MotherStory d’Audrey : un baby blues de « l’espace » !

Nous partageons avec vous la touchante MotherStory d’Audrey qui a vécu un intense baby blues à la naissance de son fils James. « Une claque de l’espace », ce sont ses mots pour évoquer cette période difficile. Si aujourd’hui, son équilibre de jeune maman est encore fragile, elle s’en est sortie. Ce qui l’a aidée ? Verbaliser son mal-être, le soutien de son mari, mais aussi l’hypnose, et savoir que d’autres mamans ont traversé cela, et que c’est normal !

Audrey, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Audrey, j’ai 34 ans, d’origine suisse et française, mariée depuis bientôt 3 ans et en couple avec Bruce depuis 12 ans. Je viens d’avoir un petit garçon, James, qui a tout juste 7 mois. Je suis indépendante, j’ai ma boutique de robes de mariées. J’ai repris le travail en septembre après un congé maternité de 3,5 mois.

Comment as-tu vécu ta grossesse, et comment s’est passé ton accouchement ?
Ma grossesse s’est incroyablement bien passée ! Une très belle grossesse. Le premier trimestre, un peu désagréable avec beaucoup de nausées, pas d’appétit, et très fatiguée. Mais après, j’ai eu un regain d’énergie, et je me suis sentie vraiment bien, très belle, bien dans ma peau.

Et l’accouchement s’est très bien passé, je n’ai que des bons souvenirs. J’ai été déclenchée 5 jours après le terme et j’ai accouché par voies basses avec péridurale. Pas de douleurs, mais j’ai eu toutes les sensations. En revanche, j’ai eu déchirure et épisiotomie. Mon séjour a duré 5 jours, j’aurais préféré rester un peu plus longtemps.

Comment se sont passés le retour à la maison et les premières semaines ?
Le retour à la maison et les premières semaines ont été très difficiles. Le 3ème jour, à la clinique, j’ai déjà eu un énorme baby blues. Je pleurais beaucoup, beaucoup d’angoisses, de peurs.

Du point de vue organisationnel, ça a été. Physiquement, ça a été dur, parce que j’avais mal dans le bas-ventre, je ne pouvais pas marcher plus de 15 minutes par jour, donc difficile de sortir avec bébé.

Et l’émotionnel, en revanche, était très compliqué. Je ne voulais voir personne à part Bruce et mes parents, ou seulement des gens neutres comme ma sage-femme. Et surtout, j’ai été très triste. Triste de ne plus avoir mon gros ventre. Nous avons fait le choix avec Bruce de n’avoir qu’un enfant. Je faisais donc le deuil de ne plus jamais revivre de grossesse. Triste aussi parce que j’ai vécu mon accouchement comme le deuil à faire de ma vie d’avant James. Tout avait été balayé. Je n’étais plus que la maman de James.

Et j’avais l’impression que bébé nous avait séparé avec Bruce, que nous étions maintenant deux à nous partager son amour. J’ai aussi été persuadée que Bruce ne m’aimait plus, que maintenant que je lui avais donné un enfant, il allait m’abandonner.

A quel moment t’es-tu dit « je fais un baby blues » ?
Le 3ème jour à la clinique. J‘ai d’abord pensé que j’étais en dépression post-partum parce que je ne me reconnaissais pas. Mais d’après ma sage-femme, selon mes gestes avec mon bébé et mon comportement, je n’étais pas en dépression post-partum.

As-tu réussi à confier ce que tu ressentais, et à mettre des mots sur tes émotions ?
Selon ma sage-femme, ce qui m’a beaucoup aidée, c’est d’avoir tout de suite su analyser ce qui se passait et d’avoir pu le verbaliser. Et pour ça, je remercie de tout mon cœur Bruce qui a été à mon écoute, sans juger mes pires pensées.

Ensuite, je ne me suis pas forcément confiée à mes amis, à part ma meilleure amie qui a vécu une dépression post-partum. Je ne voulais pas qu’ils me voient comme ça. J’ai préféré m’orienter vers des gens neutres ou qui pouvaient comprendre, comme une sage-femme hypnothérapeute. J’ai aussi prévu d’aller voir un psychologue pour discuter, car beaucoup de choses ne sont pas réglées.

Quand et comment as-tu réalisé que tu avais besoin d’aide ?
J’ai tout de suite compris. Et j’ai tout de suite appelé à l’aide parce que la dépression me faisait très peur. Dès que je suis rentrée à la maison, j’ai écrit dans le groupe WhatsApp MotherStories. J’ai reçu plein de messages, ça m’a beaucoup aidée !

D’après toi, quels ont été les causes de ton baby blues ?
Peut-être le fait de ne pas avoir allaité. On dit que l’allaitement influe sur la chute hormonale qui est beaucoup plus violente lorsqu’on n’allaite pas. Je suis aussi quelqu’un d’hypersensible. Et peut-être aussi des traumas liés à l’enfance qui ont resurgi.

Comment ton entourage a-t-il réagi ? Tes proches ont-ils été compréhensifs et présents ?
J’ai la chance d’être très bien entourée, et ça aide beaucoup. Mes proches sont très présents, mon mari, ma maman, mon papa, mes amis. Et en disant ouvertement que ça ne va pas, je reçois pas mal de soutien, de messages pour savoir comment je vais.

Qu’est-ce qui t’a aidée à surmonter ton baby blues et redonné confiance ?
Que l’on me dise que je n’étais pas en dépression post-partum, et qu’un baby blues dure environ 15 jours, 3 semaines. L’hypnose m’a aussi beaucoup aidée. Et bien sûr, le soutien de mon mari.

Mais globalement, on ne prépare pas assez les femmes au baby blues. Moi, je pensais que j’allais pleurer comme lors d’un syndrome prémenstruel, et en fait ce n’est pas ça du tout. On ne m’avait pas dit que j’aurai des idées noires envers moi, envers mon enfant, que je remettrai toute ma vie en question. On devrait plus accompagner les femmes lors des cours de préparation à l’accouchement. Les rassurer sur le fait que c’est normal de ressentir tout ça !

A quel moment as-tu pensé avoir surmonté ton baby blues ?
Au bout d’un moment, j’ai moins pleuré. Et puis plus du tout. Et vers 3 semaines, 1 mois, j’ai réussi à parler de ma grossesse sans pleurer. Là, je me suis dit que ça allait mieux. A l’heure actuelle, 7 mois après l’accouchement, je vais bien, je ne pleure presque plus, mais des choses sont encore à régler. Je continue à voir une psychologue et on envisage un traitement médicamenteux pour m’aider à surmonter mes angoisses et mes peurs.

Quels conseils veux-tu donner aux mamans qui traversent un baby blues ? As-tu des ressources à recommander ?
« Laissez venir et partir vos émotions. Ça va passer. Ne culpabilisez pas de vos pensées, ce ne sont pas les vôtres. C’est le cerveau, ce n’est pas vous. Faites-vous aider, demandez et acceptez de l’aide, essayez de prendre du temps pour vous, même si c’est 5-10 minutes pour prendre l’air. Pleurez à chaudes larmes sous la douche. Et puis, vous n’êtes pas seule, on est énormément à être dans cette situation. Rapprochez-vous de mamans qui ont vécu ça pour être comprise sans jugement, pour être entourée.»

L’hypnose m’a beaucoup aidée. Notamment la sage-femme hypnothérapeute que j’ai consultée. Je me suis abonnée à quelques pages Instagram spécialisées post-partum et baby-blues, mais maintenant j’évite, car ça peut déprimer plus qu’aider. J’ai aussi découvert l’application française May avec beaucoup de contenu sur la maternité. Et la meilleure ressource évidemment, ce sont les mamans qui ont vécu ça. Le groupe WhatsApp MotherStories m’a beaucoup aidée. 

Aujourd’hui, as-tu trouvé ton équilibre ? Et comment ton expérience de la maternité a-t-elle évolué depuis ? Pour une autre grossesse par exemple ?
C’est toujours un peu compliqué. Heureusement, j’ai repris mon travail que j’adore il y a 4 mois ce qui me fait énormément de bien, même si je culpabilise. Ce qui est compliqué, c’est que je suis anxieuse et anticipe toujours le pire. Chaque matin je dépose mon bébé chez la nounou mais, le soir, j’ai peur de le récupérer, peur de ce qui peut se passer. Pourtant, j’ai un bébé vraiment adorable.

Mon baby blues (que je ne souhaite pas à ma pire ennemie) est clairement un frein à une autre grossesse au même titre que mon besoin d’indépendance. Ma vie professionnelle et de couple sont très importantes pour moi et garantes de mon équilibre tant physique qu’émotionnel. Je sais qu’avec un deuxième enfant, je me perdrai complètement.

Petit à petit, avec le soutien de mon super mari, je me retrouve en tant que femme, mère, épouse et cheffe d’entreprise.

Audrey, que peut-on te souhaiter pour demain ?
Me souhaiter de continuer à aller mieux et de me retrouver à 100%. Pouvoir vider mon cerveau de toutes ces émotions et sentiments d’angoisse, de doutes, de peurs, de culpabilité, et pouvoir le remplir qu’avec du positif.