Vie d’expat à Ibiza avec 2 enfants

Prendre rendez-vous avec Clarisse c’est presque mission impossible et quand vous l’avez enfin et bien elle vous oublie littéralement (rires). Mais, impossible de lui en vouloir une seule seconde car quand on voit le rythme qu’elle a on se demande juste comment elle tient. Plusieurs déménagements, un nouveau pays sans parler la langue, deux grossesses rapprochées, un nouveau Business créé de A à Z, une maison à tenir et trois mecs à gérer le tout avec le sourire. Moi je dis bravo car rien qu’en étant avec elle quelques heures, je suis déjà épuisée.

Clarisse, peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 36 ans, je suis Française de Toulon. J’ai fait des études de commerce avant de devenir agent commercial en immobilier. J’ai également été saisonnière de nombreuses années (à Saint-Tropez l’été, Courchevel l’hiver) et mon dernier job était dans le milieu de la nuit, au Java Club de Genève comme Barmaid. C’est comme ça que j’ai rencontré Nico, le père de mes deux enfants.

Quand êtes-vous arrivés à Ibiza ?
« Euhhh… alors attends, je crois que c’était en janvier 2014, non 2013. Nicoooo, on est arrivés quand ??? » (rires). On perd la tête je te jure ! C’était en mars 2013, Lélio avait 2 mois. 

Pourquoi Ibiza ?
Alors ce n’était pas du tout mais alors pas du tout prévu. Notre seule certitude était de vouloir quitter Genève. Je n’ai rien contre mais ce n’est pas ma ville d’origine et je ne me voyais pas y avoir une vie de famille. Le soleil et la mer me manquait. J’avais un besoin viscéral de retourner dans le sud, près de ma famille et de mes racines. 

Enceinte de Lélio, nous sommes restés à Genève jusqu’au 7e mois avant de rentrer à Toulon pour la fin de ma grossesse et l’accouchement. C’est pendant cette période que nous avons commencé à réfléchir à notre futur : où nous allions vivre et qu’est-ce que nous voulions faire. Nous étions convaincus que Nico travaillerait comme Personal Trainer et moi dans l’immobilier. On pensait soit rester dans les alentours de Toulon soit, pourquoi pas, la Thaïlande car mes parents y vivent depuis 3 ans soit les Baléares. Mon seul véto était Ibiza (je ne voulais même pas qu’il prononce le nom…) et c’est forcément cette destination que m’a proposé mon cher et tendre ! Autant te dire que je l’ai très mal vécu et je lui en ai voulu (rires) car à mes yeux cette île représentait exactement tout ce que je ne voulais plus. Il a insisté en me disant que j’en avais une mauvaise image et qu’il souhaitait absolument me montrer une autre facette. J’ai finalement accepté et nous sommes partis 3 jours, moi enceinte de quelques mois, sillonner I’île en scooter. Rapidement, mes préjugés sont tombés les uns après les autres et, pour être honnête, je suis littéralement tombée sous le charme d’Eivissa ! Au final, seule une partie de l’île est festive, le reste est sauvage et authentique (ce que nous recherchions). Après cette escapade, j’ai su que c’est là que nous nous installerions. Où, quand et comment ce serait une autre histoire (rires). 

Comment s’est passé le déménagement/emménagement ?
Le déménagement très bien car on a fait appel à une société de transport qui a tout chargé dans un container puis hop sur un cargo. L’emménagement par contre a été un peu plus sport car, à quelques semaines de mon accouchement, on n’avait toujours pas d’appart à Ibiza alors que le nôtre à Genève était rendu. Nico est donc parti quelques jours sur place et, par chance, il en a trouvé un la veille de son retour (se loger maintenant à Ibiza serait beaucoup plus compliqué). Peut-être un signe du destin qui nous signifiait que l’île voulait bien de nous. 

Une aventure effrayante ou excitante ?
Les deux ! En couple sans attendre d’enfant ça n’aurait été qu’excitant mais là, en tant que futurs parents, c’est différent car tu as des responsabilités. Un sacré pari donc de s’installer dans un pays que l’on ne connaissait pas, sans parler l’espagnol et sans job. Heureusement, nous nous en sommes plutôt bien sortis.

Lélio est né en France et Lissandro à Ibiza. Comment se sont passés tes accouchements ?
Pour Lélio plutôt facile. Un accouchement sans réelle douleur et il faisait ses nuits à 2 mois en revanche, pour Lissandro, ça a été beaucoup plus compliqué. Arrivée à la maternité où je pensais être en pré-travail, j’étais en fait dilatée à 8 et il fallait que le bébé sorte rapidement ! Je n’étais pas du tout prête mentalement ni physiquement à accoucher à ce moment-là. Mais le summum a été quand ils m’ont dit qu’il n’y avait plus le temps de me faire une péridurale. Là, panique à bord et blocage total. Je répétais en boucle « je ne peux pas accoucher, je ne peux pas, ce n’est pas possible, pas maintenant, je n’y arriverai pas, j’ai trop mal ». Pourquoi donner la vie dans de telles conditions ? Pourquoi la naissance devrait-elle forcément être synonyme de douleur et de stress ? Cet accouchement a été traumatisant pour moi mais aussi pour Lissandro. Je pense d’ailleurs que ses problèmes de sommeil sont en grande partie liés à l’accouchement car ma peur et ma souffrance ont été les premières émotions que je lui ai transmises. 

Comment te sens-tu maintenant ?
Je ne vais pas te mentir, je suis crevée mais alors épuisée. Entre le stress de la Box et les enfants c’est chaud mais ça va bien finir par se calmer n’est-ce pas ? (rires) On y croit.

Tu as retrouvé très vite ta ligne de jeune fille, quel est ton secret ?
Un bon coach et fiancé (rires) et sans doute mon hyperactivité. Le fait que je sois une boule de nerfs (rires). J’ai pris 20 kg pour Lissandro et les perdre n’était pas une priorité mais j’ai eu la chance de brûler très vite.

Comment se sont passés vos premiers mois sur l’île ? 
Relativement bien. Nous sommes arrivés en mars, Lélio avait 2 mois. Ce n’était pas encore la haute saison ce qui nous a permis de nous acclimater en douceur avant le rush de l’été. On a pris le temps de découvrir l’île et prendre nos marques. Lélio était très facile ce qui m’a vraiment aidé et simplifié la vie. Nico a eu la chance de trouver rapidement un client à coacher et à lui seul il nous a permis de vivre presque une année entière. On avait un appart magnifique (très abordable il y a quelques années), à 20m de la mer et des commerces. C’était important pour moi pour que je puisse sortir la journée avec Lélio et ne pas être trop isolée. Le loyer était notre plus grosse charge mais à côté de ça, nous vivions très simplement et faisions attention à la moindre dépense.  

Retrouver un travail pour toi n’était donc pas une nécessité ?
Pas dans l’absolu. Ma priorité était d’apprendre l’espagnol ce qui n’a pas été évident car la première année sur l’île, j’étais maman à 100% et souvent toute seule. Si j’avais été dans la vie active, j’aurais appris beaucoup plus vite.

Cela n’a pas été trop difficile ?
Oui et non. Je savais que ce ne serait qu’une période et j’ai ainsi eu la chance de voir mon fils grandir. La journée nous partions tous les deux découvrir l’île, c’était magique ! Etant pourtant très sociable, j’ai eu du mal à faire des rencontres à cause de la langue. Les seules interactions que j’avais étaient au moment de faire les courses et encore… Heureusement, dès mon retour à la vie active en ouvrant la Box de CrossFit tout a changé. 

Justement, revenons au CrossFit. Comment ça a commencé ?
Nico se lassait de ses entraînements en salle de sport traditionnelle et s’intéressait de plus en plus au CrossFit du coup, il a très vite eu envie de passer son Level 1 (certification pour devenir coach). Diplôme en poche, il a proposé cet entraînement à son client qui a tout de suite adoré. Grâce au bouche à oreille, il y a eu un véritable engouement et Nico a très vite eu de nouveaux clients intéressés. Il faut dire que sur l’île, il était le seul à proposer cette « nouvelle » méthode. Nous avons donc vite compris qu’il y avait là un potentiel de dingue et qu’ouvrir une Box de CrossFit était une occasion à ne pas rater. Une occasion pour moi aussi de retravailler en ayant un rythme adapté à ma vie de maman. 

Le succès de la Box a été immédiat ? 
Un truc de fou ! Un an seulement après l’ouverture de la première salle il a fallu commencer à chercher plus grand. Bon ce n’est pas étonnant quand je repense à la taille minuscule de notre première Box. Elle devait faire à peine 80m2, sans vestiaires ni douches mais elle avait son charme (rires). 

Re-déménagement ? 
Et oui, encore un ! On a trouvé un immense hangar où il n’y avait absolument rien dedans. Il a fallu TOUT imaginer, cloisonner, bricoler, peindre, aménager. Cette fois enceinte de Lissandro. Au top Clacla #mamanauboutdesavie

La vie d’indépendante te convient-elle ?
Je ne pourrais plus imaginer une seule seconde travailler pour quelqu’un. La Box est une extension de notre maison, un endroit où l’on se sent bien et où je peux venir avec les enfants. Je n’ai pas de contraintes d’horaires et j’organise mes journées comme je l’entends. Je suis admirative des mamans qui travaillent pour un patron car cela demande une organisation de malade. Il faut gérer les imprévus (et il y en a toujours…) tout en restant pro et souriante. #lachargementale 

Lélio & Lissandro sont maintenant à l’école ?
Oui enfin ! Lélio a commencé l’année passée et Lissandro cette année.

Une école qui suit la méthode Montessori ?
Une école alternative qui propose un mix entre école traditionnelle et méthode Montessori. On est vraiment ravis mais cela demande de la rigueur et un suivi au quotidien. L’apprentissage doit se poursuivre à la maison où il faut aménager l’environnement en fonction. Promis, je t’en dirai plus dans quelques mois car là c’est tout récent.

Comment t’organises-tu au quotidien ?
Jusqu’à maintenant c’était un peu compliqué car je devais amener Lélio à l’école d’un côté de l’île puis Lissandro à la garderie de l’autre côté avant d’aller à la Box quelques heures et repartir les récupérer. Beaucoup de temps passé dans la voiture à faire des allers-retours mais maintenant, depuis la rentrée, c’est différent car ils sont tous les deux dans la même école, avec les mêmes horaires. Alléluia, je revis (rires).

C’est comment Ibiza au jour le jour ?
J’aime cette île car elle offre des coins paradisiaques et, grâce à la Box, on rencontre de nombreuses et belles personnes venant du monde entier. Par contre, il faut oublier juillet et août qui sont les deux mois les plus insupportables et invivables. Pendant cette période, on fuit tous les endroits « tendances » et on attend impatiemment septembre (rires).

Une qualité « Swiss made » que tu aimerais importer ici ?
La rigueur !

Pensez-vous rentrer un jour ?
Pas pour l’instant mais la question se posera quand les enfants grandiront car il n’y a, malheureusement, pas de lycée ici.

Ton endroit préféré à Ibiza pour :

Une soirée en amoureux :
L’Amante Beach et l’hôtel la Torre à San-Antonio.

Pour te ressourcer :
Marcher sur les rochers vers Sa Punta/Talamanca et la plage secrète Atlantis à Sa Pedrera de Cala d’Hort.

Pour faire la fête :
Le Destino quand il y a Nicolas Jaar par exemple ou les soirées « Ants » du Ushuaia. Des fêtes parfaites pour des parents fatigués car elles commencent à 19h et se terminent à minuit. Comme on sort peu, on sélectionne.

Quelles sont vos activités favorites avec les enfants ?
On fait beaucoup de balades. On a le guide des randonnées et on part avec le pique-nique dans le sac tous les quatre. Sinon les couchers de soleil à Calla Punta au Sunset Ashram.

Trouves-tu qu’Ibiza soit Kids Friendly ?
Absolument. Tout est prévu pour les enfants. Au restaurant, il y a souvent une nounou et dans les hôtels de grands espaces de jeux. D’ailleurs ici, à la Box, on a aménagé un Playground pour que les enfants puissent jouer pendant que les parents s’entraînent. On propose aussi les cours de CrossFit Kids à partir de 3 ans.

Plutôt sympa pour vos amis de venir vous rendre visite ?
Claro que si ! Ibiza est vraiment une île multi-facette où l’on peut autant faire la fête que se ressourcer. 

 

Muchas gracias guapa

Isla blanca CrossFit
www.islablancacrossfit.com