MotherStory de Mégane : « la séparation a été mon tremplin. »

Peu après la naissance d’Alba, Mégane s’est séparée du père de sa fille. Elle ne s’était pas imaginée en maman solo, et pourtant, aujourd’hui, Mégane raconte avec émotion que cette difficile étape lui a tout apporté : en cheminant à sa propre rencontre, Mégane a découvert l’amour de soi pour devenir une jeune femme alignée et épanouie. Pour elle, la vie est un livre à écrire dont la fin d’un douloureux chapitre augure forcément d’une suite meilleure. Depuis, Mégane s’aime plus, construit et vit sa vie, et ne regrette rien.

Cette story a été soutenue par l’école bilingue français-anglais La Découverte basée à Genève et Mies qui offre à ses élèves un environnement d’apprentissage actif.

Mégane, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Mégane, j’ai 28 ans. Je suis la maman d’Alba, deux ans et demi. Je suis maman solo, et dans la vie, je suis doula : j’accompagne des parents dans la maternité, de la conception jusqu’au post-partum.

Peux-tu nous raconter votre histoire et votre séparation ? As-tu été surprise de votre incompatibilité à être parents ensemble ?
Avec le père d’Alba, nous nous sommes rencontrés, j’avais 17 ans et lui 23. Nous avons grandi ensemble. Nous voulions des enfants. On s’est mariés quand Alba avait 4 mois, puis séparés vers ses 15 mois, après 9 ans ensemble.

Devenir parents n’a pas été la cause de notre séparation, mais l’élément déclencheur qui nous a fait ouvrir les yeux sur notre relation. Nous avions évolué, et n’étions plus vraiment compatibles. Nous étions l’un face à l’autre sans vraiment chercher à nous comprendre, ni même nous comprendre nous-même. Avec du recul, cette séparation était inévitable tôt ou tard pour notre bien-être mutuel.

Oui, j’ai été surprise de ne pas arriver à être parents ensemble, car quand tout s’écroule, c’est extrêmement difficile. Mais en même temps, je me voilais la face. Mon désir de maternité, m’avait fait fermer les yeux sur des signaux qu’il m’envoyait. Je pensais que ce n’était pas grave, que j’aurais cet enfant et l’assumerais seule, que lui ferait « son petit job de père vite fait » et que cela irait. Mais non, ça n’a pas été du tout, ça a été dur.

Comment as-tu vécu cette séparation d’un point de vue émotionnel, organisationnel et financier ?
Émotionnellement, je ne me suis pas effondrée, et j’ai même été libérée d’un poids, car, au fond de moi, je savais que c’était le mieux qui puisse arriver. J’y étais préparée car, 1 an avant, notre couple commençait à battre de l’aile.

Au niveau organisation, ça ne m’a pas bouleversée, car depuis sa naissance, je m’occupe essentiellement seule d’Alba. Sa première année, elle n’était pas gardée, je l’avais vraiment tout le temps avec moi. Lui travaillait. Il est moniteur de ski, et le rythme saisonnier ne lui permettait pas de passer beaucoup de temps avec nous. Aujourd’hui, j’ai la garde exclusive d’Alba, notamment parce que son papa n’a pas encore de stabilité au niveau du logement.

Sur l’aspect financier, en revanche, c’est difficile. Passer de deux revenus à un seul, c’est forcément compliqué. En plus, à la naissance d’Alba, j’ai quitté une bonne situation dans l’immobilier pour me reconvertir comme doula. Avec mon chômage, je dois donc tout assumer seule.

Qu’ont fait émerger pour toi cette séparation et cette nouvelle vie ?
Cette séparation a été mon tremplin ! Pour la première fois dans ma vie, j’ai fait de moi ma priorité, je me suis cherchée, j’ai cherché ce que je voulais faire aux niveaux personnel et professionnel, la femme et la mère que je voulais être pour Alba. Travailler sur mon développement personnel m’a permis de sortir la tête de l’eau, de m’ouvrir au monde, à moi, et à l’amour de soi. Une nouvelle vie s’est ouverte à moi ! Deux semaines après notre séparation, j’ai emménagé à Veigy, et j’ai lancé mon activité de doula à mon domicile.

La séparation m’a aussi offert l’opportunité d’une relation unique et exceptionnelle avec ma fille, même si au départ, ça n’a pas été simple. Être maman solo n’était pas ce que je voulais pour ma fille. Je me disais qu’elle n’avait pas mérité ça, et en même temps, avoir des parents malheureux, ce n’était pas lui rendre service.

Quelle est aujourd’hui ta relation avec le père d’Alba ? As-tu des regrets vis-à-vis de votre histoire ?
Nous sommes restés en bons termes. Je le considère comme un ami, et il sera toujours une personne très importante dans ma vie : nous avons passé 9 ans ensemble et il est le père de ma fille malgré ce qui a pu me blesser dans notre relation. Pour Alba, on forme une belle équipe de « sé-parents ».

Et je n’ai pas de regrets sur notre histoire. Je garde les bons moments. Je lui ai apporté l’amour inconditionnel, il m’a apporté l’amour de soi. Chaque histoire nous enseigne quelque chose, nous apprenons quelque chose de et à l’autre. Et surtout, sans mon histoire avec David, Alba ne serait pas là !

En tant que maman solo, quel est le plus gros challenge ?
Le plus gros challenge de maman solo, c’est trouver un équilibre entre sa vie de mère et sa vie de femme. Être à mon compte me sauve et me permet de m’organiser selon les horaires d’Alba. A partir de 17h, entre la sortie de la crèche et le coucher d’Alba, je ne suis que maman. Tout comme le week end, si son père n’est pas là pour la garder. A part lui, je n’ai pas vraiment d’aide, car toute ma famille et mes amis sont à Paris.

Vois-tu des avantages à être maman solo ?
Oui, étonnamment, il y a des avantages à être maman solo ! Ça paraît contradictoire mais ma charge mentale est réduite ! Même si je m’occupe de tout (planning, rendez vous chez le médecin, courses, maison, éducation, repas…), je n’ai qu’Alba à gérer, j’adapte mon planning selon le sien, et plus selon celui de monsieur. Quand Alba est couchée, j’ai ma soirée rien qu’à moi. Je n’ai pas à équilibrer ma vie de femme, de mère et de couple. Je me sens donc très bien célibataire, ma vie est plus douce et facile. Bon, j’admets que, parfois, j’aimerais partager des moments avec une autre personne.

Avec du recul, aurais-tu pu rester dans votre relation par facilité ?
Non, impossible. En ayant fait du chemin et ouvert les yeux, pour rien au monde, je ne me remettrais avec le père d’Alba pour que ce soit plus facile. Je préfère avoir mon lot de tracas mensuels et être heureuse et épanouie toute seule que de revenir dans ce schéma familial qui ne me correspondait pas et ne faisait pas mon bonheur.

Une séparation est difficile émotionnellement, qu’as-tu fait pour aller mieux ?
Je me suis sentie mieux au bout de 6 mois environ. Je suis passée par beaucoup de stades ! Déjà, j’ai accepté d’être mal, accepté mes émotions, accepté la séparation.

Ensuite, ce qui m’a permis de me reconstruire, ça a été d’apprendre à m’aimer, à me connaître, travailler sur mes traumas, m’accepter, être dans ma vie, trouver ce qui pouvait m’apporter du réconfort. Et, c’est passé par une multitude de choses.

Ma formation de doula bien sûr. Enfin faire quelque chose qui me fait vibrer, où je me sente à ma place et utile ! Me refaire un cercle amical, ressortir, aller voir mes copines, boire un verre, aller au restaurant, me faire belle pour moi et pas pour quelqu’un, ont aussi été salvateurs.

Je me suis remise au sport et j’ai recommencé à voir des hommes. J’ai vu que je plaisais et ça m’a redonné confiance en moi.

Et il y a eu la danse intuitive. Mettre de la musique, danser, laisser bouger mon corps m’a permis de sortir de mon état morose. A chaque coup de mou, je dansais sur la musique. Et maintenant tous les matins, je me réveille et l’allume. Et le soir, avec Alba, on danse, c’est notre petit moment en rentrant de la crèche.

J’ai aussi fait du shopping. Je n’avais pas l’argent, mais ce n’était pas grave, je l’ai trouvé.

Mon balcon est devenu une safe place d’où je regardais le coucher du soleil avec un verre de vin à la main, de la musique, et, dans l’instant présent, j’étais bien. En allant courir dans la forêt, je me suis aussi reconnectée à la nature. En forêt, je respire.

Enfin, il y a eu cette retraite de femmes au Maroc organisée par une amie. Entourée de femmes bienveillantes, j’ai pu déposer ce que j’avais à lâcher. J’ai pu voir, par effet miroir avec les autres femmes, tout le chemin parcouru. J’en suis sortie fière de moi. Aujourd’hui, je m’aime plus, j’accepte toutes mes facettes, je me sens alignée, recentrée. Je n’aurais jamais pensé, il y a 8 ans, que je serais cette femme-là. J’ai aussi appris que je mérite d’être heureuse, de recevoir, et que l’on m’aime sans devoir changer pour quelqu’un.

Voilà tout ce que j’ai fait pour aller mieux. C’est véritablement passé par l’amour de soi. La seule personne avec qui on va passer toute notre vie, c’est nous, donc autant nous aimer et que ce soit beau !

Quels conseils donnerais-tu à une maman qui hésite à se séparer ?
De s’écouter, de se faire confiance, de se prioriser et de faire une introspection : « pourquoi en suis-je arrivée là ? pourquoi ai-je envie de prendre cette décision ? pourquoi ne suis-je plus alignée avec cette vie ? de quoi ai-je envie pour ma vie ? qu’ai-je envie de montrer et transmettre à mes enfants ? ». Quand on répond à tout ça, que l’on cherche ce que l’on veut, alors on ne peut que foncer. Si le destin met des obstacles dans notre vie, c’est pour du beau après. Je crois en la vie, elle est forcément belle, à nous de nous donner les moyens pour qu’elle le soit.

Tu sembles une nouvelle femme, comment vas-tu aujourd’hui ?
Oui, réellement, je suis une nouvelle femme. Avant Alba, je n’avais pas rencontrée cette femme-là, et ne pensais pas qu’elle existait. Grâce à Alba, à mon rôle de mère et à cette séparation, j’ai pu découvrir la femme que je suis. A l’heure actuelle, je me sens bien et fière de la femme que je montre à Alba, fière de l’éducation que je lui donne.

Nous les femmes, on peut tout faire, on est pleine de ressources, on est solaire, et c’est ça qui est beau et que j’ai envie de transmettre tous les jours. J’ai la sensation de rayonner maintenant, et que cela se voit. Je suis pleinement moi et heureuse de pouvoir le montrer. J’aimerais que toutes les femmes qui ne se sentent pas bien osent creuser au plus profond d’elles-mêmes pour trouver ce qui les anime.