s’est-il adapté à la vie Suisse ?
Chayan est arrivé en Suisse à l’âge d’un an et trois mois. C’était en novembre 2008, un hiver déjà très froid, avec des températures négatives. Lui qui venait d’un climat chaud et humide, il a dû s’adapter ! Mais ça s’est normalement bien passé. Nous avons passé nos week-ends en montagne et il s’est habitué au froid.
A l’orphelinat, Chayan avait ses habitudes. Nous les avons respectées : il prenait notamment son biberon par terre sur le tapis du salon ou bien sur le carrelage de la cuisine. Nous l’avons laissé faire. Nous nous sommes tous adaptés.
Comment votre entourage a-t-il réagi à votre décision d’adoption ? Aviez-vous évoqué la procédure auprès de vos proches ?
Au début, nous n’avons pas parlé de notre projet à nos proches. Nous avons préféré garder cela pour nous, et laisser la procédure suivre son cours. Nous les avons informés quand notre dossier a été validé. Et ils l’ont très bien accueilli, en nous félicitant, et sans être étonnés de notre démarche, car ils nous connaissaient très bien. Ils ont donc réagi avec amour, et nos parents ont tous accueilli Chayan comme leur petit-fils.
Avez-vous des moments particuliers ou rituels avec Chayan pour honorer ses origines thaïlandaises ?
Depuis l’arrivée de Chayan, nous avons fait plusieurs voyages en Asie et à l’orphelinat dans le but de lui montrer d’où il vient, ses origines. Même lors de voyages culturels, nous passons par Bangkok et l’orphelinat. Pour toute la famille, et pour lui, c’est normal et facile. Il nous a vite dit que dans ce pays, « il y a beaucoup d’enfants qui me ressemblent. On se ressemble tous ici. ». Chayan est un enfant très typé thaïlandais, et à chaque fois que nous y sommes, il en fait la remarque.
Chayan connaît-il son histoire ? Quelle est votre approche vis-à-vis de sa famille biologique ? Pourra-t-il, s’il le souhaite, retrouver ses parents biologiques plus tard ?
Chayan est tout à fait au courant de son histoire, de la procédure d’adoption, de pourquoi et comment il a été adopté. Chayan est né à l’hôpital de Chonburi (au sud est de Bangkok). Sa maman biologique lui a donné son prénom, mais elle a accouché sous une fausse identité. Il n’est pas possible, ni pour nous, ni pour l’Etat, de retrouver sa maman biologique. C’est quelque chose malheureusement d’assez courant en Thaïlande. Dans ces cas-là, l’administration de la ville effectue des recherches pour retrouver le nom de la maman biologique, et lorsqu’il n’y a pas d’identification de la mère biologique, au bout de six mois environ, l’enfant obtient le statut d’enfant adoptable.
Quelles leçons avez-vous tiré de cette aventure de parents adoptifs ?
Pour nous c’est véritablement une jolie aventure et une grande réussite, avec beaucoup d’amour ! Avec des soucis aussi bien sûr, comme avec tous les enfants et nos propres enfants. On est actuellement dans l’adolescence.
Pour nous, Chayan est notre enfant. Nous ne faisons aucune différence entre entre Chayan, Victoria et Vincent, ils sont tous les trois nos enfants, nous leur donnons le même amour.
Quel conseil donnerais-tu à des familles qui envisagent l’adoption ?
Adopter est avant tout une décision personnelle et très profonde. Ce n’est pas seulement se voir attribuer un enfant, c’est bien plus que cela. C’est avoir envie d’accueillir un enfant, de lui donner de l’amour, de lui offrir une famille, une structure, une éducation.
Je n’ai pas forcément de conseil à donner, mais c’est une décision très très personnelle qui doit venir du plus profond de soi. Le but, c’est que l’enfant se sente bien, dans un foyer à lui, et aimant.
Que peut-on vous souhaiter de meilleur, à toute votre famille, pour aujourd’hui et demain ?
Ma philosophie de vie est assez simple : celle d’avancer dans la vie, sans se poser trop de questions, mais avec amour, respect et partage. C’est ça, la famille. Je souhaite le meilleur à mes enfants, que Vicky, Vincent et Chayan soient toujours ce trio magique de fratrie idéale, et ce malgré les écarts d’âge. Ça ne les empêche d’ailleurs pas d’être très liés. Finalement tout s’est fait simplement parce que nous n’avons rien forcé. Nous avons fait les choses naturellement, comme aller à l’école publique, à la crèche, faire des activités avec des camarades, en vivant une vie normale. Donc, vous pouvez nous souhaiter de toujours avancer en famille, dans le respect et dans le partage, de traverser la vie, et de veiller les uns sur les autres.
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