Je suis heureuse de vous présenter l’histoire d’Alexandra, une jolie maman au caractère bien trempé qui ose parler ouvertement, en toute transparence, de sujets délicats souvent encore tabous. Et puis comment ne pas tomber sous le charme de Louis, un petit garçon débordant d’énergie au sourire contagieux.
Alexandra, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 33 ans, je suis suisse et américaine et j’habite Genève. Je ne travaille pas actuellement, j’élève mon fils, mais je suis diplômée de l’Ecole Hôtelière de Genève et du SAWI à Lausanne en qualité de Spécialiste en Marketing. Je suis mariée avec Marc, un mari au top.
Pourquoi le prénom Louis ?
Nous en voulions un qui sonne bien en français, en anglais et en italien (les origines de Marc). J’aimais Louis, un classique, et Il y a beaucoup de Louis merveilleux… Louis Armstrong, Aragon, de Funès, Pasteur… Louis c’est aussi le Roi Soleil ! Je l’imaginais bien coquin au regard malicieux et souriant tout le temps. Je ne m’étais pas trompée, il est solaire et charismatique.
Il a maintenant 20 mois, comment te sens-tu ?
Franchement, c’est l’expérience la plus énorme de toute ma vie ! Un tourbillon d’émotions H24. Autant je me sens dépassée par le quotidien, autant j’éprouve un amour dont la force est indescriptible. Ce que tu ressens pour ton enfant est dingue mais les sentiments ne sont pas forcément immédiats. J’ai douté et eu peur, peur de ne pas l’aimer assez, de ne pas être à la hauteur. Un peu avant le terme, je me revois en train de repasser des bodys minuscules et de pleurer en me disant que je n’y arriverai jamais. Ma relation avec Louis s’est construite petit à petit, au fil des jours et des semaines. Nous avons appris à nous connaître puis il m’a littéralement séduite.
Si tu devais définir la maternité en 1 mot ?
ENORME !
La première fois où ?
J’ai pris Louis en voiture. Arrivée dans le parking du centre commercial, je tente de sortir mon bébé mais impossible de décrocher le Maxi Cosi. Après plusieurs tentatives infructueuses, je me sentais tellement nulle et mal que j’ai fait demi-tour et suis repartie à la maison en pleurant comme une madeleine.
As-tu aimé être enceinte ?
Non, je n’ai pas aimé car j’ai eu absolument tous les désagréments possibles (nausées, migraines, reflux gastriques…). Et, pour couronner le tout, j’ai eu la grippe et tu ne peux rien faire à part attendre que ça passe car les médicaments sont proscrits durant la grossesse. Alors que d’’autres copines enceintes en même temps que moi étaient si épanouies et radieuses… Moi je me sentais au fond du bac et je n’attendais qu’une seule chose : accoucher !
Est-ce que cette délivrance s’est-elle bien passée ?
A 34 semaines, nous avons constaté que Louis ne prenait plus de poids. Il était déjà dans la courbe des petits bébés donc cette constatation était inquiétante. Une semaine plus tard, toujours rien. Après une dernière échographie ils m’ont dit qu’il fallait provoquer l’accouchement le jour même. Je m’étais tellement préparée à arriver au terme et à accoucher quand bébé l’aurait décidé, que je n’étais pas prête à une telle situation. Je leur ai demandé s’il était possible d’attendre le lendemain matin, le temps de préparer mes affaires, que mon mari travaillant à Lausanne puisse venir, et sur tout monter le lit de Louis (rires). Bref, le stress total.
Le lendemain, nous nous sommes donc rendus à la maternité. On m’a informée que le processus pouvait durer de 6 à 24h. Je ne voyais pas le bout ! Tout d’abord on m’a administré un médicament pour dilater le col de l’utérus dont l’effet prend entre 8 et 12h et qui, pour moi, fut assez douloureux. Au milieu de la nuit, j’ai demandé la péridurale. Une fois le col prêt, on m’a administré de l’ocytocine afin de déclencher les contractions. Par chance, Louis est né 2 heures plus tard, après 20 minutes de travail.
Par contre, il ne pesait que 2kg ! Il a fallu le sur-habiller et le placer sous une lampe chauffante. Je ne l’ai eu dans mes bras que quelques instants avant qu’il soit emmené en néonatalogie, heureusement, accompagné de son papa. Il est ensuite resté en couveuse où il était sous assistance respiratoire. La première nuit loin de lui a été moralement très difficile. C’était un sentiment très étrange car tu n’es plus enceinte et tu es seule dans ta chambre sans avoir eu ce fameux premier contact peau à peau qui te fait prendre conscience que tu es devenue maman. Le lendemain, j’ai enfin pu le voir ! Il était déjà très différent, si beau mais si petit. J’ai pu le ramener avec moi dans la chambre, emmitoufler comme jamais. Pour couronner le tout, il a eu la jaunisse ce qui en soit n’est pas très grave mais pour être traité, il devait être placé nu sous des rayons ce qui lui faisait brûler des calories et donc perdre le peu de poids qu’il tentait de prendre chaque jour. Du coup, ils ont installé des chaufferettes autour de la machine et des bouillottes dans la couveuse. C’était absolument surréaliste comme scène. Une semaine plus tard, tout est rentré dans l’ordre et nous avons enfin pu rentrer.
La transition maternité/maison s’est-elle bien passée ?
Pour être honnête, j’ai eu un sacré Baby Blues, je pleurais beaucoup. On m’avait forcée à accoucher alors que je n’étais pas prête ! A l’hôpital, je me sentais si seule et impuissante. A la maison, je faisais tout de manière très mécanique, sans être vraiment connectée. Je voyais mon mari être beaucoup plus à l’aise et cela m’angoissait. Puis, il est reparti travailler et je me suis sentie démunie. J’avais, tout d’un coup, la vie d’un humain sous ma responsabilité. Est-ce que j’allais être à la hauteur, le comprendre, l’aimer ? Le pire est que notre entourage attend de nous que l’on soit heureuse, épanouie, reconnaissante… Cela a pris environ 1-2 mois avant de me sentir vraiment proche de Louis et trouver notre rythme. Au début, je ne voulais pas sortir de la maison. Tenir une poussette n’était pas du tout naturel. Je prenais conscience que ma vie ne serait plus jamais pareille comme si, jusque-là, je n’avais pas encore réalisé.
As-tu eu de l’aide ?
Comme cadeau de naissance, ma mère nous a offert les services d’une nurse à 50% à domicile pendant quelques semaines. C’est de loin la meilleure idée qu’elle n’ait jamais eue (rires). Annick venait donc le soir à 21h et passait la nuit à la maison jusqu’à 7h le lendemain. Elle dormait dans la chambre de Louis et s’occupait de lui ce qui nous permettait, à Marc et moi, de faire des nuits « complètes ». Elle m’a littéralement sauvée car j’étais au bout du bout et le manque de sommeil ce n’est pas un mythe, c’est vraiment ce qu’il y a de pire, surtout mentalement.
Elle faisait presque partie de la famille ?
Absolument et on est d’ailleurs encore en contact maintenant. Elle fait partie intégrante de notre famille. Annick m’a aussi beaucoup aidée moralement. Elle a su répondre à toutes nos questions et soulager nos craintes. Grâce à elle, nous avons instauré un rythme que nous respectons encore maintenant et j’ai pu reprendre des forces. Je lui dois tout mon épanouissement de jeune maman. C’est une expérience superbe que je recommande fortement même si ce n’est pas vraiment dans notre mentalité de demander de l’aide extérieure.
Pourquoi à ton avis ?
Malheureusement, les gens ont beaucoup d’aprioris : que c’est un truc pour les mères incapables, les gens aisés, les fainéants. Beaucoup de femmes sont convaincues que, si elles font tout toutes seules, elles seront de meilleures mères. Qu’il n’y a que leurs bras qui sauront apaiser leur enfant et ce, malgré le stress, le postpartum, l’angoisse, le burnout. Pourtant ce besoin d’aide est légitime. Comment veux-tu tout savoir à peine rentrée à la maison. « Oui mais à l’époque on faisait tout toute seule ». Cette phrase est si dépassée à mes yeux. A l’époque, on était plus en famille, il y avait des mères nourricières, on mettait moins la pression aux femmes. On ne peut pas/plus comparer notre vision de la maternité à celle de nos mères et grands-mères. Personnellement, grâce à l’aide d’Annick, Louis a fait ses nuits à 1 mois. Elle nous a appris à soulager ses coliques, a créer des remèdes naturels, choisir le bon lait bref, tout le béaba pour avancer sereinement dans cette aventure pleine de rebondissements.
Comment ça se passe si on veut faire appel à elle ou à une autre nurse ?
Nous avons mandaté Annick par une agence de placement spécialisée appelée Chapuisat à Morges. Il n’est pas obligatoire de faire appel à une puéricultrice pour une longue période. On peut demander de l’aide de façon ponctuelle, lorsqu’un bébé a des problèmes de sommeil, pour l’allaitement, lorsqu’il y a des jumeaux, pour les parents ayant des contraintes professionnelles ou simplement lorsqu’il y a un besoin de souffler. Côté coûts cela dépendra de l’expérience de la puéricultrice et du budget de la famille mais cela reste accessible et raisonnable avec une vraie volonté d’aider et soulager.
Tu dis que la présence d’Annick te permettait de dormir plusieurs heures d’affilée. Tu n’allaitais pas Louis ?
La raison principale pour laquelle je n’ai pas allaité est dû au poids de Louis à sa naissance. Il fallait absolument savoir exactement quelle quantité de lait il prenait et surveiller sa prise de poids. Si j’avais donné le sein, j’aurais dû de toute manière compléter avec du lait en poudre. Une pression supplémentaire que j’ai refusée malgré les nombreuses critiques auxquelles j’ai dû faire face.
De manière générale, t’es-tu sentie entourée et comprise ?
Oui, parce que j’ai toujours eu de la facilité à parler et me confier mais se sentir dépassée est un sujet complètement tabou encore aujourd’hui. La mère qui n’en peut plus on ne peut pas en parler. « Tu devrais être heureuse, tu tiens la vie dans les bras » est une des nombreuses phrases que l’on entend encore trop souvent et qui, une fois de plus, servent à faire culpabiliser. Marc a été très présent et il est un papa incroyable. Il a été plus confiant que moi au début et m’a énormément rassurée dans mon rôle de mère. Je ne peux qu’être reconnaissante d’avoir un mari aussi investi, aussi bon père. Dans un premier temps, il n’était pas pour la venue d’Annick car il pensait qu’elle allait envahir son espace privé mais quand il a vu à quel point son aide était précieuse, il a changé d’avis et le ferait à nouveau si besoin. Sinon, l’unité mère-enfant des HUG est vraiment super.
Est-ce que Louis a une mère poule ?
Je dirai plutôt une mère cool (rires). Mon plus grand souhait est qu’il soit un individu à part entière, indépendant, et qu’il ait confiance en lui. C’est pour ça que, depuis tout petit, je l’habitue à aller vers les autres.
« une mère ne doit pas être une mère parfaite, elle doit être une suffisamment bonne mère. » D.Winnicott
Aurais-tu un conseil à toutes les futures mamans ?
On ne sera pas une meilleure mère parce que l’on gère tout. Il n’y a pas d’échec dans la maternité. Pour reprendre une phrase du pédiatre/psychiatre Donald Winnicott : « une mère ne doit pas être une mère parfaite, elle doit être une suffisamment bonne mère. »
Crèche ou pas crèche ?
Louis est inscrit au jardin d’enfant où il ira à partir de septembre 2018. Pour l’instant, je ne travaille pas et m’occupe de lui full time. Mais pour qu’il ait quand même des échanges avec des enfants de son âge, je le dépose à la Halte-jeux La Madeleine des Enfants. C’est un endroit super en plein centre-ville qui prend les enfants (avec une phase d’adaptation) tant qu’il y a de la place et qui ne coûte que CHF 4.- de l’heure. Leurs éducateurs sont vraiment formidables.
Quelle est ta couleur préférée ?
Le bleu.
Que fais-tu pour relâcher la pression ?
Je regarde des séries américaines à l’eau de rose lovée sur mon canapé (rires).
Etait-ce important pour toi de rester féminine ?
Important mais difficile. Dans le quotidien c’est plutôt le confort qui prime : vêtements fluides non délicats. Que la mère au foyer qui passe l’aspirateur en talons aiguilles me jette la première pierre (rires) !
Quels sont les produits de puériculture que tu affectionnes le plus ?
Alors tous les produits de la marque Mustela. L’huile d’amande douce. L’eau de Cologne Nenuco (marque espagnole). Le Cocoona Baby et le coussin d’allaitement Red Castle. Le tapis d’éveil et le sac à langer Skip Hop.
Un mot pour définir la vie de jeunes parents ?
Esprit d’équipe.
Vos weekends en famille ressemblent à quoi ?
Marc travaillant le samedi on a que le dimanche où on est vraiment ensemble. Généralement, on profite du samedi soir pour organiser un repas entre amis et le dimanche on va déjeuner chez nos familles respectives. On a de la chance de pouvoir compter sur les grands parents chez qui Louis dort une fois par semaine ce qui nous permet de passer une soirée en amoureux.
Ton endroit Kids Friendly préféré à Genève ?
Wolfisberg à Carouge.
Ton péché mignon ?
Le chocolat. Je suis un vrai bec à sucre !
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