BoobStory Laura : allaiter entre doutes, téterelles, DAL et persévérance.

Chaque année en septembre, la semaine suisse de l’allaitement remet ce sujet au cœur des conversations. Et c’est tant mieux. Parce que l’allaitement est bien plus qu’un geste nourricier : c’est un choix intime, parfois une évidence, parfois un combat, souvent un mélange d’émotions contradictoires. Chez MotherStories, nous croyons qu’il est essentiel d’en parler autrement : sans injonction, sans jugement, mais avec authenticité. Car chaque maternité est unique, chaque bébé aussi. Et derrière chaque parcours, il y a une histoire. Aujourd’hui, c’est celle de Laura, maman de Leonardo (20 mois), qui nous confie son expérience.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Laura, j’ai 35 ans, je suis la maman du petit Leonardo, 20 mois, et mariée à Hugo. Nous formons une petite famille de trois. Je travaille dans l’administratif, dans le domaine de la médecine légale, au CMU près des HUG à Genève.

Avant la naissance, comment voyais-tu l’allaitement ?
Avant la naissance de Leonardo, je ne pensais pas allaiter. Ce n’était pas quelque chose qui m’attirait. J’avais déjà vécu deux mastites pendant ma grossesse, ce qui est assez rare, et je redoutais les douleurs. Je me disais : « si j’ai déjà des mastites alors qu’il n’est pas encore né, qu’est-ce que ce sera pendant l’allaitement ? ».

Au départ, j’étais donc plutôt partie sur l’idée de donner le biberon. Mais à l’approche de la naissance, mes réflexions ont commencé à évoluer.

Comment se sont passés les débuts à la maternité ?
Leonardo est né par césarienne. Très vite, on me l’a mis au sein. Mais dès le premier jour, les sage-femmes m’ont dit qu’il ne prenait pas assez de poids et qu’il tétait mal. On m’a rapidement proposé des compléments au biberon, puis aussi des téterelles. Comme je débutais et que je ne savais pas quoi faire, j’ai accepté. Avec le recul, je pense que ça a compliqué les choses et que j’aurais préféré qu’on me laisse un peu plus de temps.

Ensuite, on m’a parlé du DAL (dispositif d’aide à l’allaitement). C’était lourd à gérer : pour moi, pour Leonardo et pour mon mari. Je devais tirer mon lait sans arrêt, les sage-femmes me pressaient les seins, je me sentais sous pression. Je m’attendais à plus de douceur et d’accompagnement. À la place, j’ai vécu des débuts très durs, physiquement et émotionnellement.

Tu dis que tu as failli abandonner. Qu’est-ce qui t’a aidée à continuer ?
De retour à la maison, ma sœur (doula) m’a conseillé une sage-femme spécialisée en allaitement. Grâce à elle, j’ai compris que Leonardo savait très bien téter et qu’il n’avait pas besoin ni de DAL, ni de téterelles. Mais après plusieurs semaines d’utilisation, il a fallu tout réapprendre. J’étais épuisée, tentée d’abandonner. Beaucoup de proches me disaient de passer au biberon. Mais je ne voulais pas. Je me répétais : « on va y arriver ».

Le soutien de ma sœur, de ma sage-femme et de quelques amies m’a aidée à tenir bon. Et surtout, Leonardo a été incroyable. Même quand le DAL coulait partout, il s’accrochait. Ses progrès, les pesées rassurantes, les encouragements de mon entourage… Tout cela m’a redonné confiance.

Quel rôle ont joué ton mari, ta sœur et ta sage-femme ?
Mon mari a eu un rôle essentiel. Il n’a pas seulement « aidé », il a été totalement présent. Nous nous levions ensemble la nuit pour gérer le DAL. Sans lui, je ne sais pas comment j’aurais fait. Ma sœur (doula) et ma sage-femme ont aussi été très importantes. Ma sœur venait souvent, me rassurait, me donnait des conseils. Elles m’ont permis de persévérer dans les moments de découragement.

As-tu un souvenir marquant de ton allaitement ?
Pas un moment en particulier, mais tout l’allaitement dans son ensemble. Les débuts ont été très difficiles, mais nous avons quand même tenu huit mois. Finalement, je trouve que nous avons assuré – Leonardo, mon mari et moi. Quand je repense à cette période, je ressens surtout de la fierté. L’allaitement restera toujours pour moi une expérience très forte.

Comment s’est passée la transition à la maison après la clinique ?
À la sortie, j’étais très angoissée. Je pensais repartir avec tout le matériel nécessaire pour le DAL, mais on ne nous a donné qu’une seringue. On nous avait vaguement indiqué où trouver des compléments, mais je ne savais pas comment m’organiser. Heureusement, une sage-femme venait régulièrement à la maison pour nous guider, commander le matériel et nous rassurer. Mais ce passage de la clinique à la maison a été très stressant.

Comment as-tu géré l’allaitement avec la reprise du travail ?
J’ai allaité jusqu’à ma reprise du travail, soit huit mois. J’ai pu prolonger mon congé de quatre mois sans solde. La reprise a été difficile, notamment de laisser Leonardo à la crèche. Je l’allaitais le matin avant de partir, le soir en rentrant, parfois la nuit. Mais je n’ai pas voulu tirer mon lait au travail. Nous avions une salle dédiée, mais je ne m’y sentais pas à l’aise.

Petit à petit, les tétées de journée se sont arrêtées. Restait surtout l’allaitement du matin et de nuit, mais rapidement, c’est devenu davantage du réconfort. Malgré cela, je suis heureuse d’avoir tenu huit mois, ce que je n’aurais jamais cru possible.

Quel conseil donnerais-tu aux mamans qui vivent un début d’allaitement compliqué ?
S’écouter. En tant que maman, on sent instinctivement ce qui est bon pour son enfant. Il faut oser dire les choses, que ce soit à l’hôpital, à la clinique ou à son entourage, et ne pas se laisser envahir par les peurs des autres. Même si parfois on doute, je suis persuadée que les mamans savent ce qui est le mieux pour leur enfant.

En un mot ou une phrase, que représente pour toi cette expérience ?
Cette expérience, malgré ses défis, m’a rendue plus forte et m’a appris à me faire confiance. Pour moi, elle restera magnifique.

Chaque maternité est unique. Chaque histoire d’allaitement aussi. Certaines allaitent, d’autres pas. Certaines choisissent le biberon, d’autres jonglent entre les deux. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon, il n’y a que la vôtre. Ce qui compte, c’est de s’écouter, de se faire confiance et de faire confiance à son bébé.

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