MotherStory de Kristina : entrepreneure et jeune maman de Nina, 3 mois.

Il y a 3 ans, Kristina, fondatrice des crèches privées TotUp en Suisse Romande, répondait à nos questions sur son parcours de femme entrepreneure et ses nombreux challenges. Nous lui avions demandé comment elle se voyait dans 10 ans et sa réponse était : “ être à mon tour maman tout en continuant à développer des projets pour les familles”. Souhaits exhaussés ! Depuis notre rencontre, Kristina a ouvert 2 nouvelles crèches, rencontré l’homme de sa vie et est devenue maman. Alors comment fait-elle pour concilier vie professionnelle et vie personnelle ? Dans cette Interview, elle partage avec nous son retour au travail, son organisation quotidienne, ses défis et futurs projets.

Une mère qui porte sa fille du bout des mains

Kristina, avant tout, comment te sens-tu physiquement et moralement ?
Je me sens très bien et très heureuse. J’ai eu beaucoup de chance avec ma grossesse et mon accouchement. J’ai pu travailler à 100% et garder une vie active jusqu’à la naissance ce qui m’a permis de préparer le terrain pour l’arrivée de Nina Lydia.

Je trouve que l’entrepreneuriat est un bon exercice pour se préparer à une vie de famille.

Est-ce qu’elle a chamboulé ton quotidien de femme entrepreneure ?
Elle n’a pas chamboulé mon quotidien dans le sens où j’ai l’habitude de travailler sous pression avec de nombreux changements et données inconnues. Je trouve que l’entrepreneuriat est un bon exercice pour se préparer à une vie de famille. Les deux ont beaucoup en commun (sourire).

Quand et comment s’est passée la reprise du travail après ton accouchement ?
En Suisse, les femme entrepreneures et indépendantes n’ont pas le droit à un congé maternité. Je suis sortie de la maternité mardi et jeudi Nina et moi étions de retour chez TotUp. Pour moi qui suis très active, c’était très bien comme ça. Je n’aurais pas pu rester à la maison plusieurs mois et ne pas être présente pour mon équipe et les parents. J’ai quand même diminué de moitié mes déplacements entre Epalinges et Genève et je me suis imposée de travailler au moins un jour par semaine depuis la maison.

As-tu pu compter sur l’aide de ta famille ?
Oui, j’ai la chance d’avoir une maman fantastique. Elle est restée avec nous les 2 premiers mois en m’aidant à tout mettre en place et surmonter quelques peurs comme les trajets en voiture avec Nina. Mon mari aussi est resté à la maison le premier mois ce qui est une grande chance. Je dois dire que c’est un papa très présent et attentionné la journée mais complètement absent et inutile la nuit (rires). Il n’entend jamais Nina car il a un sommeil très profond. Heureusement, elle ne se réveille pas plus d’une fois par nuit.

Aujourd’hui que tu es maman, quels sont les avantages d’avoir ouvert des crèches ?
Maman ou pas, ouvrir et gérer des crèches est ce qui me rend heureuse. C’est une activité qui me permet de me sentir réellement utile ! Au quotidien, c’est très pratique de pouvoir venir travailler facilement avec Nina et bénéficier d’une infrastructure adaptée à elle (produits, jouets…). Je sais aussi que je peux compter sur l’expertise et les conseils bienveillants de mon équipe et ça, c’est vraiment précieux surtout les jours de doutes ou de baisse de moral.

On imagine que ta fille va avoir une place assurée dans une des crèches TotUp ?
C’est aussi ce qu’on pensait avec mon mari (sourire). Je me suis inscrite à TotUP Crissier à 6 semaines de grossesse. Ma directrice m’a très vite annoncée qu’il n’y aurait pas de places avant février 2023. Nina aura 9 mois… Fondatrice ou non des crèches TotUp, je suis donc sur liste d’attente comme tout le monde (sourire). Mais, je ne peux pas me plaindre car j’ai déjà de nombreux avantages au quotidien comme la flexibilité. Que ce soit mon équipe, mes partenaires ou mes clients, toutes et tous ont l’habitude d’être entourés de bébés/enfants. Je peux donc prendre Nina avec moi au bureau, en meetings et déplacements.

Quels sont, selon toi, les plus grands challenges pour une mumpreneure ?
Une mumpreneure sait que ni son business ni son enfant ne peuvent vivre sans elle. Au début, on est tenté de penser qu’il faut forcément choisir son enfant et mettre de côté son activité par peur du regard des autres, des jugements. Personnellement, je suis persuadée qu’il n’y a pas besoin de choisir. Certes, ce n’est pas facile. Il faut du temps et une bonne organisation mais oui, vie de famille et vie professionnelle sont compatibles si c’est ce qu’on désire.

Quels seraient tes conseils pour concilier au mieux ces 2 vies ?

  • N’écouter personne. Chaque grossesse et chaque bébé sont différents. Seule la maman sait ce qu’il y a de mieux pour lui et elle.
  • S’organiser un maximum à l’avance et essayer de suivre son planning.
  • Oser demander de l’aide à ses proches et si besoin à des spécialistes.
  • S’octroyer du temps pour soi. Bien sûr, certains bébés sont plus compliqués que d’autres et les changements vécus différemment pour nous toutes, mais lâcher prise est important. Se reposer et prendre les choses avec légèreté et humour aident vraiment.

Il n’existe pas d’enfants malheureux chez des parents heureux.

Et sur la maternité de manière plus générale ?
L’enfant a une capacité d’adaptation incroyable et ressent les énergies. Si maman est heureuse et épanouie, bébé le sera aussi. Il n’existe pas d’enfants malheureux chez des parents heureux.

Quels sont tes prochains projets pros et persos ?
D’un point de vue pro, je suis en train de préparer l’ouverture de 3 nouvelles crèches pour début 2023 : Thônex (GE), Veytaux (VD) et Estavayer-le-Lac (FR). J’aimerais aussi créer une franchise pour ouvrir des “mini TotUp” avec l’aide de femmes entrepreneures motivées à essayer de faire bouger les choses, les gens et les mentalités.

Côté perso, je souhaite simplement profiter au maximum du temps passé avec Nina, mon rayon de soleil.

Kristina, que peut-on te souhaiter de meilleur aujourd’hui pour demain ?
Aujourd’hui, la seule chose qui m’attriste vraiment est la situation des crèches sur le canton de Genève. L’administration essaie d’imposer aux crèches privées les mêmes conventions collectives de travail que le secteur public, les subventions en moins ! De telles mesures vont et ont déjà causé la faillite de certaines crèches privées. C’est totalement absurde quand on sait que c’est quasi mission impossible de trouver une place en crèche aujourd’hui à Genève ! Au lieu de créer des partenariats avec des infrastructures privées, le canton de Genève essaie de se débarrasser de nous en diminuant le nombre de places pour le canton.

Je rêve un jour pouvoir résoudre ce casse-tête. En attendant, je continue à me battre pour la survie de TotUP Genève où 200 familles y sont inscrites et je travaille sur de nouveaux projets pour aider les familles, surtout les mères désireuses d’avoir une vie de famille sans pour autant renoncer à leurs ambitions professionnelles.