Le post-partum ou 4e trimestre de grossesse, c’est quoi ?

Depuis ces dernières années, les femmes dévoilent le véritable visage de cette période si particulière qu’est le post-partum. Tout aussi riche et complexe que la grossesse (avec en plus bébé au centre de toutes les attentions), le post-partum est à juste titre souvent appelé le quatrième trimestre et oui on peut s’y préparer pour le vivre plus sereinement ou du moins consciemment. Allez on respire un bon coup et en avant la lecture !

Étymologiquement, post signifie « après » et partum signifie « accouchement ». Bon ok. Si c’est l’après-accouchement c’est fini non ? Ah non ! ça ne fait QUE commencer. Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que chaque femme va vivre différemment cette période en fonction de la grossesse qu’elle a pu vivre, de l’accouchement qu’elle a vécu et surtout de comment elle va être soutenue et accompagnée dans son nouveau rôle de mère et dans un corps qui vient d’enfanter et qu’elle a du mal à reconnaître. On se focalise donc ici sur les aspects physiques.

Dans le post-partum immédiat des premiers jours (et des semaines suivantes), vous aurez toujours du ventre, certes pas le même qu’en étant enceinte mais un entre-deux. Vous serez contente de garder vos vêtements de grossesse encore un peu. 

Les lochies, ces pertes sanguines qui peuvent durer plusieurs jours à quelques semaines suivant les femmes et qui vident et « nettoient » l’utérus après la délivrance du placenta, vous feront la joie de porter des serviettes hygiéniques aux dimensions démesurées et la fameuse culotte-filet bien entendu ! A ce stade même votre culotte confortable préférée du dimanche vous fera l’effet de porter un string… vous l’aurez compris, on mise sur le CONFORT et le pratique. Vous aurez tendance à perdre un peu plus de sang d’un coup lorsque vous changez de position ou que la sage-femme vous appuie doucement sur le ventre pour voir s’il y a des caillots et pour s’assurer que l’utérus reprend peu à peu sa place et sa taille initiale. Ces pertes ne doivent pas sentir mauvais ce qui serait un signe précurseur d’une éventuelle infection où d’autres symptômes viendraient s’ajouter (fièvre, douleurs persistantes, etc. consultez sans attendre !). 

Si vous accouchez par voie basse, vos parties génitales seront probablement un peu endolories et gonflées, vous venez quand même d’y faire passer un petit être humain ! Bien entendu, un soin et une attention particulière sont à observer si vous avez eu une déchirure ou une épisiotomie et que des points de suture ont été nécessaires. Si vous accouchez par césarienne, le post-opératoire peut être douloureux et on vous donnera de quoi vous soulager. Vous aurez besoin de plus d’aide pour prendre votre bébé les premiers jours, lui faire les soins et en général le corps se remet bien moins vite qu’un accouchement par voie basse et c’est tout à fait normal et compréhensible. Certaines femmes le vivent bien et pour d’autres c’est plus difficile. Là aussi, une bonne préparation pendant la grossesse est importante dans le cas où une césarienne doit être pratiquée afin de la vivre au mieux. La cicatrice sera surveillée en plus d’avoir tous les autres contrôles de l’utérus et des lochies comme pour un accouchement vaginal.

Sortez cornets et tambours car arrive la terminologie de guerre… les tranchées ! Il s’agit de contractions qui surviennent particulièrement lorsque le bébé est au sein. En effet, l’ocytocine (hormone de l’amour et aussi de l’accouchement) va être sécrétée au moment de la tétée. L’utérus va se contracter afin de retrouver rapidement et de manière optimale sa taille et sa place. Cela va aussi contribuer à diminuer puis stopper les saignements. C’est donc un mot bien barbare que ces tranchées pour désigner un phénomène naturel et beau du corps humain non ? Installez-vous confortablement pour allaiter et n’oubliez pas de respirer lentement, profondément. Ça ne dure que les tous premiers jours. 

Dès la fin de la grossesse et après l’accouchement, les seins vont produire du colostrum qui est le tout premier lait dont votre bébé va pouvoir bénéficier. Plus jaune et plus épais que le lait dit « mature », cet « or liquide » est un super-aliment, une bombe d’anticorps, de vitamines, protéines, minéraux, destiné à bébé. La montée laiteuse quant à elle arrive plus ou moins autour du 3e jour, ça dépend des femmes. Les seins vont enfler, seront tendus et ça peut être assez impressionnant (la tête de mon mari la 1re fois haha !). Pour les femmes qui allaitent, les débuts peuvent être un peu déroutants et pas très agréables. C’est un véritable apprentissage de la part de la maman et du bébé qui nécessite du calme, de la patience et du soutien. Vous pouvez retrouver ici l’article que nous avions consacré à l’allaitement. Le retour de couches, à savoir le retour des menstruations, vont dépendre encore une fois de chacune et celles-ci peuvent être retardées tant que dure l’allaitement par exemple. Quand bien même, vous êtes à nouveau fertile très peu de temps après l’accouchement et il vaut mieux bien se connaître et être au fait de sa contraception quelle qu’elle soit.

Nous avons vu les premiers signes immédiats qui suivent la naissance mais le post-partum c’est bien plus que cela. Dans la majorité des pays non-occidentaux, les 40 premiers jours du bébé sont extrêmement importants et valorisants pour la mère qui vient de naître elle aussi. Pendant ce « mois d’or », la jeune mère n’est autorisée qu’à se reposer, bien se nourrir, faire connaissance et prendre soin de son bébé. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans notre société où tout doit aller vite, où la femme doit à nouveau rentrer dans son jeans fétiche d’avant grossesse (le plus rapidement possible), être tout aussi performante au travail (le plus tôt possible), reprendre une sexualité « comme avant » (la plus excitante possible). Sans compter la charge mentale débordante de la femme du 21e siècle et de ses nombreuses dérives. Tant pis si le ménage n’est pas fait (par vous) ! Les femmes peuvent avoir cette impression qu’elles n’ont rien fait de leur journée alors qu’elles n’ont peut-être pas eu le temps de prendre une douche ni de manger quelque chose. Et bien si, ces mères ont passé la journée à s’occuper de leur bébé et de leur survie, à leur offrir amour, alimentation, soin et sécurité. Et tout cela, ce n’est pas rien, c’est VITAL. Le reste est accessoire. Et sans transition, on ne peut parler du post-partum sans évoquer ce qui se produit émotionnellement et psychologiquement. Avoir un bébé avec soi est un chamboulement total avec ses moments d’extrême bonheur et d’émerveillement et ses moments de solitude, d’angoisse, de tristesse. Beaucoup de femmes connaissent le baby-blues qui est une conséquence physiologique de la modification très rapide des hormones dans le post-natal. Les femmes vont être très sensibles et émotives, anxieuses ou encore irritables. Cela dure en général une semaine et passe sans intervention professionnelle extérieure. Si cela se poursuit dans le temps et prend peu à peu trop de place, on va parler de dépression du post-partum nécessitant un suivi/soutien psychologique pour éviter qu’elle ne refasse surface régulièrement. La psychose du post-partum quant à elle, est une maladie très grave nécessitant une hospitalisation où l’on observe des discours et gestes confus et incohérents. C’est une urgence vitale autant pour la maman que pour le bébé. Il y a encore les cas de syndrome de stress post-traumatique directement liés au déroulement de l’accouchement qui peuvent influer sur le lien d’attachement au bébé et qui là aussi nécessite une prise en charge adaptée.

Il est important de rappeler à ce stade que le contexte même d’avant grossesse est à prendre en considération, que chaque histoire est différente et que chaque femme a son propre vécu et bagage. Pour une transition douce de la vie utérine à la vie en extérieur, la maman, le bébé et le co-parent ont besoin de créer leur bulle, au calme, sans interruptions alors que la maman peut avoir un moment de repos. Même si vous avez très envie que tous les gens que vous aimez découvrent la petite merveille et que tous veulent la tenir dans les bras. L’entourage ne doit pas être envahissant, ni s’approprier le bébé mais doit respecter les besoins et envies de l’enfant et de sa mère et les horaires de visite à domicile imposés par les nouveaux parents. L’entourage doit être aidant. Pas besoin de venir avec 15 doudous mais demandez à l’entourage de venir avec un plat chaud ou à congeler ! A faire lui-même le café ou à surveiller votre bébé pendant que vous prenez une douche. A faire le ménage ou plier le linge pendant que vous vous accordez une sieste avec votre bébé. De petites attentions tellement simples à mettre en place et qui vont grandement contribuer à ce que cette période unique reste une belle expérience. Ne vous comparez pas, ne vous jugez pas. Prenez ce temps si court pour vous remettre, pour découvrir votre bébé, respectez-vous et faites l’amour quand vous en aurez envie. Recommencez une activité douce 6 à 8 semaines après la naissance et seulement après avoir fait la rééducation du périnée et ce même si vous avez eu une césarienne. Accueillez vos émotions, laissez-leur une place, communiquez avec le co-parent qui lui aussi vit un bouleversement, n’hésitez pas à en parler avec votre sage-femme, à appeler une doula (même si vous n’en avez pas eu une pendant la grossesse). Il n’est jamais trop tard.

De plus en plus, les femmes commencent à être sensibilisées à cette période intense. Véritable quatrième trimestre de la maternité, les futures mères et les conjoints gagnent vraiment à s’informer sur les aspects physiques du post-partum, la fatigue, les émotions, la sexualité et relation de couple, mais aussi sur la place de l’entourage afin que les parents puissent affirmer leurs choix et se faire aider selon leurs besoin du moment. Oui, il y aura des moments plus difficiles que d’autres et c’est totalement OK. Prendre le temps, ralentir pour s’oublier mais pour accueillir la transformation physique, émotionnelle, observer et découvrir. La naissance d’une mère, de nos jours si banalisée, développe chez la femme une nouvelle créativité, une affirmation de soi et contribue ni plus ni moins à répandre l’Amour inconditionnel des générations futures.  

Lectures

Rebeca Foëx-Castilla
Maman d’Ethan, Amos et Numa
Doula diplômée
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