Après avoir vécu dans plusieurs pays, Anna et sa famille décident finalement de poser leurs valises à Genève ! Un parcours de vie intéressant, mouvementé et pas toujours facile que nous avions à cœur de partager avec vous. Nous nous sommes rencontrées dans leur magnifique appartement des Eaux-Vives, décoré dans un style minimaliste-chic à l’ambiance très “hygge”. Nous avons papoté et découvert les multiples anecdotes et aventures parfois rocambolesques de cette famille d’expats.
Anna peux-tu te présenter en quelques mots?
J’ai 38 ans. Je suis danoise. J’ai grandi à Aarhus avant de partir à Copenhague pour des études de commerce international. Pendant ces 5 années, j’ai beaucoup voyagé en Asie. J’ai rencontré mon mari qui est français à Bangkok, en boîte de nuit (sourire). Je suis retournée au Danemark terminer mon master avant de le rejoindre à New-York où il vivait pour son travail. J’ai eu la chance énorme d’être tirée au sort et obtenir la précieuse green card. J’ai travaillé comme consultante en business development pour des entreprises danoises. Après 4 ans et enceinte de 25 semaines, nous avons décidé de changer radicalement de vie en partant vivre en Suisse, à Verbier mais l’arrivée ne s’est pas exactement passée comme prévue.
Que s’est-il passé ?
J’ai commencé à avoir des contractions autour de la 24e semaine et avons donc décidé d’avancer notre départ pour la Suisse. Quelques jours après mon arrivée, j’ai été faire un contrôle aux Grangettes où ils m’ont gardé pendant une semaine de peur que j’accouche prématurément. La situation devenant critique, ils m’ont transférée au CHUV où je suis également restée une semaine. Une fois mon état stable, j’ai pu remonter à Verbier mais deux jours plus tard j’ai senti que quelque chose n’allait pas et l’ambulance est venue me chercher pour me ramener à l’hôpital. Deux jours après, Edgard était là, né à 30 semaines. Nous sommes restés deux mois à l’hôpital avant de pouvoir rentrer (enfin) chez nous. C’est d’ailleurs pendant ces nombreuses semaines que mon français s’est nettement amélioré (sourire). En même temps, je n’avais pas le choix pour communiquer avec les médecins et les infirmières. J’en profite d’ailleurs pour les remercier infiniment pour leur professionnalisme, leur écoute et leur disponibilité.
Passer de NY à Verbier, n’était-ce pas trop radical comme changement ?
C’est sûr qu’entre NY et Verbier il y a un monde. D’ailleurs si vaste qu’aucune comparaison n’est possible (sourire). Nous qui voulions du calme et de la nature, la Suisse était l’endroit parfait. Nous n’avons jamais regretté ce choix. Quand Edgar a eu 4 ans et Balthazar 1 an ½, nous avons décidé de revenir en ville et avons choisi Genève.
N’as-tu pas le mal du pays parfois ?
Pas vraiment car j’ai toujours eu l’habitude de vivre à l’étranger.
Quel a été le plus gros challenge pour s’adapter à la vie genevoise ?
J’ai été surprise que ce soit si facile. Je ne sais pas si c’est parce qu’on était à Verbier avant mais toutes les démarches se sont faites assez rapidement. Le plus difficile a été de trouver deux places en crèche. Comme enceinte, je ne vivais pas à Genève, je n’étais inscrite sur aucune liste. Du coup, pour Balthazar, je suis restée à la maison pour m’occuper de lui. Pour Edgar, j’ai eu la chance miraculeuse de trouver une place dans un jardin d’enfant pas loin de chez nous.
Trouves-tu qu’il soit facile de manière générale de s’intégrer à Genève ? Comment as-tu rencontré de nouvelles personnes ?
Je pense que ce n’est pas plus difficile de s’intégrer à Genève qu’ailleurs. Il faut être conscient que les efforts à fournir doivent venir de la personne qui s’installe et non l’inverse. J’ai rencontré l’une de mes meilleures amies dans un café. Je l’ai entendu parler danois, j’ai vu qu’elle avait des enfants à peu près du même âge et je suis allée lui parler.
En tant que jeune maman, qu’est ce qui est mieux et moins bien par rapport au Danemark ?
Le système de santé marche très bien ici, bien mieux qu’au Danemark. Par exemple, tu peux rester jusqu’à 5 jours à la maternité avant d’avoir une sage-femme à domicile alors que là-bas, après quelques heures (surtout si c’est le 2e) tu rentres chez toi. Il y a plus de soutien de manière global autour de la grossesse. Pour Edgar, né prématurément, nous avons été très entourés et écoutés.
Au Danemark, les mentalités sont peut-être plus ouvertes concernant l’éducation. Les enfants sont libres d’expérimenter par eux-mêmes, de s’amuser, de se développer sans forcément qu’un adulte soit toujours derrière eux. Dans les pays nordiques, de manière générale, les parents mais aussi l’école mettent moins de pression sur les épaules des enfants. Ils ne sont pas surchargés d’activités extra-scolaires comme souvent ici. Au Danemark, les enfants sont toujours à l’extérieur et il n’est pas rare de voir un bébé faire sa sieste dehors, bien emmitouflé. Je suis convaincue que c’est bénéfique pour leur santé et pour leur développement.
Qu’est-ce que tu aimes faire avec tes enfants à Genève ?
L’hiver on est au ski. Ok ce n’est pas à Genève mais ça va avec la vie à Genève. Sinon, beaucoup de balades à vélo au bord du lac avec les garçons et Houdini, notre chien. Il y a plein de choses super à faire avec les enfants comme le Muséum ou la Maison de la Créativité.
Selon toi, qu’est-ce qu’il manque ici pour les jeunes parents expats ?
Un accès simplifié à un mode de garde mais cela est valable pour tous les parents vivant à Genève, qu’ils soient expats ou non. Mais c’est vrai que quand tu débarques, tu ne sais pas où aller chercher l’information, où t’inscrire, comment faire appel à une nounou. Personnellement, c’est en me baladant dans le quartier que je suis tombée par hasard sur un jardin d’enfant. Mais, le plus difficile, reste de ne pas pouvoir compter sur l’aide et le soutien de sa famille.
Avec du recul, quel conseil donnerais-tu à une nouvelle maman qui arrive à Genève ?
Il y a plusieurs réseaux à Genève qui soutiennent et permettent de faire des connections comme MotherStories et Genuine Women. Il ne faut pas être timide car, en faisant le premier pas, les portes s’ouvrent presque toujours.
Tu as créé Petit Marché, une application de vente de deuxième main d’articles de puériculture et de vêtements pour enfants. Pourquoi t’être lancée dans l’entreprenariat ?
L’idée est venue à Verbier mais c’est à Genève que je me suis dit allez Go, j’essaie à 100%. Je me suis rendu compte en tant que jeunes parents du nombre d’articles et de vêtement achetés pour finalement être très peu utilisés. Cela est d’autant plus valable quand il s’agit du premier enfant. J’aime l’idée d’acheter en deuxième main si les produits sont de qualité et si le process facile. Mon expérience de consommatrice et celle de mon entourage m’ont donné le déclic et c’est comme ça que Petit Marché est né.
Quel genre de mère es-tu ? Quel est ton style d’éducation ?
Je suis entre 2 cultures : danoise pour le côté laisser-aller et française pour le côté plus strict. J’essaie après de trouver un juste milieu. Après, quoi que tu fasses tu auras des avis divergents. Par exemple, j’ai allaité 6 mois mes deux enfants. Pour les mamans danoises, ce n’était pas assez. A l’inverse, pour les mamans françaises c’était déjà presque trop (sourire). J’essaie de leur donner un maximum d’indépendance et de liberté mais avec des règles très claires. J’essaie de ne pas être derrière eux en permanence, de les laisser explorer. Je ne suis pas de nature inquiète. S’ils doivent tomber, ils tomberont et se relèveront.
Quelles valeurs souhaites-tu leur transmettre ?
J’aimerais qu’ils soient déterminés et positifs. « Believe in the good » de manière générale.
Une femme que tu admires ?
Ma maman parce qu’elle a eu 4 enfants et a travaillé toute sa vie. Mon père est décédé à 60 ans et elle a dû apprendre à vivre seule. Depuis, elle voyage et s’engage dans de nombreux projets. Elle a réussi à reprendre sa vie en main même si ce n’était pas évident. Je l’admire beaucoup.
Tes endroits préférés à Genève pour :
- Un dimanche en famille : Balade au bord du lac
- Un dîner en amoureux : Chez Gouzer
- Un cocktail entre copines : Maison Balki
Anna, que peut-on te souhaiter aujourd’hui pour demain ?
Malgré les challenges du quotidien, je suis pleinement reconnaissante de la vie que j’ai. Je l’adore et croise les doigts pour que rien ne change.
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