Bébé grandit. Il a maintenant 18 mois, 2 ans ou 3 ans. Il marche, il mange (presque) tout seul, il joue et commence à être de plus en plus indépendant mais qu’en est-il de l’apprentissage de la propreté et de l’introduction au pot ? Il s’agit d’une étape clé dans le développement d’un enfant et souvent, en tant que parents, nous nous mettons et nous leur mettons trop de pression dans sa réussite.

Vous avez sûrement déjà entendu : « à seulement 18 mois, ma fille a décidé de retirer sa couche toute seule sans aucun accident » ou « mon fils a eu 2 ou 3 accidents puis il a compris, il se lève la nuit quand il a besoin d’aller aux toilettes ». Oui, un enfant peut devenir propre à quelques mois comme après quelques années. Chaque enfant est différent et avance à son rythme, par étapes. 

L’apprentissage de la propreté est un sujet clé que nous souhaitions aborder chez MotherStories. Nous nous sommes donc tournées vers une spécialiste, Dre Aline Richard, spécialiste en pédiatrie à la Clinique de Carouge. Elle a répondu à toutes nos questions et surtout nous a donné des conseils pour accompagner nos enfants dans cette étape importante de la vie. 

Faut-il aborder le sujet de la propreté avec son enfant ou faut-il le laisser y venir naturellement? Si oui, à quel âge? 
On peut commencer à parler de la propreté à son enfant dès qu’il montre des signes d’intérêts ou qu’il questionne ses parents sur le sujet. Généralement, c’est entre l’âge de deux et quatre ans que l’enfant commence à être propre. Il y a de fortes variations entre les individus, et il est tout à fait normal que certains soient propres avant ou après cette tranche d’âge. Il faut savoir que l’entrainement et la mise sur le pot de manière précoce n’influence pas l’âge d’acquisition de la propreté. Votre enfant enlèvera sa couche quand il sera prêt, et le rôle des parents est de les accompagner dans cette découverte. 

Comment en parler sans leur mettre la pression? 
Il suffit d’utiliser un vocabulaire simple et de lui expliquer qu’il peut utiliser le pot ou un rehausseur de toilette s’il le souhaite. Certains livres pour enfants sont très bien faits (ex. Le roi est occupé) et permettent également d’aborder avec humour le sujet de la propreté avec les tout-petits. De manière générale, je vous recommande de ne jamais forcer l’enfant et de le laisser aller à son propre rythme. 

Qu’est ce que l’incontinence diurne et l’énurésie nocturne (primaire et secondaire)? 
L’incontinence diurne est une perte involontaire d’urine dans la journée, chez un enfant âgé de plus de 5 ans. 

L’énurésie (nocturne) est le fait d’avoir des mictions incontrôlées la nuit, après l’âge de 5 ans. 

On parle d’énurésie primaire lorsque l’enfant n’a jamais été propre plus de 6 mois de suite et d’énurésie secondaire si l’enfant a été auparavant propre pendant au moins 6 mois. 

Quel est l’âge moyen auquel un enfant devient propre?
Les chiffres varient en fonction des études. En moyenne, à 3 ans, 84% des filles et 53% des garçons ont acquis la propreté diurne (en journée). A 6 ans, les chiffres montent à 96 et 94%. 

L’énurésie nocturne concerne quant à elle 10 à 20% des enfants de plus de 5 ans. (Nous allons aborder ce sujet dans un article dédié). 

Généralement, les enfants deviennent propres en premier la journée. Certains enfants mettent parfois un peu plus de temps à acquérir la propreté, mais peuvent enlever leurs couches du jour au lendemain sans aucun accident. L’âge de la propreté est très variable d’un enfant à l’autre, et l’acquisition de la propreté peut être influencée par différents facteurs physiques et psychologiques. 

Y a-t-il une différence entre les filles et les garçons? 
L’énurésie (perte d’urine la nuit) est plus fréquente chez les garçons avec un ratio de 3 garçons pour 2 filles. Il y a également une prédisposition génétique, avec une augmentation du risque d’énurésie si un ou les deux parents ont été également concernés par cette problématique. 

Pour les garçons, vaut-il mieux leur apprendre à faire pipi debout ou assis? 
Je ne crois pas qu’il y ait de recommandation officielle sur ce sujet. Personnellement, afin de respecter une position physiologique, j’encourage les parents à proposer la position assise aux garçons comme pour les filles. Cependant si votre petit garçon est plus à l’aise pour uriner debout, il n’y a aucune raison de le forcer à s’asseoir. 

Faut-il commencer par les selles ou les urines? 
Certains enfants font facilement pipi en premier dans le pot, d’autre perçoivent plus facilement les signaux corporels de l’arrivée des selles. Je dirai qu’il faut laisser l’enfant choisir. 

Que pensez-vous des gommettes? Faut-il récompenser ou punir? 
Il faut à tout prix éviter les punitions. Si votre enfant n’est pas propre, ou s’il a quelques accidents, ce n’est pas de sa faute, mais uniquement parce qu’il a encore besoin de temps. Les gommettes peuvent être un bon outil pour encourager l’enfant, par exemple avec un semainier qui lui permettrait de coller une gommette pour les journées «au propre » et de visualiser sa progression vers la propreté. On évitera par contre de les utiliser comme un outil de récompense direct. 

Il y a souvent un blocage au niveau des selles. Comment leur expliquer? les accompagner ? 
Je pense qu’il est important de commencer à expliquer à son enfant ce que sont les selles et pourquoi elles sont éliminées de leur corps. Je conseille volontiers certains livres à lire en famille comme « La petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête » ou « L’ours qui faisait caca dans les bois », afin d’aborder ce sujet de manière plus ludique. 

Que faire en cas de constipation récurrente? 
Une constipation récurrente peut entrainer des difficultés dans l’acquisition de la propreté. La persistance de selles peut empêcher une bonne vidange de la vessie. 

En cas de constipation, votre enfant peut également avoir peur d’aller à selles et se retenir pour éviter de ressentir une douleur. Dans ce cas, il est important de traiter ce problème et d’en parler avec votre pédiatre. 

Des conseils techniques pour les parents qui débutent dans l’apprentissage de la propreté? 
On peut commencer par proposer le pot ou les toilettes les jours où on se trouve à la maison, dans un environnement familier et rassurant. L’enfant doit pouvoir facilement retirer ses vêtements ou pouvoir demander de l’aide à un adulte pour le faire. 

Utilisez un environnement rassurant et confortable, avec un tabouret sous les pieds de l’enfant afin de respecter une position physiologique, et un pot ou un rehausseur adapté à sa taille. 

Après quelques temps, les culottes d’apprentissage (semblable à une couche enfilable, avec une faible capacité d’absorption) sont un bon outil pour permettre à l’enfant de prendre conscience de l’arrivée des urines et de se rendre rapidement aux toilettes. 

En cas d’accident, il ne faut jamais punir ou gronder votre enfant. Prévoyez des habits de rechange et rassurez-le. Vous pouvez lui proposer de porter une couche le temps qui lui semble nécessaire. 

Je dirai qu’il faut avant tout faire confiance à votre enfant, et se souvenir que vous êtes là pour l’accompagner dans son cheminement vers la propreté. 

Dr Aline Richard
Spécialiste en pédiatrie, membre FMH
Clinique de Carouge
Av. Cardinal-Mermillod 1
1227 Carouge
022 309 45 20
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