BoobStory de Xenia : le bonheur dans le co-allaitement.

Allaiter est un geste naturel et d’amour. C’est la vision de Xenia qui a pratiqué le co-allaitement avec ses deux premiers enfants. A l’arrivée de son tout premier enfant, elle n’avait pas imaginé allaiter durant près de quatre ans, ni deux enfants en même temps ! Et bien que cela ait été difficile, Xenia a eu du mal à y renoncer tant l’allaitement était pour elle l’occasion de moments privilégiés avec ses bébés. Elle nous raconte.

Cette story a été soutenue par la Maternité Cecil à Lausanne, la clinique privée qui voit naître le plus de bébés dans le canton de Vaud. Plus de 350 heureux événements ont lieu chaque année.

Xenia, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Xenia, j’ai quarante ans, je suis Suissesse avec des origines françaises et serbes, je vis à Lausanne avec mon mari. Nous avons trois enfants, Gabrijel 5 ans, Sacha 3 ans et Anouchka 4 semaines. Je suis entrepreneure dans le marketing relationnel depuis plus de 10 ans. Je gère ainsi facilement mon emploi temps, et passe du temps avec mes enfants, et cela m’a permis d’avoir une grande histoire avec l’allaitement !

Avant d’avoir des enfants, que pensais-tu de l’allaitement ?
Avant la maternité, je pensais allaiter les trois premiers mois. Mais à l’arrivée de mon premier enfant, j’ai discuté avec la marraine de mon bébé. Elle m’a expliqué qu’elle allaitait encore son troisième enfant âgé de huit mois, et qu’elle comptait poursuivre jusqu’à son premier anniversaire, parce que c’était bon pour la santé du bébé. Après, elle pourrait passer au lait de vache. Son discours m’a plu pour les bienfaits sur la santé de mon bébé et la praticité. Et je me suis dit que j’allais, moi aussi, allaiter mon enfant sa première année.

Bon, mais en pratique, au final, j’ai allaité plus de quatre ans !

Peux-tu nous raconter ta BoobStory ? Combien de temps as-tu allaité ? Et surtout, comment s’est passée la transition entre ton premier et ton deuxième enfant ?
A la naissance de Gabriel, mettre en place l’allaitement a été difficile. J’étais fatiguée et j’avais beaucoup de lait. J’ai enchaîné les mastites. Mais j’ai tenu bon car l’allaitement était très important pour moi. Je n’ai d’ailleurs pas pensé arrêter et j’ai vraiment pris ce rôle très à cœur.

J’ai gardé à la maison Gabriel jusqu’à ses sept mois. Puis, il est allé en crèche trois jours par semaine. Nous avons poursuivi l’allaitement le matin et le soir, mais aussi à d’autres moments selon les besoins. On avait ainsi différents moments allaitement : « l’allaitement réconfort », « l’allaitement câlin », « l’allaitement dodo », « l’allaitement je me suis fait mal », « l’allaitement j’ai mal aux dents ». Autant de petits moments privilégiés ensemble que j’aimais !

Et qui ont rendu compliqué l’arrêt de l’allaitement !

Finalement, j’ai allaité Gabriel jusqu’à deux mois avant l’arrivée de son frère Sasha, soit en tout près de vingt-trois mois. L’arrêt est surtout venu de lui. J’ai voulu le laisser choisir le moment. Et c’est arrivé deux mois avant la naissance de Sasha. Mais, à l’arrivée de son frère, Gabriel a tout de suite voulu reprendre le sein ! En voyant son frère à mon sein, il disait « non, c’est mes nénés ».

Sur les conseils de ma sage femme, pour ne pas le frustrer, j’ai commencé le co-allaitement, principalement au coucher, ce qui était le plus important pour lui. Allaiter mes deux enfants a été sport !

Comme ils étaient tous les deux dans la même chambre, on a mis en place un rituel d’endormissement. Sasha ne voulait pas dormir dans un lit à barreaux, tandis que Gabriel ne voulait plus dormir dans son lit. Alors, nous les avons fait dormir ensemble sur un grand matelas au sol. Au coucher, je me mettais sur le matelas avec eux, nous lisions une histoire et les deux prenaient leur dîner ! C’était notre rituel et tellement facile de les endormir ainsi !

J’ai maintenu cette routine de co-allaitement jusqu’à ce que je tombe enceinte de mon troisième enfant. J’ai alors expliqué à Gabriel que ce n’était plus de son âge, qu’il était grand, que j’étais fatiguée, que j’avais mal aux seins, et qu’il fallait que je garde des forces pour le bébé à venir.

On a aussi fait quelques changements : nous avons donné aux enfants notre grande chambre. Chaque enfant a maintenant son lit (90×200 !), chaque soir, nous lisons une histoire avec un gros câlin, et ils s’endorment facilement. Et depuis, Gabriel n’a plus jamais réclamé le sein.

En parallèle, j’ai continué à allaiter Sasha jusqu’à mes 6 mois de grossesse. A partir de ce moment-là, je n’ai plus eu envie d’allaiter, j’avais mal aux seins.

Mon mari a été très supportif pour m’aider à arrêter. Je culpabilisais de ne pas allaiter Sacha aussi longtemps que Gabriel. Sasha a réclamé le sein pendant un à deux mois. Je lui ai beaucoup expliqué, et puis, il a compris. Pour lui maintenant, le sein, c’est pour les bébés. Il joue d’ailleurs parfois au bébé, mais je tiens bon en lui disant qu’il est grand. Il me répond ensuite « Oui, Maman, moi je suis grand maintenant ».

Au total, j’ai donc allaité quatre ans et demi, et je vais reprendre avec ma fille.

Comment as-tu vécu l’allaitement en public, et le regard des autres ?
Ça n’a jamais été un sujet. J’ai toujours allaité en public. En pratique, j’ai allaité en public jusqu’aux deux ans de mes enfants. Après deux ans, j’ai arrêté.

En revanche, je n’ai pas osé le co-allaitement en public quand mes enfants ont été « grands ». Quand j’allaitais Sasha, je ne permettais pas à Gabriel de venir prendre le sein en public. Le co-allaitement faisait partie de notre intimité. Je ne voulais partager cela avec personne.

Le jugement des gens sur l’allaitement peut être assez violent, et je n’avais pas du tout envie de m’y confronter.

Comment ton fils de 4 ans s’exprime-t-il vis-à-vis de l’allaitement auprès de ses copains ?
Gabriel ne s’est jamais exprimé. Pour lui, c’était normal de prendre le sein, d’être avec moi, c’était notre moment à tous les deux.

Il n’a jamais eu de complexe par rapport à ça, même s’il avait conscience qu’à l’école, il était le seul à prendre encore le sein, et que ses copains ne le prenaient plus.

Comment vis-tu l’arrivée de ton troisième enfant vis-à-vis de l’allaitement ? As-tu anticipé la réaction des deux aînés ? En as-tu parlé avec eux ?
Allaiter mon troisième enfant est une évidence. Mais, avec mon mari, on s’est mis d’accord sur le fait que ce ne serait pas pour quatre ans, mais peut-être seulement pour six mois ou la première année.

Aujourd’hui, les garçons ont compris que le sein, c’est pour le bébé à venir. C’est mon dernier bébé, aussi j’ai envie de vivre cet allaitement exclusivement avec ma fille.

Comment as-tu concilié ta vie de femme avec l’allaitement ? Et quel est ton regard sur ton corps de femme ?
Côté pro, ma situation m’a permis d’allaiter facilement. Quand les enfants ont eu 1 an et avec la diversification alimentaire, je ne les allaitais plus que le matin et soir, et les moments particuliers. Ce qui est amusant, c’est qu’ils réclamaient le sein quand nous étions à la maison. Si je n’étais pas là, ils ne réclamaient pas, cela a facilité la transition.

A côté de cela, je n’ai jamais tiré mon lait, cela aurait été une grosse contrainte et je ne l’aurais clairement pas fait.

Quant à mon corps, j’éprouve de la fierté et de la gratitude envers lui. Depuis que je suis maman, je suis beaucoup plus tolérante avec lui. Je ne suis plus aussi focus sur mon apparence que je pouvais l’être avant la maternité.

Je me sens aussi libre du jugement des autres. J’accepte les changements de mon corps avec fierté et reconnaissance. Beaucoup de femmes ne le vivent pas comme cela. Pour ma part, l’allaitement m’a mise en paix avec mon corps, alors que mon poids a beaucoup fluctué étant jeune. A chaque grossesse, j’ai pris trente kilos que j’ai reperdu, je suis donc très reconnaissante par rapport à mon corps.

Que pense ton mari de l’allaitement ? Cela a-t-il impacté votre intimité ?
Mon mari m’a toujours soutenue dans l’allaitement. Ainsi, cela a été facile pour nous tous. Et on peut même dire que cela nous a facilité la vie ! Et pour arrêter l’allaitement, il a également été d’un grand soutien.

Notre vie privée n’a jamais été affectée par l’allaitement. Je pense, au contraire, que mon mari a toujours été fier et admiratif de cet engagement vis-à-vis des enfants. Mais pour notre troisième, il m’a tout de même dit qu’il aimerait que cela ne dure pas aussi longtemps pour pouvoir ressortir et revivre plus rapidement !

Physiquement et moralement, comment te sens-tu après l’allaitement ? Comment penses-tu concilier les cours de sport que tu donnes et l’allaitement ?

Physiquement et moralement, je me sens bien. L’allaitement n’a pas impacté mon bien-être. Ce n’est pas forcément évident pour toutes les femmes, mais pour ma part, je me suis toujours sentie bien. C’est seulement au 6ème mois de ma troisième grossesse que j’ai senti que mon corps me disait stop, que je n’ai plus eu envie à cause de la fatigue, des douleurs, et parce que je ne voulais plus qu’on me tripote !

L’allaitement n’a pas eu d’impact sur mon activité physique. J’ai réussi à concilier les deux. J’ai toujours été sportive, le sport fait partie de mon quotidien, et l’allaitement ne m’a pas empêché de donner mes cours.

Quel conseil donnerais-tu à une maman qui hésite à allaiter ?
De faire ce qu’elle souhaite, de ne pas se mettre ou succomber à la pression. De ne surtout pas le faire pour les autres, mais de le faire pour elle et son bébé. De suivre son intuition de mère ! Et de toute manière, on gère toutes comme on peut, et quoi qu’elle décide, ce sera la bonne décision.

Un message à faire passer à l’occasion de la semaine suisse de l’allaitement ? Que dire à celles et ceux qui critiquent et/ou empêchent l’allaitement dans des lieux publics, aux mamans et Mothers (-to be) qui souhaitent allaiter mais craignent de le faire en public ?
L’allaitement est un acte naturel et essentiel pour le bien-être des bébés et des mamans qui le désirent. Critiquer ou empêcher l’allaitement en public, c’est ignorer ses bienfaits et ce besoin naturel de l’enfant.

Il est important de soutenir les mamans dans ce choix, de ne pas les juger, et même d’être reconnaissant de ce rôle important finalement. Chaque maman devrait pouvoir se sentir libre et respectée de nourrir son enfant où elle le souhaite.

Et à toutes les mamans et futures mamans qui souhaitent allaiter mais qui ont peur de le faire en public, je leur dis : lâchez-vous les filles ! Faites comme vous le sentez. Allaiter est un geste d’amour, de santé pour pour votre bébé. Pensez-y, pensez à lui, et faites fi du regard des autres !

Et n’hésitez pas aussi à vous entourer d’autres mamans pour en discuter. Mais surtout, ayez confiance en vous, en votre corps. À chaque fois que vous allaitez en public, vous contribuez à normaliser ce geste naturel, et à inspirer d’autres mamans à le faire.