C’est la première fois, depuis la création de MotherStories, que nous interviewvons une famille recomposée. Rendez-vous dans une jolie maison pleine de vie du canton de vaud où vivent Laetitia, Thierry, leurs 5 enfants : Matteo, Paul, Lisa-Marie, Alicia, Louis et leur super nounou, Lydie. Un remake de la série “7 à la maison” nouvelle génération où la mère au foyer et le père pasteur sont remplacés par des working parents divorcés/remariés/assumés.
Laetitia peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 40 ans. D’origine vaudoise, j’ai vécu 20 ans à Genève avant de revenir (sans regrets) dans le canton de Vaud il y a maintenant 2 ans presque et demi. Je co-dirige avec mon frère une entreprise de relocation. Mariée pendant 8 ans, j’ai eu 2 garçons, Matteo et Paul, le 1er à l’âge de 25 ans qui sont, aujourd’hui, âgés de 13 ans ½ et 10 ans. Après un divorce difficile et une longue période (5 ans) en tant que maman solo, j’ai enfin retrouvé l’amour et la joie de vivre avec Thierry, lui-même papa de 3 enfants, Lisa-Marie 13 ans ½, Alicia 10 ½ et Louis 8 ans. Unis comme jamais, nous nous sommes dits oui et avons célébré notre amour il y a quelques mois entourés de nos 5 enfants et de nos proches.
Comment vis-tu ce nouveau statut de famille recomposée ?
C’est intense mais merveilleux. Il a d’abord fallu trouver ses marques, un certain équilibre. Il faut apprendre à vivre ensemble ce qui implique certains ajustements. Honnêtement, les choses se sont mises en place assez vite et surtout naturellement. Les enfants étant grands c’est aussi plus facile pour eux de comprendre. Le rôle de chacun est très clair pour tout le monde. Nous occupons, Thierry et moi, une place importante dans la vie des enfants de l’autre mais jamais nous ne remplacerons leur maman et leur papa. Chacun a sa place et la respecte.
Les enfants s’entendent tous bien, quel est votre secret ?
Une alchimie naturelle (pour la petite histoire, il faut savoir que nos deux aînés sont nés le même jour de la même année), la chance mais aussi et surtout de l’espace ! Pour que la cohabitation soit saine et facilitée, il est important que chacun ait son espace, idéalement sa propre chambre. Les problèmes de jalousie et de rivalité entre frères et sœurs sont ainsi évités au maximum. Au sein de la fratrie, en fonction des âges, des périodes et des centres d’intérêts, certaines affinités ++ se créent spontanément.
Comment gérez-vous l’éducation des enfants?
Heureusement, Thierry et moi avons les mêmes valeurs ce qui, au final, compte le plus. Tout le reste n’est que détails et ajustements. Au quotidien, je suis plus stricte et Thierry plus cool. On s’autorise chacun, si justifié, de reprendre les enfants de l’autre. Si on n’est pas d’accord, on ne le montre pas devant eux. On règle nos comptes en privé et on accorde nos violons (rires). On a une fille au-pair, Lydie, qui est là depuis le début de notre nouvelle vie. Elle fait partie de la famille et nous aide énormément. Elle gère les devoirs des enfants ce qui est pour nous une grande charge en moins travaillant, Thierry et moi, à 200% chacun… Les enfants maintenant plus grands, Lydie ne travaille plus qu’à mi-temps mais elle vit toujours sous notre toit.
Quelles valeurs fondamentales souhaites-tu inculquer à tes/vos enfants ?
Le respect, l’honnêteté, l’amour et le partage.
Quel a été le plus grand ajustement dans ton changement de vie?
Le déménagement sur vaud il y a 2 ans. Une transition difficile pour mes fils qui ont changé de canton, de ville, d’école et surtout ce sont éloignés de leur père et leurs copains de l’époque. Les 6 premiers mois ont été chaud patate ! Mais aujourd’hui ni eux ni moi ne regrettons cette décision. Sinon, encore une fois, heureusement que Lydie est avec nous au quotidien. Elle est un peu notre 6e enfant et joue le rôle de grande sœur, d’ainée de la fratrie (sourire).
Maman de 2 + 3 enfants, working mum à 200% (tu co-diriges ta propre société), jeune épouse, comment concilies-tu tous ces rôles?
Nous avons un weekend sur deux où nous sommes les deux avec Thierry ce qui permet de nous retrouver… au calme (sourire). On passe beaucoup de temps tous ensemble mais on essaie aussi d’en passer chacun avec ses enfants. Par exemple, moi je passe tous les mercredis avec mes fils en faisant du home office. Je dois dire que je suis moins stressée depuis que j’ai ouvert un bureau à Lausanne ce qui m’évite de me taper les allers-retours quotidiens comme avant.
Sinon, d’un point de vue purement logistique et pratique, il faut s’organiser sous peine d’être rapidement dépassée. Ici, tout est pensé, cuisiné, lavé dans des proportions démesurées (rires). Les machines tournent non-stop, les rouleaux de PQ descendent à vitesse grand V et le congélateur est toujours plein à craquer. Après, il ne faut pas se leurrer, il faut être deux voire trois pour s’occuper de toute cette smala. En l’occurrence chez nous, Thierry aide beaucoup, c’est principalement lui qui cuisine et Lydie nous aide pour les trajets et les devoirs des enfants. Maintenant qu’ils sont plus grands c’est quand même plus facile. Ils savent, de plus en plus, s’occuper seuls et même le cadet de 8 ans suit le rythme de ses sœurs et de ses demi-frères, du coup ça roule.
Quels sont les moments les plus difficiles?
Je dirais quand il y a des conflits entre les enfants même si ceux-ci sont assez rares. Le pire est à venir avec l’adolescence… (rires).
Comment trouves-tu du temps pour toi?
De 5h50 à 6h20 le matin où je me force à faire une mini-séance de sport à la maison. Après, j’ai bien profité pendant mes 5 ans de célibat qui ont suivi mon divorce donc je ne ressens pas forcément le besoin de prendre du temps pour moi. Je me sens bien et épanouie quand on est tous ensemble, en famille. Avec Thierry, on aime bien manger en tête à tête le soir une fois que les enfants sont sortis de table avec un bon verre de vin. Des choses simples au final.
Aurais-tu un conseil pour les jeunes ou à venir familles recomposées ?
De l’espace et une app de gestion de planning (rires). La mienne si jamais est Tip stuff. Et puis, accepter de ne pas pouvoir tout gérer et lâcher prise.
Une femme que tu admires ?
Alors il y en a deux : ma mère et sa mère, ma grand-mère. La première, une vraie battante qui nous a toujours donné, à mes frères et moi, un amour inconditionnel. La deuxième, pour sa force de caractère, son positivisme à toute épreuve mais aussi le couple qu’elle formait avec mon grand-père. A travers eux, j’ai toujours cru en l’amour avec un grand A ce que je vis aujourd’hui avec mon mari.
Laetitia, que peut-on te souhaiter aujourd’hui pour demain ?
J’ai mis ma vie perso entre parenthèse pendant des années pour me focaliser sur mon travail. En tant que femme, on culpabilise toujours beaucoup car on souhaite bien faire mais surtout TOUT faire. Depuis que mon frère m’a rejoint dans l’aventure familiale, j’ai pu souffler, prendre du recul et revoir mes priorités. Souhaitez-moi donc du temps de qualité avec mes proches. A 40 ans, je sais ce que je veux et où je vais. Je vis enfin la vie dont j’ai toujours rêvé.
Un dernier message à faire passer ?
Si on m’avait dit il y a 5 ans que j’allais me remarier et former une famille recomposée de 5 enfants, j’aurais clairement rigolé ! J’étais la première de mes amies à me marier, la première à avoir des enfants mais aussi la première à divorcer. A 35 ans, je pensais donc être « out ». Mais, la vie est une succession de rebondissements et de challenges. Il faut se donner la permission et la chance de pouvoir recommencer, se réinventer. Tout est possible, cela ne tient qu’à nous.
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