Eveliina est finlandaise, son mari est belgo-espagnol. Ils habitent Genève où sont nés leurs deux enfants. Au quotidien, ils ont à cœur d’éveiller leurs enfants à leurs cultures respectives, mais aussi de s’intégrer à la vie locale. En parlant le français à leur arrivée, ils ont rapidement su prendre leurs marques. Mais ce qui a été déterminant fut leur enthousiasme à faire des rencontres, et nouer des liens avec des locaux et des expatriés, comme eux. Multilinguisme, multiculturalisme, Eveliina raconte comment sa famille « multicolore », comme elle aime à le dire, a pris sa place dans la société genevoise.
Cette story a été soutenue par l’école bilingue français-anglais La Découverte basée à Genève et Mies qui offre à ses élèves un environnement d’apprentissage actif.
Eveliina, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Eveliina, je suis finlandaise, j’ai 37 ans et, avec mon mari d’origine belgo-espagnole, nous habitons à Genève. Nous avons deux enfants, Eemil, 4 ans et Eloise, bientôt 6 mois. Je travaille, depuis 3 ans, à la Mission Permanente de la Finlande, à Genève.
Peux-tu nous raconter ton parcours avant d’arriver en Suisse ? Pourquoi t’y es-tu installée ?
J’habite Genève depuis 10 ans. Auparavant, j’ai fait mes études universitaires en Finlande, en traduction et interprétation de langues. J’ai également vécu en Australie, en Angleterre, et en Belgique, où il y a 17 ans, à Bruxelles, j’ai rencontré mon mari. A la fin de mes études, je l’ai suivi à Genève où j’ai trouvé un premier emploi.
En tant que Finlandaise, comment gères-tu le mélange des cultures au niveau familial, avec un mari belgo-espagnol et deux enfants élevés entre plusieurs langues ?
Avec l’arrivée de mes enfants, je me rends compte que j’attache davantage d’importance aux traditions finlandaises. Par exemple, nous fêtons Noël plusieurs fois selon nos traditions avec mon mari. Le 24 décembre, c’est Noël à la finlandaise, et le 25, c’est plutôt le Noël belge et espagnol. Au quotidien, finalement, le mélange des cultures se fait facilement. Et puis, nous avons aussi des amis finlandais, cela participe à entretenir les traditions tout en étant à Genève, et compense, un peu, l’éloignement de nos familles.
Sur les plans émotionnel et pratique, comment gères-tu les aspects multiculturels et multilingues de ta famille au quotidien ?
Je n’y pense pas vraiment à vrai dire, cela n’est pas un problème. J’ai fait des études de langues, je parle le finnois, le français et l’anglais avec mon mari. Je dirais qu’il n’y a plus de « choc culturel », et que nous connaissons bien nos cultures respectives. Moi, j’adore notre vie multilingue, « multicolore », « multinationale » !
Comment avez-vous choisi les langues dans lesquelles vous vous parlez en famille, au quotidien ?
Avec mon mari, l’anglais est notre langue principale et « secrète » quand on ne veut pas que notre fils comprenne (sourire). Pour nos enfants, cela a toujours été clair : s’ils sont exposés à l’anglais de manière passive, moi, je leur parle en finnois, ma langue maternelle, et mon mari, leur parle en français. Ainsi, par exemple, quand mon fils me demande de lire un livre en français, je lui réponds que je ne lis qu’en finnois, tandis que son papa ne lit que des livres en français. On lit aussi beaucoup en anglais, car c’est bénéfique pour former l’oreille des enfants avant leurs 3 à 5 ans. Et d’ailleurs, notre fils commence à comprendre l’anglais, et à le parler. Ce qui fait que notre langue secrète est de moins en moins secrète…
Quels sont les bénéfices et les défis de parler plusieurs langues au sein d’une même famille ? Aurais-tu des conseils pour d’autres parents dans la même situation ?
Pour moi qui viens d’une famille mono-langue, et qui ai dû apprendre toutes mes autres langues, je ne vois que des bénéfices à entendre et parler plusieurs langues dans l’enfance ! Mais ce n’est pas nécessairement facile au quotidien. J’ai eu des moments de doute, mais j’ai insisté. Le principal défi, c’est vraiment la persévérance ! Quand mon fils avait un an et demi, il comprenait un peu le finnois, mais ne le parlait pas. Cela a inquiété ma famille en Finlande car mon fils leur répondait en français, alors que très peu d’entre eux parlent le français. Il aurait été plus simple de renoncer, mais, j’ai tenu, et si mon fils me parlait en français, je lui répondais en finnois, et la lecture était uniquement en finnois.
Je conseillerais donc aux parents de rester alignés sur leur choix. Parler plusieurs langues est une grande richesse pour leurs enfants. Pour nous, parler le finnois est aussi un moyen, pour nos enfants, d’entretenir un lien avec la Finlande. C’est important pour leur avenir, notamment s’ils souhaitent y vivre plus tard.
Comment la culture finlandaise influence-t-elle ta manière d’élever tes enfants à Genève, une ville déjà très cosmopolite ?
Je n’y pense pas au quotidien, et ma façon d’élever mes enfants est naturellement « très nordique ». Notre fils va à l’école finlandaise une fois par semaine, où il côtoie d’autres enfants qui parlent le finnois, où il apprend le français, et où il vit avec la culture et le calendrier scolaire finlandais. J’ai moi-même un lien quotidien avec la Finlande, le finnois, et la culture finlandaise en travaillant à la Mission Permanente de la Finlande. Cela participe à, naturellement, insuffler la culture finlandaise dans l’éducation de nos enfants.
Te sens-tu bien intégrée dans la population et la vie locale genevoise ? Y a-t-il des aspects de la vie en Suisse ou des interactions locales qui sont encore des défis ?
Oui, après 10 ans, nous nous sentons bien intégrés. Nous avons un bon équilibre entre la vie locale et nos cultures respectives. Avec mon mari, nous sommes très sociables, et avons toujours eu plaisir à sortir et assister à des événements. C’est comme cela que nous avons rencontré beaucoup d’amis expatriés, mais aussi suisses. Avoir des enfants à l’école aide aussi beaucoup à rencontrer d’autres parents.
Pour s’intégrer, le défi le plus fréquent des expatriés est de rencontrer des locaux, des Suisses, ou des Genevois. En restant dans sa bulle d’expatriés ou dans des réseaux exclusivement internationaux, on ne découvre pas la vraie vie locale, et il est difficile ensuite de se sentir intégré. Et, il y a un autre défi qui peut être difficile aussi, c’est le départ d’amis. Mais d’autres arrivent ensuite, et on crée de nouveaux liens, c’est ça la magie de l’expatriation !
Comment envisages-tu l’avenir de tes enfants en termes de culture et d’identité nationale, surtout avec des origines aussi diverses ?
C’est une très bonne question, d’autant plus avec l’entrée de mon fils à l’école publique. Nos enfants sont nés ici, ils sont donc Genevois, et ont la nationalité suisse. Dans l’avenir, ils pourront choisir ce qu’ils veulent garder de chaque nationalité, de chaque pays, ou culture. Ce que j’aimerais pour eux, c’est que, dans 15 ans, ils puissent acheter leurs fruits en finnois au marché d’Helsinki !
Eveliina, as-tu un dernier conseil à donner aux nouveaux parents qui s’installent à Genève ?
Tout d’abord, « Bienvenue à Genève » ! C’est une super ville pour la vie de famille. Il y a beaucoup d’expats, il est donc facile de rencontrer du monde et de ne pas rester seul. Il ne faut pas hésiter à se renseigner. S’il est certain qu’il est plus facile de s’intégrer en parlant le français, on trouve aussi beaucoup d’informations en anglais. Pour l’intégration des enfants, il y a beaucoup d’activités possibles avec d’autres enfants, et qui sont souvent gratuites. Nous, on adore et nos enfants aussi !
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