Anne s’était toujours imaginée à la tête d’une joyeuse tribu. Mais happée par sa carrière, elle n’a pas vu le temps passer, et l’opportunité de fonder une famille ne s’est pas présentée. Anne a eu sa fille Victoria à l’âge de 45 ans, son « plus bel accident ». Dans sa MotherStory, Anne vous raconte son parcours, depuis la congélation de ses ovocytes jusqu’à son accouchement, mais aussi ses prises de conscience, et sa vision d’une maternité tardive. Un témoignage qui nous a beaucoup ému.
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Anne, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Anne, j’ai 48 ans, et je suis franco-suisse. Je suis maman d’une petite Victoria de 2,5 ans.
Tu as eu ton premier enfant à près de 46 ans. As-tu toujours voulu en avoir ?
Je n’ai jamais été sûre de grand chose dans ma vie, à l’exception d’une ! Être maman ! Et étant la dernière de 3 enfants, je pensais avoir 4 enfants. Mais la vie a fait que je n’ai eu qu’une fille, une petite merveille, et très tardivement.
Avant de devenir maman, tu t’es consacrée à ta carrière. Avec du recul, estimes-tu que les deux sont compatibles ?
J’ai fait carrière pendant plus de 20 ans dans l’événementiel international, ce qui m’a conduit aux quatre coins du monde et fait vivre beaucoup d’expériences. Je ne dirais pas que j’ai privilégié ma carrière, mais plutôt que je me suis laissée prendre dans ce tourbillon, et que je ne me suis pas interrogée, quand il aurait fallu, sur les bonnes questions. Ça, c’est une première chose. Et puis la seconde, c’est que je me suis relativement plantée dans mes histoires amoureuses, ce qui m’a conduit, à l’aube de mes 40 ans, à être sans enfant.
Pour répondre précisément à la question, je ne pense pas qu’être maman et faire carrière soient incompatibles. Mais, en revanche en Suisse, il est particulièrement compliqué de concilier les deux sans être entouré par sa famille.
A 40 ans, tu as décidé de congeler tes ovocytes. Quel a été le déclencheur ?
De manière assez banale, le déclencheur a été la séparation d’avec mon conjoint de l’époque, après 8,5 ans. Le mois qui a suivi, j’ai fait congeler mes ovocytes, et je n’ai eu qu’un seul regret : ne pas l’avoir fait avant ! Je l’ai fait à 40 ans, et depuis mes 32 ans, ma gynécologue, en Suisse, m’encourageait à le faire. Elle était avant gardiste ! Je les ai donc congelés tardivement, mais je me disais qu’il n’était pas encore trop tard.
Peux-tu nous raconter comme se passe concrètement la congélation d’ovocytes ?
J’ai fait congeler mes ovocytes au centre CPMA de Lausanne, en Suisse, parce que je voulais qu’ils soient près de moi. Je ne regrette pas ma décision, car j’ai eu un super accompagnement.
De mémoire, en termes de coûts, cela avoisinait 1500 CHF. A cela s’ajoute un coût annuel de conservation. Chaque année, on renouvelle auprès du centre, notre souhait de poursuivre la préservation des ovocytes.
Concrètement, j’ai d’abord eu une stimulation ovarienne durant les 10 jours précédant le prélèvement avec des piqûres à s’auto administrer. Puis le prélèvement a été réalisé sous anesthésie générale, cela a été très rapide, et je suis repartie comme je suis arrivée.
Que conseillerais-tu à une femme qui hésite à congeler ses ovocytes ?
Je le dis, je le martèle autour de moi, aux plus jeunes, à mes cousines, mes nièces qui sont dans la vingtaine, congelez ! Faites congeler, cela vous retire cette épée de Damoclès du temps qui passe. Et vous vous épargnerez une pression, pression sociale, familiale, et dans le travail.
Et puis, congeler tôt assure aussi une meilleure qualité embryonnaire. Ainsi, il n’y a que des avantages !
Tu es finalement tombée enceinte naturellement, sans avoir eu recours à tes ovocytes congelés ! Une grossesse que tu décris comme un « heureux accident ». A quel moment as-tu accueilli la nouvelle ?
C’est arrivé à 45 ans. Je suis tombée enceinte, et je pensais que j’étais en préménopause ! J’avais la poitrine gonflée, des maux de tête, des vertiges…
A la suite d’une prise de sang, on m’a demandé de revenir au cabinet gynécologique en urgence. Durant le trajet, j’ai listé tous les cancers potentiels. Et en fait, aucun cancer ! J’étais simplement enceinte de plus de 3 mois ! La gynécologue a dû s’y reprendre à 3 fois, tellement je n’entendais pas ce qu’elle me disait.
C’est ensuite devenu concret lorsqu’elle a posé la sonde échographique sur mon ventre. En entendant les battements de cœur du bébé, j’ai quand même osé lui dire qu’il s’agissait de mes battements de cœur ! Ça a été le scud de ma vie ! Le plus bel accident, comme je l’appelle. Et j’ai alors compris que ma vie allait être entièrement chamboulée.
Comment as-tu géré émotionnellement cette grossesse ? Et logistiquement pour ton travail ?
Ça a été un tourbillon d’émotions ! En sortant du cabinet de ma gynécologue, je suis passée chez Ladurée, et me suis acheté une barrette de 8 macarons que j’ai mangés en 2 secondes ! J’ai eu un besoin urgent de sucre.
Dès le moment où j’ai entendu le cœur, c’est devenu très concret. J’ai alors compris que toute ma vie était sur le point d’être chamboulée. Et je n’ai jamais douté de garder ce bébé. C’était une évidence. La vie m’offrait une chance que je n’allais pas laisser passer.
L’aspect logistique m’est apparu véritablement secondaire. Ma priorité était que le bébé se développe le mieux possible. J’étais décidée à faire tous les examens nécessaires, et donner à cet enfant toute sa place dans ma vie qui n’était pas spécialement formatée pour.
A 45 ans, ta grossesse était-elle considérée « à risque » ?
Alors, j’ai eu la surprise d’apprendre que, passé 35 ans, une grossesse était qualifiée de gériatrique. Charmant ! Mais personnellement, cela ne m’a posé aucun problème. Même si j’étais un peu en retard sur le calendrier de 15-20 ans, je me suis dit, « allez, on y va ! ». Quand on m’a annoncé ma grossesse à 3 mois, il y n’avait que 12 % de chances pour qu’elle atteigne le terme. Puis au fil des semaines, la probabilité a augmenté.
As-tu eu un suivi médical particulier et/ou des examens plus réguliers ?
En pratique, j’ai eu un suivi extrêmement régulier, surtout les premiers mois, jusqu’à l’échographie des 6 mois. J’avais des rendez-vous tous les 15 jours pour contrôler que tout se passait bien, ainsi que des prises de sang, notamment pour le fer.
En parallèle, j’ai également voulu faire des examens génétiques poussés car, si je voulais cet enfant avec certitude, je ne le voulais pas quel qu’en soit le prix, et si on se rendait compte d’une maladie in utero, je voulais pouvoir tout arrêter.
Au global, ma grossesse a été extraordinaire. C’est, apparemment, souvent le cas des grossesses tardives. Je n’ai pas du tout été fatiguée. Tout a été idyllique. Jusqu’au 7e mois, où l’on m’a annoncé un bébé anormalement gros, environ 5,5 kilos à terme ! On a alors pensé à un diabète gestationnel non diagnostiqué, donc rendez-vous en urgence chez un endocrinologue, et finalement, pas de diabète ! A partir de ce moment, le suivi a été encore plus poussé, avec du monitoring toutes les semaines pour voir si le bébé avait suffisamment de place.
A 8 mois et une semaine, on a décidé de déclencher l’accouchement par voies basses. J’ai attrapé une gastro lors du déclenchement, et j’ai eu plus de 72 heures de travail, je vous laisse donc imaginer ma fatigue. Quand le bébé est arrivé, elle était en détresse respiratoire et ne pesait que 3,5 kilos, loin des 5 kilos attendus.
Penses-tu qu’avoir un enfant à la fin de la quarantaine est égoïste ?
Voilà une question très pertinente mais difficile. J’aimerais avoir l’opportunité d’y répondre le dernier jour de ma vie.
Dans cette épopée, au quotidien, je pense à Victoria. Et notamment au fait qu’à mes 80 ans, Victoria en aura 35. Avoir 80 ans et être en pleine forme, c’est ce que je vise. Pour elle, je me dois de tout faire pour être en bonne santé. Quand j’ai su que j’étais enceinte, j’ai arrêté de fumer et je n’ai pas repris depuis, et Dieu sait que ce n’est pas l’envie qui me manque. Mon devoir vis à vis de Victoria, c’est de l’accompagner aussi loin que possible dans sa vie, de lui faire découvrir des choses, de l’aider à se développer. Pour moi, elle aura été le plus grand bonheur de ma vie. J’ai perdu ma maman, j’étais encore une très jeune adulte, et elle m’avait eu tôt. Je me dis donc que l’âge ne fait pas tout.
La question de l’égoïsme est donc effectivement une question importante, qu’il faut se poser. Suis-je égoïste ? Je vous dirais bien que non, mais la réalité, c’est que oui, ce choix, est égoïste : j’ai eu un bébé pour moi.
En fin de compte, est-ce si différent d’avoir un enfant à 46 ans ou à 36 ans ?
Oui, il ne faut pas se mentir. Victoria a aujourd’hui 2,5 ans. Bien qu’elle soit une enfant facile, qui mange bien, qui dort bien et qui n’a aucun problème de santé, parfois l’énergie me manque. Elle va à la crèche du lundi au jeudi, puis je l’ai toute la journée du vendredi au dimanche. Le lundi matin, quand elle retourne à la crèche, égoïstement, je me dis que je souffle un peu. Sans doute qu’à 36 ans, je ne serais pas aussi fatiguée.
Maintenant, un point que je partage souvent avec mon entourage, c’est qu’à 46 ans, le rapport au temps change : le temps passe tellement vite. Mon échelle de temps est raccourcie, donc j’en profite tous les jours. Et peut-être qu’à 30-35 ans, je n’en aurais pas autant profité. Chaque jour passé loin d’elle est une occasion ratée. Donc j’essaye de profiter au maximum, et qu’elle aussi en profite au maximum.
Quels sont, pour toi, les défis d’une maternité tardive ? La fatigue ? La patience ? Le regard des autres ?
Le chamboulement hormonal. Deux ans et demi après l’accouchement, je suis encore fatiguée. A priori, j’ai fait une dépression post-partum. Je ne l’ai pas compris sur le moment, et suis en train de la gérer en ce moment.
La patience ne m’apparaît pas comme un défi.
Concernant le regard des autres, pour l’instant, je ne m’en soucie pas. Mais Victoria va rentrer à l’école au mois de septembre, peu avant ses 3 ans. Je suis allée à la réunion de pré-inscription, et j’ai bien vu que les mamans ont environ 20 ans de moins que moi ! J’attends les questions pour savoir si je suis la grand-mère de Victoria ! Je vais certainement devoir apprendre à le gérer. Mais ce que je veux avant tout, c’est que cela ne pose pas de problème à Victoria, je veux qu’elle se sente à l’aise dans ses baskets, on commence d’ailleurs déjà à en parler.
As-tu un message que tu aimerais faire passer ?
Oui, je veux dire aux femmes, « allez-y ! ». Même s’il m’est facile de dire cela alors que tout s’est bien passé, que ma grossesse s’est bien passée, que mon enfant se porte bien, je souhaite dire aux femmes que c’est du bonheur ! Bien sûr qu’on se pose des questions. Les premiers 18 mois de vie de Victoria, à chaque étape importante chez la pédiatre, j’avais quand même une petite angoisse « Est-ce qu’elle se développe comme tous les autres enfants ? », « Est-ce que mon âge a un impact négatif sur elle ? ». Mais finalement, je kiffe à chaque instant. Et si c’était à refaire, je le referais. Et même, je regrette de ne pas avoir eu le cran de le faire avant, car j’aurais gagné du temps avec elle. Et ça, le temps, il n’y a rien de plus précieux.
Anne, que pouvons-nous te souhaiter de meilleur, aujourd’hui pour demain ?
D’arriver à trouver un équilibre professionnel qui me permette de vivre au mieux ma vie de maman. Travailler dans mon secteur d’activité, à des postes à responsabilités, à mon âge, et dire que l’on veut réduire la voilure est difficile. Idéalement, je voudrais pouvoir travailler à 80 %. J’ai arrêté mon job actuel parce que, manifestement, ce n’est pas la bonne équation. J’aimerais vraiment trouver cet équilibre pour pouvoir offrir à Victoria une vie sereine. Pour l’instant, la période est un peu compliquée, mais quand Victoria me regarde, en penchant sa tête sur le côté et me dit spontanément « Maman, je t’aime, et je viens de te faire un câlin » et qu’elle s’agrippe à ma jambe, alors je me dis que ma vie est un rêve ! Et je nous souhaite, à elle et à moi, de le vivre encore longtemps ensemble.
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